« Le tombeau suivant est celui de Mme Catherine BERIGNY [H14], veuve de M. le chevalier GAYANT, inspecteur-général des Ponts-et-Chaussées, décédée le 26 avril 1836, à l´âge de 61 ans.
Son monument se compose d´une colonne en marbre noir, de 1 mètre 80 centimètres environ d´élévation, supportée par un piédestal. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 122.
« Les sépultures des familles CANAPLE et GUILBERT [H24] viennent à la suite de la précédente. Les monuments en sont fort simples, mais le terrain y est parfaitement entretenu. Des thuyas et autres arbustes au sombre feuillage y agitent leurs rameaux mélancoliques, lesquels, par les ombres qu´ils reflètent, font revivre plus fortement dans la pensée le souvenir de ceux qui reposent dans cette tombe, et qu´on croit encore voir apparaître sur la terre pour nous redire adieu. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 123-124.
« La tombe de la famille JEROSME [H32], qui suit immédiatement celle de M. FACQUEZ, offre plusieurs monuments détachés, tous aussi simples les uns que les autres.
On remarque d´abord un cippe à fronton et oreillons, surmonté d´une urne ; il porte cette inscription :
« Ici repose le corps
de M. Anthime-Joseph JEROSME,
propriétaire,
décédé à Paris, le 9 septembre 1842,
âgé de 59 ans. »
« Bon père, tendre époux,
Ami dévoué, fidèle ;
Il fut aimé de tous,
Et de tous, le modèle. »
Vient ensuite une colonne en pierres, parallèle au cippe précité ; une croix dorée la surmonte. Sur le fût de la colonne est gravée cette épitaphe :
« Ici repose le corps
de dame Marguerite-Victoire
GUIDEE,
Epouse de M. Jacques JEROSME,
ancien négociant,
décédée le 5 janvier 1836,
âgée de 79 ans. »
Enfin une borne antique, élevée à la mémoire de M. Agatocle JEROSME, fils de M. Anthime et de dame Virginie GUIDEE, dont nous venons de nous occuper, on lit les vers suivants, fort bien sentis :
« Beau lys, le ciel jaloux t´enviait à la terre ;
C´en est fait ! sourd aux cris d´un père et d´une mère,
Il veut d´un monde impur préserver ta candeur.
Nature, tu gémis : quel coup, quelle rigueur !
Mais écoute la foi : par un heureux échange,
Dans un fils bien aimé, dit-elle, vois un ange,
Et même en le pleurant souris à ton bonheur ! »
Ce jeune homme mourut le 31 décembre 1832, à l´âge de 11 ans. Une grille entoure cette sépulture, ornée de plates-bandes bordées de buis et plantées de fleurs.
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 126-128.
« En suivant, nous passons devant une colonne en marbre noir granité qui décore la tombe de M. RIQUIER [H36], Jean-Baptiste-Guillaume, décédé le 27 avril 1842, à l´âge de 80 ans. M. RIQUIER était doyen du conseil de préfecture, vice-président de la chambre de commerce, membre de l´académie d´Amiens et chevalier de la Légion d´Honneur.
Une grande affluence de citoyens, les autorités de la ville, M. le Préfet, des membres de la chambre et du tribunal de commerce, le conseil de préfecture, une députation de l´académie, etc., ont accompagnés le corps jusqu´au cimetière. Plusieurs discours ont été prononcés, notamment un par M. Gossart, au nom d conseil de préfecture, et un autre par M. Obry, chancelier de l´académie, au nom de cette compagnie.
M. RIQUIER était un de ces esprits persévérants que les obstacles n´arrêtent que quand l´impossible leur est démontré. Longtemps il rêva le projet de doter son pays de deux branches d´industrie propres au midi de la France : la culture du mûrier et l´éducation des vers à soie. Déjà des résultats avaient été obtenus, après d´immenses efforts, mais la mort ne lui permit pas de mener à fin une pareille tentative.
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 133-134.
