Deux propriétés mitoyennes sont visibles à cet emplacement sur le plan par masse de culture de 1806 et sur le cadastral de 1828 (F 686 à 688 ; F 689, 690), l'une (F 686, 688), appartenant à Jean-Baptiste Moirez, marchand (Etat des sections). Les matrices de mutations indiquent que Floride Moirez est propriétaire de l'ensemble vers 1863 et jusqu'en 1879. Cette dernière appartient ensuite au négociant Emile Outrequin-Pinchon (matrices cadastrales et recensement de 1881), qui fait construire un nouveau magasin imposé en 1882 ; il y réside toujours avec son fils Henri, également négociant en laines (recensements de 1906). Il fait l'acquisition de la maison voisine au nord (F 689, 690) en 1889.

Le plan cadastral de 1828 montre les dispositions que le plan par masse de culture de 1806. Au sud (F 686 à 688), la propriété comprend un logis entre cour et jardin avec des dépendances fermant la cour sur la rue avec une aile en retour au nord de la cour et des constructions plus légères au sud de la cour. Au nord, on observe la même disposition avec un logis entre cour et jardin et des dépendances fermant la cour sur la rue et au sud de la cour.

Le plan fourni dans le dossier de dommages de guerre de M. Outrequin, daté de 1919, indique qu'il est propriétaire de deux unités mitoyennes. Le relevé montre que les dispositions de 1828 étaient les mêmes à cette date et renseigne sur l'usage des différents espaces. Ainsi, les dépendances sur la rue abritent des magasins de part et d'autre du passage cocher. Au sud de la cour se situent un chenil, une fosse à fumier, une remise, une écurie et une buanderie ; au nord se trouvent une serre, une écurie, un bûcher et des latrines. Au sud du logis principal, on distingue un logis secondaire, sans doute un logement de domestiques. Le logis principal présente une distribution curieuse avec au rez-de-chaussée : un vestibule traversant sur lequel ouvre un bureau ; au sud, une salle-à-manger (côté jardin), cuisine et office (côté cour) ; au nord, un salons (côté cour) et une deuxième pièce (côté jardin). A l'étage, deux grandes chambres et un cabinet (côté cour) et deux petites chambres et un cabinet (côté jardin). L'escalier est représenté sur le plan de l'étage mais pas sur celui du rez-ce-chaussée. Seuls les murs extérieurs sont en maçonnerie (60 cm d'épaisseur), les cheminées sont adossées aux murs pignons, pas de refend intérieur et cloisons en pan de bois. On ne distingue aucune saillie sur les façades sur cour et sur jardin, qui compte chacune sept travées. Les dépendances sont également en pan de bois.

Au nord, le relevé de 1919 montre que les dépendances visibles sur le cadastre de 1828 avait disparu à cette date, remplacées par une dépendance et une volière élevées au nord de la cour. L'ensemble est construit en pans de bois ; le logis compte deux pièces à feu et la cour antérieure est fermée par un mur. La disparition de ces dépendances est sans doute postérieure à 1895 (aucune mention n'apparaît dans les matrices cadastrales). Les recensements de population de 1881 à 1911 indiquent que cette maison est habitée par Maurice Ropiquet, employé par la famille Outrequin.

Le cadastre rénové de 1933 montre que la maison au nord n'a pas été reconstruite ou conservée, comme les dépendances du logis principal. Un petit pavillon a été construit dans l'angle nord-est de la cour, fermée par une grille avec un portail.