Implantation sur le territoire
D´après Agache, sur le territoire de Pendé, l´occupation humaine s´est concentrée sur des îlots sableux émergeant des incursions de la mer dès le Levalloisien supérieur. Des sites non localisés ont permis la découverte de traces d´occupations néolithiques inventoriées par le Service Régional de l´Archéologie. Des substructions gallo-romaines ont également été mises au jour ainsi qu´un enclos funéraire. Le village conserve la trace d´un cimetière mérovingien.
Limites administratives
En 1807, l´étendue du territoire était considérable et la population très importante. D'après Estienne, en l'an II (1801), Pendé était la grande commune du canton. La population se répartissaient déjà entre le village et les trois hameaux de Tilloy, Sallenelle et Routhiauville.
Le recensement indique la présence d´écarts, aujourd´hui disparus, comme Molière (qui comportait une maison pour six habitants en 1881), la Gare de Lanchères (une maison pour trois habitants en 1906), la Sablière (deux maisons pour dix habitants en 1906 et 7 en 1911) et les « Tourbières » (deux maisons pour onze habitants en 1906, qui descendent à 5 en 1911). Mollenel était une simple ferme au milieu des marais (ne semble plus exister).
Evolution du paysage
Pendant un kilomètre, le territoire longe une bande de champs de 500 mètres environ de large, dénommées les « Pentes », au sud de Saint-Valery. Ce plateau se terminait par une falaise qui dominait la mer : aujourd´hui la falaise morte est un simple talus.
D´après Florentin Lefils, Pendé s´élève sur un plateau parallèle à celui de Saigneville et de Boismont, tout comme Saint-Valery. Le vallon qui sépare les villages de ce secteur passait au bas de Lanchères et débouchait dans la vallée de Neuville avec la petite rivière d´Amboise qui prend sa source à Pendé.
Après la section de ce coteau, les eaux de marée ne rencontraient plus d´obstacle en 1858. Elles pénètraient alors dans les vallons où étaient situés les villages de Pendé et Estréboeuf, entourant ainsi à marée haute, la portion de la colline qui était restée intacte et qui devint une île très escarpée.
En 1868, la baie de Somme y occupait encore une superficie de 600 hectares, autrefois plus grande.
Evolution de la population
Entre 1698 et 1790, la population du territoire doubla (elle passa de 330 à 776). Quarante ans plus tard, 400 habitants supplémentaires avaient rejoint la population d´origine. Un pic est à observer en 1881. Les chiffres redevinrent ensuite identiques à ceux du début du 19e siècle jusqu´à aujourd´hui. Le nombre des maisons stagna tout au long de la seconde moitié du 19e siècle. Nous ignorons les raisons de cette stabilisation de la population, essentiellement au 18e siècle et au milieu du 19e siècle. Serait-elle liée à l´évolution de l´activité agricole et à celle du chemin de fer ?
Evolution de la construction
L´Etat de section (A.D. 80 : 3 P 618/3, 1882) de Pendé indique que plusieurs pics de construction eurent lieu sur le territoire en 1843, 1861, 1862 et 1875 ; cette information apparaît en dent de scie tout au long de la période. En 1889, un grand nombre d´ateliers, probablement de serrurier, furent établis. Les démolitions restèrent très peu nombreuses.
Les quatre entités composant le territoire sont de composition relativement différente, possédant chacune une identité propre. En effet, Routhiauville et Salenelle ne semble en former qu´une : pourtant, chacune dispose d´une architecture spécifique. Salenelle se développe en village-rue vers Lanchères avec l´adjonction de maisons d´ouvriers. Routhiauville et Tilloy ont, au contraire, conservé un aspect relativement traditionnel, fortement marqué par l´agriculture (présence de nombreuses fermes anciennes et distribution du bâti) en raison de leur éloignement des voies de communication. De même, Pendé a échappé au développement « industriel » de Petit-Pendé (en village-rue, avec présence d´habitations ouvrières). En effet, le village s´est développé au début du 20e siècle autour de la Route Départementale rassemblait Grand-Pendé et Petit-Pendé.