« La première sépulture qui attire nos regards est celle de la famille AMYE [H46], y compris son ami, M. FRANCHEMONT, ainsi que l´indique l´inscription gravée sur le monument, qui est fort simple ; c´est un cippe en pierre et à chapiteau, surmonté d´une urne cinéraire. Une croix d´honneur, celle dont est décoré M. AMYE, conseiller à la cour d´Amiens, est gravée sur la face principale. M. FRANCHEMONT, propriétaire et rentier, dont les liens d´amitié qui l´unissaient à M. AMYE sont attestés si authentiquement par la volonté de ce dernier, ce qui honore l´un et l´autre, repose déjà dans ce dernier asile où ils se réuniront pour ne se plus séparer. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 134-135.
« Tout auprès est une colonne sur piédestal et socle que termine une urne drapée à laquelle est suspendue une couronne d´immortelles d´une exécution remarquable. C´est le monument de la famille LEFEBVRE [H47], ingénieur en chef au corps des mines de cette ville.
Son épouse repose sous ce monument ; elle est décédée le 8 avril 1842 âgée de 42 ans.
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 118-119.
« A la suite, nous rencontrons la sépulture de la famille DELAHAYE-DEROGY [H49]. Une borne antique, surmontée d´une croix, nous fait connaître le dernier asile de M. DELAHAYE-MARTIN, qui, ainsi que le mentionne son épitaphe, a passé la plus grande partie de sa vie au service gratuit de ses concitoyens. Il fut président du Jury d´inspection des arts et métiers, et pendant au moins 20 ans il présida le conseil des prud´hommes à la satisfaction des justiciables, qui trouvaient en lui un homme intègre, conciliant et ferme à l´occasion. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 135.
« Nous arrivons devant la sépulture de M. Jean-Baptiste ROUTIER [H70], docteur en chirurgie, décédé le 21 décembre 1839, à l´âge de 62 ans. Rien de plus simple que ce monument composé d´un cippe à chapiteau formé de deux consoles renversées, au milieu desquelles s´élève une urne. Ce monument est établi sur parpaing. Sur la face principale on lit l´épitaphe suivante, gravée sur une table en marbre noir :
« Ici repose
Louis-Jean-Baptiste ROUTIER,
Docteur en chirurgie,
Chevalier de la Légion-d´Honneur,
Chirurgien en chef de l´hôpital Saint-Charles,
Membre de l´académie d´Amiens,
Membre correspondant de l´académie de médecine de Paris. »
L´académie des sciences et des arts du département de la Somme perdit en M. ROUTIER l´un de es membres les plus zélés. M. Fevez, collègue de ce dernier, prononça sur sa tombe un discours dont nous extrayons le passage suivant imprimé dans le journal le Glaneur. [...]»
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 136-137.
«Le monument suivant, représenté par un piédestal terminé par une demi-sphère que surmonte une croix, est celui de dame Annette FOUACHE-D´HALLOY [H72], épouse de M. le comte Auguste DE GORGUETTE D´ARGOEUVRE, décédée le 7 mars 1843, à l´âge de 45 ans. Cette dame est la soeur de M. FOUACHE D´HALLOY, dont nous venons de parler. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 140.
« Le monument suivant, magnifique pyramide hexagonale en marbre de Boulogne, est élevée sur l´emplacement destiné à la sépulture de la famille PILLON DE RIBAUCOURT [H81], ancien négociant de cette ville. Cette pyramide est en tout semblable à celle dont nous avons parlé à l´occasion de la sépulture BARBIER-LEQUIEN, située dans la plaine F. Comme celle-là, elle a été exécutée, sur le plan de M. Herbaut, dans les ateliers de M. Gaudy, de Boulogne. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 141.
« Les deuxième et troisième sépultures en continuant sont celle de M. François-Michel, baron DE LATAPIE DE LIGONIE [H88], décédé le 26 juin 1843 à l´âge de 74 ans, qu´une pierre horizontale recouvre, et celle de la famille BIONVAL. Sur un cippe égyptien en marbre blanc veiné on lit l´épitaphe de M. DE BIONVAL, Marie-Martin MENGIN, ancien employé supérieure de la recette générale, décédé le 12 mai 1843, âgé de 64 ans. Tout près est un piédestal en marbre semblable à celui du cippe, indiquant la tombe de Melle Salomon-Marie-Joséphine-Mina MENGIN DE BIONVAL, fille du précédent, décédé le 31 janvier 1842, à l´âge de 18 ans.
