En 1384, les religieux de Saint-Valery possédaient au hameau grange, étable, four et terres encloses.
Le recensement de la population indique qu´en 1851, Tilloy rassemblait 220 âmes pour 40 maisons. En 1872, le nombre d´habitants avait diminué de 23 personnes mais huit maisons avaient été construites. En 1906, la population passa à 156 individus. Jusqu´en 1921, elle ne cessa de baisser pour atteindre 128 et pour enfin revenir à 143 habitants en 1931.
Le hameau se composait essentiellement d´exploitations agricoles. En effet, une construction sur trois était vouée à l´agriculture (tradition orale). Chaque exploitation, en moyenne de 13 hectares, avait son troupeau de moutons, mis en pacage dans les pâtures entourées de "clois" (clôture en Picard). La laine était vendue sur le marché sans avoir été travaillée.
D´après une habitante, les serruriers de Tilloy semblent avoir travaillé pour les deux usines de Saint-Blimond et pour l´usine Bricard à Escarbotin. Il ne reste malheureusement presque rien de ces ateliers à domicile. Il semble que les serruriers étaient rassemblés dans la même rue : la rue d´Estréboeuf. D´après l´état de section (19e siècle), un cordonnier vivait rue de Nibas, un maçon rue d´Estréboeuf mais la plupart des habitants étaient manouvrier, journalier, ménager, cultivateur, berger et tisserand (une grande majorité). Nous ignorons pour qui travaillaient les tisserands (probablement les manufactures abbevilloises) et quel matériau était utilisé (le lin ou la laine). Cette activité semble avoir disparu petit à petit à partir de la moitié du 19e siècle, disparition liée à la mécanisation du métier.
D´après l´observation du cadastre napoléonien, un bois occupait tout l´ouest du territoire : le Bois de l´Abbaye de Saint-Valery. Les lotissements étaient dessinés par les chemins de communication : la route principale menant de Pendé à Saint-Blimont et le décrochement de la place à l´ouest de la Route Départementale. Une rue secondaire permettait de se rendre à Nibas.
Les fermes, regroupées autour d´une place centrale, étaient toutes indépendantes mais relativement proches les unes des autres. Les pâtures et les champs, placés à l´arrière de chaque propriété, ceinturaient le hameau en parcelles laniérées. Au nord, tout comme à l´est, se regroupaient de petites fermes de ménagers composées d´un logis, souvent perpendiculaire à la rue, et d´une annexe agricole. Les logis des fermes de la Grande Rue étaient pour la plupart situés perpendiculairement à la voie de circulation.
La plupart des constructions étaient couvertes en chaume jusqu'au début du 20e siècle. D'ailleurs, l'une des rues du hameau été nommée "rue Brûlée" en souvenir d'un grand incendie qui y eut lieu en 1842 (Etat de section, Archives Départementales : 3P618/3). Une mare occupait le coeur de la place ainsi qu'une croix de chemin qui n'existe plus aujourd'hui.
D'après André Guerville, l'oratoire de Tilloy, situé à l'angle des routes de Saint-Valery et d'Estréboeuf abritait une statuette datant du 15e siècle représentant Notre-Dame de la Pitié (elle fut volée en mai 1979) devant Jérusalem. Cette statuette était posée sur un cul de lampe à chardons épineux. L'oratoire semble, lui, dater de la limite des 19e et 20e siècles.