Attesté durant l’Antiquité comme point de franchissement de la Somme, Ham devient capitale du pays hamois, rattaché au diocèse de Noyon (9e siècle), puis au comté de Vermandois. Sa situation stratégique en bord de Somme protégée par une zone marécageuse, comme Péronne, en fait le carrefour de nombreuses routes reliant Saint-Quentin, Noyon, Chauny et La Fère, Péronne ou encore Nesle et Roye.
La ville se développe aux abords du château, qui commande le point de franchissement de la Somme (frontière entre les futures généralités de Soissons et d’Amiens créées en 1607).
Un prieuré y est fondé par Odon II, qui le cède à l’évêque de Noyon en 1108, pour l’installation d’une abbaye d’augustins. Deux églises paroissiales sont construites au 12e siècle, Saint-Pierre, dans la proximité immédiate de l’abbaye, et Saint-Martin, à l’angle de la rue de Noyon et de l’axe principal reliant la porte de Saint-Quentin à celle de Chauny. La charte communale est confirmée par Philippe d’Alsace en 1188.
Le 13e siècle est marqué par la reconstruction du château et la mise en place d’un système défensif (creusement des fossés), enfin par l’installation d’un hôtel-Dieu, sur des terrains libres de la périphérie de la ville.
Le développement de l’activité commerciale y est attesté au 14e siècle par la foire annuelle, créée en 1379, qui durait alors 9 jours.
La seigneurie, acquise par Enguerrand VII de Coucy, est vendue au duc d’Orléans en 1400. Pillée et mise à sac en 1411, la ville est protégée par des fortifications, construites à partir de 1470, à l’initiative de Louis de Luxembourg-Saint-Pol, qui fait également moderniser le château. Ham est donnée au duc de Nemours par le roi en 1476 mais revient à Pierre de Luxembourg en 1485. La construction de la fontaine Saint-Martin et du dispositif de canaux servant de lavoir, dans la 1ère moitié du 16e siècle, est attribuée à l’initiative de Marie de Luxembourg (Fleury, 1881).
L'église paroissiale Saint-Martin est reconstruite à la fin du 16e siècle (Fleury). Siège d’une paroisse qui couvre la partie sud de la ville, depuis la rue de l’Arquebuse et de la Fontaine, et le hameau de Flamicourt, son cimetière est le plus important intra-muros.
A nouveau incendiée lors de l’attaque du duc de Savoie en 1557, la ville est aussi frappée par des épidémies de peste, en particulier celle de 1648. La modernisation des fortifications, commencée en 1641 est encore inachevée en 1678-1679, lors des incursions des Espagnols ; le dispositif de bastions et de demi-lunes est démantelé en 1685. Plusieurs plans (ill.) en donnent les dispositions.
Deux incendies détruisent en partie la ville en 1654 et surtout en 1676, où 250 habitations de la paroisse Saint-Martin sont détruites.Les Franciscains s’installent dans la ville, au 17e siècle, sur des terrains situés rue du Marché-Franc où ils auraient construit une chapelle. Le portail aurait été encore visible à la fin du 19e siècle. Les terrains sont revendus en 1750 (Fleury, 1881).
La maison de la Providence est fondée rue de Noyon, en 1678 par Jeanne Malin, religieuse de Port-Royal.
La ville compte 1400 habitants en 1698.
Le plan de 1759 donne une représentation de la ville intra-muros et de son réseau de voies. On y distingue trois zones : un secteur commerçant au réseau de rues assez dense (rue Marchande) et des îlots plus vastes au sud-est, où est situé l'hôtel-Dieu. La citadelle occupe l'angle sud-ouest. On distingue trois églises, celle de l'abbaye et les deux églises paroissiales de la ville Saint-Pierre [rue Notre-Dame] et Saint-Martin [rue de Noyon]. Le plan figure également le système défensif rasé en 1685.
Comme le montre la trame urbaine visible sur les cartes et le cadastre napoléonien, l’agglomération s’est développée aux abords de l’abbaye (rue Marchande et place) et le long de la voie principale (rue du Marché au Fromage) vers Chauny et place du Marché-au-Blé (calvaire). Dans la paroisse Saint-Martin, la rive sud de la rue du Moulin à vent a fait l’objet d’un lotissement au 18e siècle, comme la rive sud de la rue de Sorigny et la rive ouest de la rue de Chauny ou encore la rue du Grenier à Sel.
La modernisation des réseaux de communication modifie les modes d’occupation des abords de la ville et de ses faubourgs. La route, tracée vers 1760, et surtout le canal de la Somme, dont les travaux débutent en 1783, qui est inauguré en 1818. Un second canal, longeant les fortifications et le château, est creusé vers 1800.
A la fin du 18e siècle, la ville fait l’acquisition d’une maison pour loger une gendarmerie et d'un hôtel sur la place principale pour installer l'hôtel de ville.