Chacune de ces sépultures est enceinte d´une grille de fer et n´offre rien de particulier. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 142-143.
«Nous nous arrêtons devant une borne antique en pierre de Senlis, qui joint presque la sépulture de M. DE BIONVAL [H89], et nous admirons à l´élévation supérieure de ce simple monument, destiné à perpétuer le souvenir de la famille LOREL AINE, un bouquet de roses et de tulipes sculptées dans un médaillon, et sur lequel s´arrête, avec un charme indicible, l´oeil du promeneur. On ne peut se lasser, en effet, de contempler la fraîcheur et l´épanouissement de ces fleurs artistement groupées, dont on voudrait, tout en regrettant de ne le pouvoir, respirer le parfum qui semble devoir s´en exalter. L´exécution de ce médaillon est de M. Champion, sculpteur, actuellement à Arras. Sur le premier plan s´élève une colonne qui n´offre rien de remarquable. Le fût est couvert d´inscriptions indiquant les noms et qualités des personnes inhumées dans cette sépulture. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 143-144.
« La suivante est celle des familles FOURNIER-VASSEUR et WARMEL-FOURNIER [H90]. Le monument se compose d´un cippe terminé en gothique, établi sur parpaing. Il est divisé en 2 compartiments par une torche renversée, et sur chacun d´eux est gravé le nom de la famille à laquelle il est affecté. Une croix, qu´encadrent deux palmettes et supporte une attique à rosaces, termine ce monument. A sa base sont gravées plusieurs inscriptions en caractères gothiques. Il a été construit par M. Polart-Vast. Deux plates-bandes ornent de chaque côté cette sépulture où reposent plusieurs membres des deux familles. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 144.
« La sépulture de la famille VERU [H100], qui vient après la précédente, offre une espèce de pyramide méplate surmontée d´une urne cinéraire. Une table de marbre noir couvre une partie de la face principale. On doit regretter que ce marbre ne s´encadre pas de manière à couvrir entièrement le fût de la pyramide, cela eût été plus conforme au bon goût et aux principes de l´art. Une grille en fer, supportée par un mur d´appui et des bornes en pierre, entoure cette sépulture où repose Mme VERU, née Elisabeth-Thérèse LIEVIN. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 145-146.
« Une colonne en pierre, de petite dimension, nous indique la dernière demeure de M. François-Thomas FRENNELET [H117], ancien chef de bureau à la Préfecture de la Somme et ancien militaire : son épouse, Genneviève DEGOVE, et leur fils, sont réunis à lui. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 156.
« L´âme contristée par une double idée de l´instabilité des choses d´ici-bas et de l´éternité, abandonne toute préoccupation matérielle devant la tombe de la famille TOURNIERE [H120], qui joint celle de M. BRAJEUX... Une ruine et un tombeau de famille ! n´est-ce pas plus que nous n´en pourrions dire sur les revers écrasants de cette famille, naguère encore, opulente, considérée aujourd´hui anéantie, n´ayant pas même l´espoir de reposer dans ce caveau, recouvert d´asphalte, construit à grand frais expressément pour elle, et décoré par les mains d´artistes estimés.
Nous ne devons ni ne voulons faire la biographie de M. TOURNIERE, ancien notaire de cette ville dont il commanda la garde nationale, en qualité de colonel, pendant plusieurs années. Pour nous, volontaires ou imprévus, tous les malheurs ont droit à notre pitié, et à la pitié la plus compatissante.
La première femme de M. TOURNIERE fut inhumée dans cette sépulture ; depuis, elle en a été exhumée pour être réunie à d´autres membres de sa famille, à Péronne.
Un fort beau tronçon de colonne en marbre noir qu´entoure, à l´élévation supérieure, une gracieuse couronne composée de roses, de reines-marguerites, de fleurs de pavots et de feuilles de lierre, s´élevait sur cet emplacement. Un ange pleureur en beau marbre blanc, qu´on regrette de ne plus revoir, M. Deforceville en ayant fait l´acquisition, surmontait cette colonne. Il n´est plus donné maintenant qu´aux amis de l´artiste que nous venons de nommer d´admirer ce chef-d´oeuvre, qu´il a placé dans son jardin. Des ifs, cultivés avec soin, essayaient leur douteux avenir dans cette terre étonnée de les recevoir (on sait que l´if n´a jamais pu être cultivé à la Madeleine, du moins facilement) ; et plus d´un passant, malheureux ici-bas où il ne peut quelquefois pas trouver un asile pour reposer ses membres engourdis par le froid ou fatigués par de durs travaux, enviait le repos de cette tombe ! Seule, entre toutes celles de la Madeleine, elle ne doit peut-être plus se rouvrir, et celui à qui elle fut destinée n´en trouvera-t-il qu´une condamnée à l´oubli en se refermant sur lui.
