L'église ayant été complètement détruite pendant la Première Guerre mondiale, il ne reste rien des verrières qui la décoraient.

Cependant, des historiens locaux du 19e comme l'abbé Bédu (Histoire de la ville de Bapaume depuis son origine jusqu'à nos jours, 1867) en avaient fait une description, l'inventaire du mobilier de l'église réalisé en 1906 et repris par Bidard pour établir le montant des dommages de guerre à demander (AD Pas-de-Calais, 10R21/52) ainsi que la description de mémoire par Dégardin (Rues et monuments de Bapaume, 1945, p 89 à 94) permettent de savoir quelle était l'iconographie des verrières et pour certaines d'estimer la date de réalisation.

La numérotation des chapelles est faite en suivant le déplacement d'un fidèle dans l'église, depuis l'entrée vers le chœur en longeant le côté gauche, puis le chemin du retour du chœur vers l'entrée en longeant le côté droit, puis les chapelles dédiées à un saint, et enfin le chœur. Pour mémoire, les chapelles de l'église avant-guerre ayant la même élévation que la nef, il n'y a qu'une seule série de verrières (et non pas une pour les chapelles et une pour les fenêtres hautes comme dans l'église reconstruite).

Seule la verrière de la première chapelle fait l'objet d'une description technique détaillée. Les descriptions des autres verrières reprennent uniquement l'expression "verres peints". On peut en déduire que toutes sont donc réalisées selon la même technique... d'autant plus que lorsque la technique est différente, Bidard le précise dans la description. La même déduction s'applique aux deux verrières de la nef.

Chapelle 1

Verrière représentant Sainte Anne et Saint Joachim. Vitraux en verres doubles peints à l'huile se composant de panneaux sertis par des plombs accusant les contours du dessin, les panneaux fixés par des tringlettes en fer fixées aux armatures des verrières. Dégardin précise que Sainte Anne et Saint Joachim sont en train de faire lire la Vierge enfant.

Chapelle 2

Verrière verres peints "L'annonciation".

Chapelle 3

Verrière verres peints "La nativité". Dégardin ajoute que la scène de la nativité est accompagnée par celle de l'adoration des bergers.

Chapelle 4

Verrière "Jésus au milieu des docteurs".

Chapelle 5

verrière verres peints "Le baptême de notre Seigneur". Pour mémoire, c'est dans cette chapelle qu'étaient les fonts baptismaux... Dégardin indique que la verrière était partagée entre le baptême du Christ et La tentation au désert, et qu'une seconde verrière, située sur la gauche, représente "le miracle de l'Aveugle-né".

Au fond de la nef

A gauche : verrière en verre de couleurs (colorié [sic] dans la masse) "Jésus docteur enseigne les foules"

Dégardin indique également que derrière la tribune, la verrière était consacrée au thème de la Cène.

A droite : verrière en verre de couleurs "Exe [sic] homo"

Chapelle 6

Verrière verres peints. "Le crucifiement et la mort de Jésus sur la croix". Bidard précise que cette verrière n'existait plus depuis 1885 et que la baie était bouchée en briques.

Chapelle 7

Verrière verres peints "La résurrection". En dessous de la scène sont portées les armes de Monseigneur Lequette.

Chapelle 8

Verrière verres peints "L'ascension".

Chapelle 9

Verrière verres peints "La pentecôte", que Dégardin appelle "La descente du Saint Esprit sur les apôtres".

Chœur

Sept verrières éclairant l'abside, en verre de couleur, très jolies, représentant des scènes relatives à l’histoire de Bapaume : Saint Nicolas, Mariage de Philippe Auguste [avec isabelle de Hainaut en 1180, qui eu lieu à côté de Bapaume, Incendie de 1681, consécration de l'église (1622), Martyre de Monseigneur Chapdelaine et bombardement de Canton, le pape Pie IX, Monseigneur Parisis, évêque d'Arras.

Dégardin apporte de nombreuses précisions sur l'iconographie : Saint Nicolas, le saint patron de la paroisse, est accompagné de membres du clergé originaires de Bapaume, comme Matthieu Rainaud évêque de Thérouanne en 1414 ou Ignace Doudan curé de Bapaume en 1765 ; le mariage de Philippe Auguste est celui avec Isabelle de Hainaut qui eu lieu en 1180 à coté de Bapaume ; l'incendie de 1681 fût arrêté par les prières des fidèles et la présentation du saint sacrement.

Les verrières du chœur ne sont pas datées, mais certains évènements auxquelles elles se rapportent permettent de fournir la fourchette chronologique de leur réalisation. Ainsi, l'exécution du missionnaire Chapdelaine a eu lieu en février 1856 et les bombardements de Canton ont duré pendant toute l'année 1857, Pie IX a été pape entre 1846 et 1878, et Monseigneur Parisis a été évêque d'Arras de 1851 à 1866. Le croisement de ces dates place la réalisation des vitraux après 1860. Il en va de même pour la présence de M. Grardel (1788 - 1876), conseiller général du canton et maire de Bapaume, qui exerce ses fonctions au milieu du XIXe siècle, qui permet de dire que le vitrail a été réalisé vers 1860... ou des armes de Monseigneur Lequette, né à Bapaume en 1811, qui a été évêque d'Arras entre 1862 et 1882, ou enfin le portrait du curé Ténar qui a exercé ses fonctions à partir de 1855. Toujours d'après Dégardin, c'est à cet abbé que l'on doit le programme iconographique de l'église où il a voulu "développer la vie de Notre Seigneur par le symbole des apôtres".

