Les typologies d’habitat
Fermes picardes et fermes à cour
Comme dans tous les villages du plateau picard, l’habitat ancien comprend presque exclusivement des fermes car l’activité agricole est la seule à avoir perduré après l’exode rural commencé au cours du dernier quart du 19e siècle.
Parmi ces fermes, la forme d’habitat la plus fréquente est celle de la ferme dite picarde comprenant une grange sur la rue (plus ou moins imposante selon la taille de l’exploitation) et un logis en fond de cour. Ce type d’habitat n’était pas seulement celui des paysans, mais également celui de ménagers, de journaliers ou d’artisans (exerçant en particulier dans la fabrication d’étoffes de toiles fines) qui pouvaient posséder une petite surface de terres labourables.
Au Quesnel-Aubry, des fermes dites picardes sont encore visibles au n°2 rue du Moulin, n°22 rue Pauvrette, n°26 rue des Poissonniers ou dans la Grande Rue aux n°21, 23 et 29. La grange sur la rue comprend une porte à double battant et le passage charretier également pourvu de « grand’portes ». Toutefois, les granges sur rue ont le plus souvent disparu avec la perte de l’usage agricole du bâtiment.
Le second type d’habitat particulièrement bien représenté regroupe les fermes à cour, sièges des exploitations agricoles les plus importantes et qui ont le mieux résisté à l’exode rural. Certaines sont encore en activité. Les bâtiments s’organisent autour d’une vaste cour carrée par laquelle on pénètre par un portail. Au Quesnel-Aubry, ce type de ferme se trouve par exemple au n°6 rue de l'Église (portail en pierre orné de reliefs sculptés), au n°1 rue du Plessis-sur-Bulles (pigeonnier sur le côté est), ou encore au n°14 Grande Rue, où d’imposants bâtiments en brique comprennent les étables, la grange, les écuries et la bergerie. Le logis de la ferme est une imposante demeure en brique implantée sur le côté oriental de la parcelle et prolongée par le potager. Cette exploitation semble s’être structurée dans la 2e moitié du 19e siècle.
Second exemple remarquable : les bâtiments de l’ancienne ferme du manoir seigneurial, encore visibles rue de la Cense. Cette dernière a été créé après la destruction de la majeure partie de ces bâtiments dont il reste aujourd’hui l’édifice en pierre aligné sur la rue et une plus petite construction lui faisant face de l’autre côté de la voie. Le départ de mur visible sur l’angle nord-est du bâtiment aligné sur la rue de la Cense semble être un vestige de l’ancienne porterie comprenant deux tours signalées par Louis Graves en 1832 et visibles sur le cadastre de 1809. Un passage charretier couvert permet aujourd’hui de pénétrer dans une ancienne cour de ferme.
Les maisons du Quesnel-Aubry
Cette catégorie regroupe surtout des maisons identifiées comme logements d’artisans car elles sont directement alignées sur la rue, laissant moins de place à la grange, bâtiment le plus fondamental de la ferme. Ces maisons percées d’une entrée charretière ont souvent été très remaniées mais un exemple ancien se trouve par exemple rue des Poissonniers (n°8 où le battant d’un volet semble indiquer la présence d’un ancien atelier). Au n°2 de la rue de l'Église, la grande lucarne du comble avec des restes de poulie permettait certainement de faire rentrer directement des matériaux (stockage du lin prêt à tisser ?) dans le grenier. Un autre exemple de ce type d’aménagement a par exemple été relevé à Puits-la-Vallée.
L'ancien presbytère prend la forme d'une demeure de notable à étage (n°18 rue Pauvrette).
Autre habitation remarquable du village, la maison d’un ancien colonel (témoignage oral) au n°20 de la Grande Rue. Enfin, en face se trouvait un ancien café-restaurant, fermé à la fin du 20e siècle.
L’évolution dans l’emploi des matériaux de construction
La pierre est encore très présente dans les maçonneries de l’habitat du Quesnel-Aubry. Elle se retrouve dans les bâtiments antérieurs à la 2e moitié du 19e siècle (ancienne ferme du manoir seigneurial disparu rue de la Cense, ancienne ferme n°6 rue de l’église avec portail décoré d’un relief végétal, maison du colonel portant la date de 1818). Elle est souvent associée à la brique dans les murs des bâtiments (n°4 rue Pauvrette, pignon n°14 Grande Rue), les murs de clôture (n°4 rue des Poissonniers) ou les solins des granges sur rue où les blocs taillés renforcent l’édifice aux angles et aux retombées des poteaux (n°26 rue des Poissonniers).
Les maçonneries en torchis et pans de bois restent toutefois les plus employées avant la diffusion massive de la brique dans la 2e moitié du 19e siècle : n°26 rue des Poissonniers, n°45 rue des Jardins, n°1 et 22 rue Pauvrette par exemple. L’emploi du bois donne l’occasion aux menuisiers et charpentiers de soigner le traitement décoratif aux entrées comme au n°14 de la Grande Rue (croix de saint André au-dessus de la porte piétonne).
L’utilisation massive de la brique à partir de la 2e moitié du 19e siècle permet de nombreuses reconstructions en particulier dans les fermes à cour (bâtiments agricoles et logis du n°14 Grande Rue ou du n°1 rue du Plessier-sur-Bulles). Enfin, le béton est employé dans la construction des pavillons implantés à partir des années 1990 dans les rues des jardins et des Poissonniers.
Outre les maçonneries, les couvertures des toitures évoluent au cours du 19e siècle. Si elles sont aujourd’hui en tuile et en ardoise, le chaume a longtemps été employé et recule à partir du milieu du 19e siècle à la faveur d’arrêtés préfectoraux interdisant son utilisation : en 1841, 107 maisons sur 131 sont en chaume. Elles ne sont plus que 12 sur 96 en 1866.