L'histoire urbaine de la ville de Ham se concentre, jusqu'à la fin du 18e siècle, dans la ville close, protégée par une forteresse qui subsiste aujourd'hui à l'état de vestiges.
Ville frontière jusqu'à la prise de Cambrai (1677), son système défensif et sa position au cœur des marais de la vallée de la Somme contraignent son développement à l'intérieur de l'enceinte et dans le faubourg Saint-Sulpice, également fortifié.
A l'exception de l'ancien hôtel-Dieu fondé au 13e siècle, ses fonctions urbaines sont liées à la présence de l'abbaye mais surtout du château et de sa garnison. Un seul couvent est construit dans la ville en 1678. Le logement des troupes contraint à l'installation d'une maréchaussée à la fin du 18e siècle, puis d'une caserne, dans une partie des bâtiments de l'ancienne abbaye, en 1830.
"[...] au lieu de l’ancienne place de guerre, tant de fois prise et reprise, où les hôtelleries étaient si nombreuses à cause du passage des troupes et du roulage considérable qui s’y faisait, c’est une ville moderne où de tous côtés s’élève ce qu’on a appelé ingénieusement les obélisques de l’industrie.
L’originalité s’en est enfuie ; il y aurait cependant mauvais grâce à s’en plaindre"1
Le développement urbain dans les faubourgs de Noyon et de Chauny sera favorisé par la construction de nouvelles voies de communication (canal et voie ferrée), qui facilite l'installation des fabriques, puis des usines de transformation des principales cultures, la betterave et le blé (moulins Damay), dès le début du 19e siècle. Ces sites sont principalement implantés dans le faubourg de Chauny (ancienne sucrerie Bernot et distillerie de Sébastopol) et dans le faubourg de Noyon où l'installation de la gare, à la jonction des communes d'Eppeville (sucrerie d'Eppeville et sucrerie Boquet et clouterie) et de Muille-Villette (ancienne conserverie), favorisera la conurbation de ces trois agglomérations.
La ville et ses faubourgs sont lourdement touchés par les bombardements de 1918. La reconstruction, à partir de 1920, se traduit par une densification dans la ville close, par la disparition des sites usiniers qui y subsistent et par le déplacement de l'hospice dans le faubourg de Chauny. Dans les faubourgs, les sites usiniers se recomposent.
Dans la 2e moitié du 20e siècle, le développement urbain se concentre encore dans le faubourg de Chauny, puis vers Estouilly, réuni à Ham en 1962.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.