Cette évolution ou stagnation du bâti se traduit également par l´utilisation de matériaux traditionnels tels que le torchis et pans de bois ou le silex (largement employé à Pendé et Tilloy car la terre, arable, regorgeait de sable ou de galets) ou au contraire, de matériaux industriels tels que la brique (comme à Salenelle). La commune ne disposait pas de briqueterie car le sol n'était pas suffisamment argileux. Les briques et tuiles utilisées à Pendé proviendraient de Bourseville.
Il semble que les bois utilisés dans les constructions étaient choisis par les menuisiers dans les forêts de Lanchères.
Lorsque la mer était proche, les vacanciers pouvaient se rendre facilement à pied à la pointe du Hourdel ; c´est pourquoi quelques maisons, qui semblent être de villégiature, ont été observées sur le territoire de Pendé.
Evolution de l´économie
D´après le cahier de doléances, au 18e siècle, les terres (2500 journaux dont 300 étaient plantés en bois avec remise et parc du château) étaient de très mauvaise qualité (sable, bas champs). Le territoire était traversé de canaux entraînant de larges frais pour l´entretien des terres et des digues. Le commerce était inexistant : lorsque le lin, qui occupait tous les ouvriers, venait à manquer, ces derniers étaient contraints d´aller dans les villages voisins ou dans les villes chercher de l´ouvrage qu´ils ne trouvaient pas toujours. Le cadastre napoléonien indique un important réseau de chemins entre chaque entité (qui semble s´être développé entre la fin du 18e siècle et le début du 19e siècle), qui a ainsi facilité les échanges commerciaux.
Au milieu du 19e siècle, les professions principales étaient cultivateur, serrurier, domestique, journalier, garde-forestier, cordonnier, manouvrier, tailleur d´habits, vacher, ménager, maçon, tamisier, douanier et berger. Les industries se répartissaient plusieurs secteurs d´activité : le bâtiments (15), l´habillement (15), l´alimentation (17), le transport (6).
D´après Gaston Vasseur, le plus ancien serrurier du village, Anthoine de Monchy, est cité dans les textes en 1692. En raison de la proximité de Friville-Escarbotin, capitale du Vimeu, la serrurerie occupait à Pendé un certain nombre de villageois (une vingtaine au milieu du 19e siècle). Le chiffre augmenta de façon importante en 1875 puisqu´ils étaient alors 57 et 69 en 1881. L´état de fabrication était bon et la plupart travaillaient chez eux (d'autres se rendaient à l'usine de Friville-Escarbotin). Cette situation stagna jusqu´en 1884.
D'après les habitants, au début du 20e siècle, les fermiers ne possédaient aucune activité secondaire pour compléter leurs revenus. L´économie avait donc déjà évolué depuis le milieu du 19e siècle. Il existait environ 55 fermes sur tout le territoire de Pendé.
L´agriculture occupait également une place importante au sein de l´économie du territoire. Au 19e siècle, les principales productions agricoles étaient l´orge d´automne, l´orge de mars et le lin. Nous ignorons si le peignage, le cardage et le filage du lin étaient effectués à domicile ou s´il était exporté brut.
Mais la région, par son humidité, était davantage propice à l'élevage. La commune possédait un grand troupeau de moutons que nourrissaient les pâturages communaux et les jachères. En 1911, d´après les « Statistiques des animaux existants » (A.D.80 : 6 M 2299), Pendé regroupait 420 bovins, 1110 ovins et 355 porcs.
Ressources communales
Certains exploitaient les tourbières présentes sur le territoire.
Adrien Hugué mentionne la présence d´un moulin à vent à Sallenelle en 1601. Deux moulins à vent étaient indiqués sur le cadastre de 1832.
La gare de Lanchères-Pendé, créée en 1935, était témoin d´un important trafic saisonnier qui lui permettait non seulement d´être rattachée au réseau ferroviaire, d´être équipée d´une station mais également de posséder son propre triage ainsi que ses locomotives.
Coutumes
D´après Jean-Luc Vigneux, à Pendé, on continue à poser des croisettes au cours des enterrements. Cette commune possède trois calvaires à croisettes. L´un se trouve sur la route de Salenelle : la croix en fer, déjà notée en 1901, est entourée de 53 croisettes dont trois sont neuves. A proximité de l´église, le calvaire avec croix en fer vient d´être restauré. Les croisettes sont piquées dans la butte de terre ; on en dénombre 40 (contre près de 60 en décembre 1982).
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.