Les matrices cadastrales indiquent que Jean-Baptiste Dheilly est imposé en 1835 pour la construction d'un vaste bâtiment donné comme maison, puis en 1837 pour sa reconstruction à usage de filature. Plan 1844 (88 80 1566 Z) demande installation machine à vapeur (AD ; M 96829) comprend ateliers, magasin, étente. 1850 : 5 métiers, 7 machines, 350 ouvriers. Parcelle 832 : école, atelier, atelier et bureaux démolis en 1919 (matrices cadastrales). Il possède également une maison, agrandie en 1861 (d).

Né en 1789, Jean-Baptiste Dheilly-Poiré apparaît dans les listes électorales comme fabricant de bas dès 1830. Sa manufacture de bonneterie de laine est signalée dans l'almanach de 1837. Etabli rue de l'Eglise, comme marchand de bas (état des sections), il se déclare ensuite filateur et fabricant de bonneterie dans les recensements de 1846 et 1851. La filature et la maison deviennent la propriété d'Edmond Dheilly, filateur et fabricant, en 1861 (matrices cadastrales), fabricant de bonneterie (liste électorale de 1869), puis fabricant (recensement de 1881). Jean-Baptiste Edmond Dheilly-Prouvost est maire de Villers-Bretonneux (1868-1875).

Le Progrès de la Somme annonce sa vente en deux lots en mai 1893 : d'une part, une "maison de maître avec ses dépendances et bâtiments divers, à usage de filature", d'autre part, bâtiment à usage de culture comprenant bergeries, écuries, remises, magasins, etc."

Le plan d’ensemble et le descriptif, réalisés en 1921 pour l’évaluation des dommages de guerre (AD Somme ; 10R 1261), renseignent sur la destination et la distribution intérieure de l’édifice, alors divisé en deux propriétés et affecté à deux usages différents. La partie est de l’édifice est transformée en école en 1906. L’édifice comprend un bâtiment principal en cœur de parcelle, un jardin au sud, des communs et des dépendances disposés autour d’une vaste cour, et alignés sur la rue de la Mairie (au nord) et sur la rue Victor-Hugo (à l’ouest). Plusieurs accès depuis la rue de la mairie.

A l’est, le bâtiment aligné sur la rue compte deux niveaux de caves, deux étages carrés et grenier ; il est construit en briques et couvert d’ardoises. Il est décrit comme d’anciens magasins, dont le rez-de-chaussée a été converti en classes.

A l’ouest, les bâtiments alignés sur rue comprennent un corps de passage avec atelier et magasin de part et d’autre du passage-cocher, prolongé par un vaste bâtiment à passage-cocher abritant un logement, une grange et une écurie, avec une aile en retour d’équerre à usage de remise et de hangar.

Le bâtiment principal, construit en briques et couvert d’ardoises, est composé d’un corps central flanqué de deux pavillons. Il compte un rez-de-chaussée surélevé sur cave, un étage carré et un étage de comble. Les façades sur cour et sur jardin du corps central présentent une élévation à 14 travées. Il dispose de trois portes en façade sur cour, celle du centre donnant accès à un vestibule et à un escalier principal. On distingue deux murs de refend et une division intérieure par des cloisons légères. Le bâtiment est inégalement divisé en deux unités distinctes (10 travées à l’est et 4 travées à l’ouest).

A l’est, la partie à usage d’école comprend au rez-de-chaussée : un accès aux classes ouvrant sur petit dégagement, qui donne accès à une classe et à un vestiaire et à une cuisine ; une autre porte (ancien accès principal) ouvre sur un logement (vestibule, grand escalier, salle-à-manger, office et bureau). Un couloir, au sud du bureau pouvait initialement donner accès aux pièces situées à l’ouest. A l’étage, on compte trois chambres, une salle de billard (au-dessus de la classe) et une salle de bains (au-dessus du vestiaire).

A l’ouest, la partie à usage d’habitation dispose d’un accès depuis la cour ouvrant directement sur la salle-à-manger, qui communique avec un salon. Dans le pavillon ouest, une petite porte donne accès à un vestibule et à un escalier de service, une pièce donnée comme salle de bain sur le plan ou comme cuisine dans le descriptif dispose d’un accès en pignon depuis le jardin. A l’étage, on compte trois chambres. Un grenier et six mansardes sont signalées dans le descriptif.

Le cadastre de 1933 montre qu'après la Première Guerre mondiale, il ne subsiste que le bâtiment principal.

La partie ouest de la propriété est lotie après la deuxième guerre mondiale ; une première maison est construite vers 1970, la seconde (au nord) vers 1980.