Les sources conservées aux archives départementales documentent l'histoire des anciennes écoles primaires de Villers-Bretonneux. L'état des sections indique que la commune est propriétaire d'une maison (F 818, 819), située dans l'impasse ouverte depuis la rue Neuve (actuelle rue de la République). L'édifice comprend une dépendance sur la rue, un logis entre cour et jardin.
Dans la série O : la maison d'école fait l'objet d'une restauration en 1833. Une nouvelle construction (école de garçons) est décidée par le conseil municipal en 1837 mais en 1839 le comité d'Instruction publique de l'arrondissement d'Amiens s'y oppose, au motif que l'école projetée est trop petite pour la commune. Le Conseil municipal, dans sa séance du 2 janvier 1842, vote l'acquisition d'une maison pour y installer une école de filles. Il s'agit d'un bâtiment à usage de maison de 12 m de long sur 6 m de large, couvert de tuiles pannes, avec un étage en cours de construction. Il est proposé de ne pas construire l'étage et de conserver le rez-de-chaussée pour l'approprier au besoin de la commune (Dauphin menuisier). Le bâtiment se composerait alors d'une pièce de 7.66 m de long sur 6 m de large, qui servirait de classe pour les filles, d'un corridor d'un mètre de large puis d'une pièce de 3 m de large coupée en deux pour faire une cuisine et une chambre à coucher pour le logement de l'institutrice. Le maire fait valoir que "cette maison est avantageusement placée au centre du village et près de l'église et pour l'avenir, il serait facile, s'il y a nécessité, de construire une autre maison sur le jardin pour le logement d'une vicaire". Il expose également que "l'ancienne école de filles servirait de maison commune et dans la cuisine on ferait un cabinet pour y déposer les archives". L'acquisition maison à Jean-Baptiste Caron est autorisée en 1844.
Le rapport d'inspection du 20 décembre 1847 décrit l'école de garçons : "l'école comprend deux classes, l'une de 9 m sur 6 m, d'une capacité de 70 élèves, une autre de 20 à 22 m2 où sont entassés plus de 80 élèves, de plus il y a un couloir, une cuisine de 2.60 m en hauteur, et un cabinet d'une superficie à peine suffisante pour deux lits. Ces deux dernières pièces s'appellent la maison de l'instituteur. Le logement est loin de répondre au voeu de la loi qui exige de la commune qu'elle fournisse à l'instituteur un logement convenable. Une chose plus déplorable est la salle qui reçoit les 80 ou 90 élèves, que les dimensions de la grande classe ne permettent pas d'y admettre". L'instituteur avait demandé l'agrandissement de la classe construite en 1832, "M. Choquet [l'instituteur] a fait construite sur un terrain qui lui appartient une salle longue de 14.45 m sur 6 m de large et 3.5 m de hauteur, divisée en deux parties et pouvant contenir cent-cinquante élèves ; elle ne reçoit à la vérité, la lumière et l'air que par un côté des façades ; mais la ventilation peut y être favorisée par les ouvertures au plancher ou ventouses ; le comité local, dont je partage l'avis, reconnaît la convenance de cette classe sous réserve de quelques précautions, comme un lavage à la chaux". L'inspecteur soutient la demande d'indemnisation de l'instituteur.
Lors de la séance du conseil municipal du 12 juin 1853, le maire propose la construction d'une nouvelle école de garçons, en raison de l'insuffisance de l'école existante qui accueille 120 à 130 enfants et du logement de l'instituteur (cf. annexe).
Le projet comprend la construction d'une école et l'appropriation d'un logement pour l'instituteur, par Gabriel Colmaire (menuisier) et Benjamin Pruvost (maçon). La classe (13.78 m de long sur 8 m de large dans oeuvre, hauteur sous plafond de 3.3 m3, 10 fenêtres placées à 1.33 du sol, 2m de haut sur 1.15 de large) doit présenter une superficie de 110 m2 pour accueillir 170 enfants. Construit en briques et couvert d'ardoises, l'édifice compte deux portes d'entrée et une de sortie sur le jardin. L'école sera divisée en deux classes séparées par une cloison en planches d'1.60 m de haut, afin que l'instituteur puisse surveiller les deux classes. Le grenier éclairé par 8 châssis à tabatière en zinc et vitrées pourra former un très beau dortoir. Une cour spacieuse servira de préau aux enfants pendant les récréations. L'école existante (9m de long sur 5.33 de large et 3m de hauteur sous plafond) sera disposée pour servir de logement à l'instituteur et comprendra quatre pièces distribuées par un corridor (cuisine, (salle-à-manger et deux chambres à coucher). On conservera de la veille maison, la chambre à coucher qui servira de bûcher et couvrira la cave au dessous. On construira à côté de ce bâtiment les lieux d'aisance qui seront ainsi placés de manière à ce que l'instituteur puisse les surveiller de sa classe. La délibération du 3 novembre 1853 précise que la plus grande des deux classes est destinée aux élèves les plus âgés et les plus avancés, sous la direction du maître, l'autre étant réservée aux plus jeunes sous la direction de l'instituteur adjoint. Il est également précisé la nécessité d'un éclairage sur deux côtés des classes, d'une porte tambour au bas de la classe, enfin d'augmenter la hauteur de la cloison entre les deux classes pour limiter les problèmes de bruit. Le logement comprend cuisine, salle, 2 cabinets de 5m2. Il est également fait mention de la création d'une salle d'asile en 1852.
La notice instituteur (1878) indique que l'école communale de garçons est construite en 1854 sur les plans et devis de l'entrepreneur Gabriel Colmaire de Villers-Bretonneux. Les travaux comprennent l'appropriation de l'ancienne classe construite en 1837 et du logement. L'école de filles, qui occupe une propriété privée, consiste en un petit bâtiment en rez-de-chaussée dans lequel sont aménagées deux classes (classe préparatoire et classe élémentaire). En 1874 la commune décide l'acquisition d'un terrain pour l'agrandissement de l'école, qui sera finalement reconstruite à un autre emplacement.
La nouvelle école de garçons est construite rue du Pressoir (actuelle rue Victoria). La nouvelle école de filles est construite à l'angle de la rue Arsène-Obry et de la rue Victor-Hugo.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.