L'histoire du village de Villers-Bretonneux avant la Révolution est peu documentée.
Selon le dictionnaire historique et archéologique de la Picardie (1909), le village de Villers-Bretonneux compte 60 maisons en 1469 et 286 en 1786. Les habitants sont soumis à l'obligation d'entretenir les remparts du château. Le village est incendié en 1636 (siège de Corbie) et une épidémie de peste aurait provoqué son abandon temporaire. Le château, sa basse-cour, ses jardins et pourpris, sont ruinés en 1681. Selon Philippe Seydoux (2003), la seigneurie est acquise par les du Fresne de Marcelcave, vers 1735.
Gaëtan de Witasse (1919) donne des indications de population : 915 habitants en 1698, 222 feux 809 habitants 1724 / 232 feux 791 habitants 1725 / 201 feux 701 habitants 1726 / 235 feux 1760 / 247 feux et 938 habitants en 1772 / 286 feux 1786. Il mentionne Herville ou Saint-Martin d’Herville, hameau habité en 1750.
Sur la carte de Cassini (1740), Villers-Bretonneux est signalé comme village avec poste, site de carrefour de plusieurs routes de grande communication (chaussée Brunehaut Amiens-Saint-Quentin / Corbie-Aubercourt et fourche vers le bourg d’Harbonnières). Un moulin est représenté à l’est de la route vers Corbie. Le hameau d’Herville avec église, est également représenté sur le bord du plateau au sud de la route Amiens-Saint-Quentin et à l’ouest du croisement avec la route d’Harbonnières.
Le plan par masse de culture (1806) montre que le village s'étend sur un plateau, au sud de la route d'Amiens à Saint-Quentin. L’ancien cimetière est visible au nord de village, à l’ouest du bois de Saint-Martin. Plusieurs moulins sont également représentés au nord et au sud du village. Un axe nord-sud vers Montdidier et Corbie longe le village à l’est, plantée vers Corbie. Une chicane est visible à l'entrée du bourg, à proximité du relais de poste. L'agglomération présente un développement important, limité à l'est par les terres du château, au sud et à l'ouest par les pentes du terrain. L'entrée dans le bourg, depuis la route de grandes communications s'effectue alors par la rue des Tavernes, qui mène à un premier axe principal est-ouest (rue d'Herville et rue de l'Eglise). Au sud, axe secondaire est-ouest (rue du Pressoir et rue Driot) et urbanisation le long des routes descendant dans la vallée, autour d'une place carrefour (14 juillet). La Grande-Rue de situe entre ces deux entités. Le bâti est constitué principalement de fermes, avec leurs dépendances sur la rue ; on identifie également quelques maisons de commerce ou de négoce, à l'entrée du bourg (angle de la rue des Tavernes et de la route), dans la Grande-Rue et rue du Nid-d'Alouette (rive sud), enfin quelques grosses demeures, rue de l'Eglise. La présence de nombreux abreuvoirs confirme l’importance de l’activité agricole du village, au début du 19e siècle.A l’angle nord-est du village, se situe un château ou une grande ferme (logis et colombier) au nord de l’église. Avenue plantée jusqu’à la chaussée et petite voirie (rue Neuve et impasse).
Le cadastre napoléonien (1828) montre une évolution significative avec la construction d'un nouveau château, de plusieurs fabriques (principalement route d'Amiens), qui marquent le début de l'ère industrielle de Villers-Bretonneux, signalée par E. Girault de Saint-Fargeau (1838) : "c’est une des communes les plus riches et les plus commerçantes du département" grâce à ses fabriques de bas de laine et de flanelles. L'état des sections signalent également de nombreux marchands et fabricants, établis dans les rues principales du bourg et sur la chaussée.
D'autres activités industrielles sont attestées à Villers-Bretonneux : une distillerie installée en 1855 par Obry (AD 80 ; 5M 81778), puis une raperie, à la demande de Mollet-Coquin-Norman et Cie fabricants de sucre à Guillaucourt, 1874 (AD 80 ; 5M 81778) des fours à chaux Potel, 1856 (AD 80 ; 5M 81778) et Laurent-Fromage, 1852 (AD 80 ; 5M 81778). La scierie Joly, équipée d'une machine à vapeur, 1866 (AD 80 ; 5M 81778). En 1877, Eichebrenner ingénieur demande l'autorisation d'installer une usine à gaz (AD 80 ; 5M 81778). Enfin la savonnerie Leroy, dite Savonnerie du Santerre, est attestée en 1895, 26 rue Théodore Delacour (AD 80 ; 5M 81778) - illustration.
