Une propriété est visible à cet emplacement sur le cadastre napoléonien de 1828. Les matrices cadastrales indiquent qu'elle appartient à Jean-Robert Obry, imposée pour la construction d'une nouvelle maison en 1831. Il déclare la démolition d'une grange en 1842. C'est ensuite le fabricant Obry-Boulenger, qui fait construire une nouvelle maison, imposée en 1842 et agrandie 5 ans plus tard. Jean Obry est également imposé en 1842 pour la construction d'une nouvelle maison et son agrandissement 5 ans plus tard. Jean-Baptiste Obry-Boulenger apparaît dans la liste des électeurs municipaux de 1831, comme marchand, fabricant et cultivateur, dans les listes des jurys politiques de 1830 à 1846, comme cultivateur et marchand de bas, et dans les recensements de population comme fabricant de bas (1846) et comme propriétaire, fabricant et cultivateur (1851). La fabrique de bas noirs et beiges, gilets et bas de flanelle blancs et chaussons Obry-Boulenger est signalée dans l'annuaire Didot-Bottin de 1857.

En 1869, Philomène Lavallard fait construire une maison, à l'est de l'atelier, sur une parcelle voisine. En 1873, la propriété appartient à Narcisse Lavallard-Mantel, qui y fait construite un atelier et un magasin. Il se déclare fabricant dans le recensement de 1881. L'entreprise est reprise par sa femme Floride et son fils, Jules Lavallard, fabricants de bonneterie (recensements de 1906 et 1911). Après la Première Guerre mondiale, la fabrique est toujours dirigée par Jules Narcisse Lavallard, fabricant de bonneterie (recensements de 1921 et 1931). Sa maison est reconstruite, vers 1923, sur les plans de l'architecte E. Devillers.

Suite à la mis en liquidation judiciaire, l'usine est proposée à la vente en avril 1931 dans le Progrès de la Somme, avec une description des machines comprenant : Métiers Dubied, Bresson, Anglais, Pertyl (Jenny et Beaumgartner), dévidoirs, échardonneuse, moteurs : couseuses, surjetteuses, raseuses, recouvreuses (Union Spéciale), machines à coudre Pfaff, bancs au moteur.

Les cartes postales du début du 20e siècle donnent une représentation partielle de la fabrique. On y voit le bâtiment perpendiculaire à la route, à l'ouest du portail d'entrée, en briques et couvert de tuiles, dont le pignon à deux travées est percé de baies cintrées, et un long bâtiment sur rue en rez-de-chaussée, en pan de bois hourdé en torchis et pignons en briques, qui présente 7 fenêtres, prolongé d'un second bâtiment à 3 ouvertures.

Le devis, le plan d’ensemble et les coupes, réalisés par l'architecte E. Devillers, pour l’évaluation des dommages de guerre, renseignent sur la destination et la distribution intérieure des différents bâtiments. La propriété, qui occupe une vaste parcelle traversante ouvrant au nord sur la rue d’Amiens et au sud sur la rue de la Voirie. Elle est organisée autour d’une vaste cour au nord avec un jardin clos de murs de briques au sud. Au nord de la cour, la demeure implantée sur la rue est construite en pan de bois sur solin de briques et couverte d’ardoises ; elle est prolongée à l’ouest par un portail. A l’ouest de la cour se trouve un long bâtiment perpendiculaire à la rue, abritant conciergerie, bureaux et magasins. Au sud de la cour, une grange avec passage traversant vers le jardin, enfin à l’est de la cour, des dépendances « contre la propriété Outrequin ». La grange et les dépendances ont subi des dégâts partiels et la dépendance est utilisée comme habitation provisoire.

La distribution intérieure de la demeure, en rez-de-chaussée surélevé sur caves, est organisée à partir d’un vestibule central, menant à la salle-à-manger, dans lequel se trouve l’escalier menant au grenier. Depuis la salle-à-manger, on accède au salon qui donne lui-même accès à deux chambres (à l’est) et à deux autres chambres en suite (à l’ouest). La cuisine, qui communique avec une grande chambre, dispose d’une entrée depuis la cour.

Le bâtiment de plan allongé (à l’ouest de la cour) est construit en briques et en pan de bois (façade est sur cour) et couvert de pannes mécaniques. Il abrite un logement (au nord, côté rue), un bureau (au rez-de-chaussée) et des magasins munis de casiers et de comptoirs.