Durant la période révolutionnaire, les deux églises paroissiales de la ville close sont démolies pour ne conserver que l’ancienne église abbatiale. De l’église paroissiale Saint-Pierre, détruite en 1799, seul le clocher est conservé pour servir de beffroi. L’église Saint-Martin, la plus importante, est elle-aussi détruite et le cimetière déplacé hors les murs ; enfin l’église Saint-Sulpice, dans le faubourg, est vendue, comme la chapelle de la Vésine, détruite en 1818.
L’ancienne abbaye est vendue en différents lots et, comme dans de nombreuses villes de la Somme, plusieurs fabriques y sont installées au début du 19e siècle.
Le 19e siècle
Devenu prison d'Etat après la Révolution, le château n'est plus qu'une place forte de 3e ordre, déclassée en 1842. L’esplanade du château sert de champ de manœuvre et de champ de foire.
Les fortifications sont démolies et aménagées en promenade, à l’ouest (rempart du midi), et au sud-est (rue Mal acquise et place Marotaine), comme le montre le cadastre napoléonien.
Le boulevard du Midi, établi sur les anciennes fortifications dès le début du 19e siècle, est planté (1844), puis nivelé, en 1874, et élargi pour faciliter le passage des voitures. C’est, d’après Fleury et Danicourt (1881), un des quartiers les plus vivants de la ville. Il surplombe "une large vallée remplie de nombreux potagers, de jardins d’agrément, soigneusement entretenus et offrant un coup d’œil assez pittoresque".
Le boulevard du Nord, aménagé dans les années 1860, permet le lotissement des prairies humides bordant la ville, qui offrent des terrains de choix pour la construction d’habitations bourgeoises mais également pour l’implantation d’ateliers et de blanchisseries.
La démolition du rempart permet également l’ouverture de la rue du Rempart de l’Est (actuelle rue Clémenceau) et du Cha d’Estouilly, le long du canal.
La suppression des portes de la ville au milieu du 19e siècle rend plus fluide la communication avec les faubourgs de Noyon et de Chauny, dans lesquels sont établis de nombreuses fabriques et dépôts.
Les équipements publics
En 1817, la municipalité fait l’acquisition d’une maison, rue des Clercs, pour y installer le presbytère ; elle est revendue en 1865 pour acheter une autre maison rue Notre-Dame (B 3 et 4).
Au début du 19e siècle, l'hôtel de ville, rebâti vers 1789, est situé à l'est de la grande place (B 23). Il sera déplacé dans une propriété, située à l’angle de la rue de Corcy (B 45) acquise à M. Laballette-Fourquin, en 1839. Un nouvel hôtel de ville est construit en 1879, sur des terrains mitoyens (emplacement actuel), sur les plans de l’architecte Chérier, auquel est confié un projet de marché couvert et de pompes à incendie à élever à l’emplacement de l’ancien hôtel de ville.
La ville possède un musée, aménagé dans le premier hôtel de ville et ouvert au public tous les dimanches et jours fériés (Boquet, 1912). Il comprend trois salles, dont une salle de peintures (70 numéros) et la salle Délicourt, présentant une collection de bouteilles. Lourdement endommagé durant la première guerre mondiale, le musée, propriété privée de la ville, n'est pas reconstruit.
Une première salle de spectacle est construite en 1832, rue de la Fontaine, à l’initiative de l’instituteur Jean-Denis Lucas (matrices cadastrales).
Les premières écoles sont ouvertes sur des initiatives privées, il en existe 4 dans les années 1810. La municipalité installe ensuite deux écoles, rue de Sorigny, une école de garçons construite en 1844 et une salle d’asile installée en 1856 dans l’ancienne pension D’Offémont. L’enseignement est confié à des religieux. L’école de filles est installée dans l’ancien couvent, puis dans une maison acquise rue de Chauny.
Un jeu d'arc est aménagé, boulevard du Nord, en 1865. En 1871, c’est à une autre initiative privée, qu’est due la construction d’un cercle militaire, rue du Marché-Franc. Charles Gronier fait construire une salle de spectacle dans sa propriété, à l'angle de la rue Vadé et du Grenier-à-sel, vers 1900. Un théâtre est construit à proximité, en 1904, enfin en 1908, le legs du jardin Délicourt dote la ville d’un vaste jardin public.
Les équipements publics sont reconstruits après la première guerre mondiale et complétés dans les années 1960 par une salle des fêtes et un office du tourisme.
La Reconstruction
Gravement touchée par les bombardements, durant la première guerre mondiale, la ville est partiellement reconstruite à partir de 1920. De nombreuses cartes postales montrent l'habitat provisoire mis à la disposition des habitants après la première guerre mondiale. La municipalité fait l'acquisition de 110 maisons provisoires, en 1928, dont 17 installées dans l'ancienne ville close : sur l'esplanade (10), place du Marché-Franc (3), place Peltier (2) et dans la cour du théâtre (2).
Le lotissement des terrains de l'ancien couvent (rue de Noyon), autour de 1930, constitue la principale transformation en matière d'aménagement urbain avant le dernier quart du 20e siècle avec la construction de logements sociaux entre 1974 et 1980 (vues aériennes), sur l'esplanade du château.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.