Le développement de l'industrie se traduit par de nouvelles constructions, en périphérie du bourg, qui permettent de loger les ouvriers. La construction de la voie ferrée limitera le développement du village au sud. Cependant la gare, construite en 1867 facilite l'accessibilité et stimule la construction autour de la place de la Gare. La croissance du bourg nécessite la construction ou la reconstruction de nouveaux équipements publics : une nouvelle église, une nouvelle mairie, de nouvelles écoles. Des particuliers font aussi construire un théâtre (1868), rue des Tavernes, et une halle (1879).
La monographie communale (1897-1899) indique qu'une seule industrie existe à Villers-Bretonneux : celle de la bonneterie qui a fait la richesse et la prospérité de la commune (on travaillait déjà la laine en 1737). "Au siècle dernier, Villers était une commune très ordinaire. C'est aujourd'hui l'une des plus importantes du département. Cette transformation est due à l'introduction de la fabrication des tissus de laine qui a pris un développement extraordinaire de 1855 à 1870". Cette industrie est alors en décadence ; plusieurs usines sont fermées depuis une dizaine d'années. La ville comptait 6000 habitants en 1880, ce "mouvement ascensionnel s'est arrêté malheureusement, l'avenir de la commune est compromis par la décadence de l'industrie lainière". La monographie signale également un mémoire sur la pomme de terre, rédigé en 1778 par Pierre François Dottin (1719-1779), cabaretier, aubergiste et maître de poste à Villers-Bretonneux.
Le bourg de Villers-Bretonneux est très lourdement touché durant la Première Guerre mondiale, avec la destruction de plusieurs usines et de 775 maisons. En 1911, on comptait 1226 maisons pour 4372 habitants, en 1921, il subsiste 699 maisons, dont 248 maisons provisoires, pour 2366 habitants (recensements de la population). L'architecte Albert Désiré Guilbert est chargé de la reconstruction de la ville après la Première Guerre mondiale.
Les recensements de population conservés aux archives départementales indiquent que le village compte 605 maisons en 1836 et 1167 en 1881. En 1911, Villers-Bretonneux compte 1226 maisons et 4372 habitants. C’est l’une des deux plus importantes agglomérations de l’ancien comté de Corbie.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le recensement de 1921 donne 699 maisons, dont 248 maisons provisoires et 2366 habitants, auxquels s’ajoute la population comptée à part à savoir 127 ouvriers. Cet habitat provisoire est principalement composé de Nissen (124) et de baraques en bois (100) ; le recensement ne signale que trois Métro, une roulette et vingt qualifiées de "maisons provisoires". Les Nissen sont installées rue du Calvaire (57) et de Montdidier (58) alors que les baraques en bois sont réparties dans toutes les rues, plus nombreuses rues de Demuin (22) et d’Amiens (18). Route de Péronne, elles abritent la gendarmerie.
En 1926, Villers-Bretonneux compte 1121 maisons (dont 32 maisons vacantes, principalement rues d’Amiens et de Péronne). Bien que le recensement de 1926 ne signale plus que six baraques, plusieurs sont encore visibles sur le cadastre de 1933 : rue de Péronne, rue de Demuin, face à la ferme de la Couture, rue du 27-Novembre, rue de Marcelcave ou encore boulevards Jean-Jaurès et Aristide-Briand et rue du Bout-des-Champs, dans les cités provisoire aménagées en 1926.
La ville reconstruite compte alors des équipements publics nouvellement reconstruits : l’église paroissiale, un hôtel de ville, une halle de marché, deux nouvelles écoles primaire et maternelle, et dispose alors d’un hospice, d’un cinéma ou encore de terrains de jeux (stade, jeu de boules) et d’un parc public. L’activité textile reprend. Après la première guerre, les entreprises sont moins nombreuses encore (9) mais plus importantes, reprise par des sociétés extérieures, notamment Tiberghien et J. Langelier de Boulogne-sur-Mer. En 1936, on compte 1177 maisons pour 3397 habitants.
Les chiffres de l'INSEE donnent 1219 maisons en 1968 et une augmentation dans le dernier quart du 20e siècle avec 1791 maisons en 2012, dont 583 antérieurs à 1946.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.