Le village s´est implanté sur un point haut (bancs de galets, digues) de la plaine du Marquenterre afin de limiter les risques d´inondation (la pente de la plaine y est pratiquement nulle et l´évacuation des eaux de la Maye difficile) et d´ensablement du lieu.
L´histoire du village est étroitement liée à celle du territoire (cf présentation du territoire de Saint-Quentin-en-Tourmont). Celui-ci a été déplacé à plusieurs reprises en raison de l´envahissement des sables. En effet, sur une carte du 18e siècle (A.D. Somme : RL 343), l´église est isolée du village, au nord, indiquant l´ancien emplacement de l´agglomération.
Les informations données par le recensement de la population, recoupées avec celles du dénombrement de la population, indiquent qu´en 1856, la population de la commune était de 92 habitants, qu´elle diminua jusqu´en 1861 pour atteindre 84 individus. Dix ans plus tard, le chiffre avait plus que doublé. Nous ne pouvons expliquer cette augmentation fulgurante de la natalité (si ce n´est pas erreur de chiffre). Entre 1872 et 1906, la population augmenta de façon constante pour passer de 173 individus à 223. Après cette date, le chiffre diminua régulièrement pour n´être plus que 144 individus en 1936. Tout au long de la période étudiée (1872-1936), le nombre de maisons stagna aux alentours d´une cinquantaine.
La comparaison des cadastres indique que le terrain s´est largement modifié. En 1832, les maisons (peu de fermes) étaient distribuées de part et d´autre de la voie entourant les pâtures au coeur du village. Les habitations en torchis et pans de bois recouvertes de chaume ou de pannes, indépendantes, étaient plus ou moins éloignées les unes des autres, au coeur des parcelles de formes irrégulières, aussi larges que longues, parfois laniérées. Les habitations étaient indifféremment disposées parallèlement ou perpendiculairement à la rue. L´absence de dépendances agricoles reflète parfaitement le mode vie de l´époque : les habitants de cette région étaient relativement modestes, dépourvus de terre ; bien souvent ménagers, ils travaillaient dans les quelques fermes imposantes des environs. L´Etat de section (vers 1882) confirme cette information puisque le document indique que le village rassemblait à la fin du 19e siècle une majorité de journaliers et de préposés des douanes ainsi que quelques tailleurs.
La conclusion de ce travail de superposition des cadastres ancien et actuel permet d´observer que peu de maisons figurant sur le plan de 1828 sont encore en place aujourd´hui (deux uniquement). A l´époque, le bâti était, nous l´avons vu, très épars ; les dents creuses ont peu à peu été comblées. Le village subit une pression immobilière au début du 20e siècle (probablement liée au développement de l´agriculture), qui s´intensifia depuis les années 1990.