Chapelle Notre-Dame-de-Pité

Une verrière "La mort de la sainte Vierge" (verres peints). Dégardin précise que cette verrière était située à droite, dans l'entrée de la chapelle. Il indique également que le fond de la chapelle était décoré de sept verrières, représentant Notre-Dame-de-Pitié et les six mystères du Rosaire. Il indique également qu'au dessus de la porte de la sacristie, une verrière offerte par la Compagnie de Sapeurs-pompiers, représentait Saint Donnat, sainte Cécile et Saint Clément, ainsi que le portrait de M. Ténar, curé-Doyen.

Chapelle du Sacré Cœur

A droite verrière vitres blanches. Au fond, verrières verres peints à six panneaux. Dégardin indique que les verrières représentaient Sainte Marguerite, sainte Catherine, Sainte Philomène, Saint Arnould et Saint Simon.

Chapelle Saint Joseph

Verrières semblables à la chapelle du sacré Cœur. Dégardin dresse la liste des verrières suivantes : Sainte Véronique, Saint Roche et Saint Joseph réunis dans la partie supérieure de la première verrière, saint Alexandre, les attributs de la Passion et M. Grardel, maire. La deuxième verrière n'a que deux personnages : Saint François d'Assise et Sainte Elisabeth.

Entre la chapelle et le clocher

Verres peints, "Saint Éloi et Saint Honoré".

D'après Dégardin, "Toutes les verrières étaient l’œuvre de Gautrelet, de Lille. On en admirait le charme des demi-teintes, le moelleux des nuances et l'harmonie des contours."

L'atelier Joseph Benoit est un atelier nancéien. Il a successivement vu travailler Joseph Benoit (1871-1939), puis ses deux fils Henri (1899-1960) et Pierre (1904-1977).

Joseph Benoit est né à Schirmeck en 1871 et mort à Nancy en 1936. Il fait sa formation auprès d'un peintre-verrier de Reims, Vermonet et en 1900, il commence son activité dans l'atelier d'un maitre-verrier nancéien, Joseph Janin, formé par Maréchal à Metz (1865-1870). En 1910, il prend la direction de l'atelier après le départ de Joseph pour cause de maladie et le reste jusqu'à la mort de ce dernier en 1912. A cette date, les fils de Janin reprennent l’atelier sous le nom de Janin Frères, en association avec Joseph Benoit. En 1922, ils se séparent à l’amiable pour créer deux ateliers et répondre à la surabondance de travail due à la Reconstruction.

Joseph Benoit s’installe quant à lui dans un ancien atelier de sculpteur, 37 rue Hermite. Dans les années 30, l'atelier compte jusqu'à 40 employés. En 1936, Joseph cesse son activité et ses fils, Henry et Pierre reprennent l’atelier sous le nom d’Atelier Benoit Frères. En 1960, après le décès d’Henry, Pierre reprend la direction de l’atelier qui déménage dans les anciens locaux de Janin, 12 rue Lionnois et devient Ateliers Benoit. Au départ en retraite de Pierre en 1969, la société est rachetée par les ouvriers de l’atelier et devient l’Atelier 54. Installé quelques années plus tard à Saint-Nicolas-de-Port (à proximité de Nancy) où la basilique entamait sa restauration, l'atelier a fermé en 2011.

L'atelier Janin a, quant à lui, fermé ses portes dès 1946.

Les informations suivantes sont tirées de Christel JAJOUX : Étude du fonds Höner - Janin - Benoit (1850-1950) déposé à l'Inventaire Général de Lorraine, mémoire de maîtrise d'histoire de l'art (dir. Francis Roussel), Nancy II, 1987.

L'essentiel de la production de Joseph Benoit est destinée aux églises. Y prédominent les thèmes religieux (Sacré-Cœur, Trinité, Baptême du Christ, vocations de Saint André, Saint Jean ou Saint Matthieu, lavement des pieds...) et patriotiques (particulièrement autour du l'histoire de Jeanne d'Arc ou de scènes de bataille commémorant les morts de la Grande Guerre). Attaché à la Coopérative de Reconstruction du Diocèse de Nancy, il travaille ainsi dans une vingtaine d'églises de Lorraine, et sort peu de sa région. Joseph Benoit crée lui-même la plupart des cartons, ne faisant appel à des artistes extérieurs que pour des commandes spéciales, comme pour les restaurations de vitraux d'églises classées Monuments Historiques. Joseph Benoit fait beaucoup de "porte à porte" auprès des églises détruites pour proposer ses services. En fonction du budget disponible et du style de l'église, il établit avec le curé et le maire le programme iconographique, détermine les données techniques du vitrail et propose les esquisses.

Après un temps d'arrêt de l'atelier pendant la seconde guerre, les activités reprennent dès 1945. Elles concernent essentiellement la restauration de vitraux d'églises détruites ou endommagées pendant le conflit. Les vitraux produits par l'atelier ont, comme avant-guerre, des thèmes religieux ou consacrés à la mémoire de la guerre (en particulier pour des vitraux commandés par des familles en mémoire d'un disparu). L'essentiel des productions de l'atelier est destiné à des églises lorraines, mais quelques chantiers concernent des églises d'autres régions (Pas de Calais, Nord, Saône-et-Loire), en particulier pour la restauration de vitraux réalisés par leur père. L'atelier Benoit Frères développe une activité de création, soit en dessinant eux-mêmes les cartons (Henri et Pierre sont élèves des beaux-arts de Nancy), soit en faisant appel à des artistes extérieurs. Henri Benoit livre lui-même les vitraux, dont le thème a préalablement été défini avec le curé qui a également validé les esquisses, et demande à ce que les poseurs soient logés chez l'habitant le temps du chantier, afin de renforcer les liens entre la population et l’œuvre installée dans l'église.