La colonne dont nous venons de parler a été transportée dans l´enceinte qui sert de sépulture à la famille de M. MAREST. La sculpture de la couronne est d´une rare perfection et digne de ses auteurs, MM. Duthoit. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 156-158.
« Dans l´enfoncement à la suite, environnée d´une grille en fer, on remarque une pierre horizontale supportée par un soubassement en briques. C´est la tombe de M. Jean-Baptiste-Etienne, comte DE L´ESTANG [H123], capitaine de vaisseau de la marine royale, chevalier de l´ordre royal et militaire de Saint-Louis, décédé le 1er avril 1817, âgé de 78 ans.
Les armes de la famille sont gravées au-dessous de son épitaphe. Elle porte : écartelé : au premier chef d´azur, un chevron d´or ; au deuxième, d´azur à trois trèfles, 2 et 1 ; au troisième, trois losanges, 2 et 1 ; au quatrième, trois hures de sanglier, 2 et 1 ; sur le tout sept losanges, 4 et 3, avec cette devise : Multis ille bonis flebilis occidit.
Il fut inhumé primitivement au cimetière du Blamont d´où on l´exhuma, le 30 décembre 1833, pour le déposer dans la tombe qui nous occupe actuellement.
La famille et la vie de M. le comte DE L´ESTANG sont peu connues dans cette ville. Originaire de la Bretagne, il fut destiné par son père, ainsi que ses deux frères, au service de la marine royale. Ces deux derniers moururent fort jeunes. M. le comte DE L´ESTANG se distingua de bonne heure dans la carrière qu´il embrassa, aussi fut-il décoré à l´âge de 18 ans de la croix de Saint-Louis. Sans pouvoir indiquer les combats auxquels il a assisté, nous savons qu´il a été prisonnier en Angleterre pendant plusieurs années. Son corps fut sillonné par onze blessures, à la suite desquelles il fut obligé de quitter le service, ne pouvant plus marcher qu´à l´aide de béquilles dont il se servit pendant les sept dernières années de sa vie. Ayant habité une dizaine d´années à Saint-Quentin, il vint se fixer à Amiens, et y recueillit la succession de M. DE ROMAINVILLE, major de la ville, qui était son bel-oncle. Pendant les quinze années qu´il passa à Amiens, il s´occupa beaucoup de mathématiques, science qu´il possédait et pratiquait d´une manière remarquable. »
Extrait de Stéphane C[omte], pp. 158-160.
« Le troisième monument est une borne antique semblable à la première. Elle est érigée sur l´emplacement où sont déposées les dépouilles mortelles de M. Nicolas PETIT [H132], chanoine titulaire de la cathédrale d´Amiens, promoteur du diocèse, décédé le 7 mars 1846, âgé de 87 ans. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 233-234.
« A droite du précédent, on remarque un monument de forme gothique d´un assez beau travail [H133]. Cependant les proportions ne nous paraissent pas parfaitement observées ; par exemple, le socle, d´une petite dimension, n´est pas en rapport avec l´élévation du monument. Dans les deux ogives de face sont gravées les inscriptions suivantes :
« Jean-Baptiste MAURIAC,
prêtre de la mission, attaché à la paroisse Ste-Anne,
décédé le 17 mai 1845, âgé de 42 ans.
Tous les jours, il allait au milieu de ses frères,
il les consolait, et leur distribuait ce qu´il pouvait ! »
Et dans l´ogive de droite, cette autre :
« Ici repose le corps de Jean-Baptiste-Augustin
FROISSARD,
prêtre de la mission et curé de Sainte-Anne,
décédé le 7 juillet 1845, âgé de 42 ans.
Il annonçait la parole de Dieu avec une sainte
hardiesse ! Et il rendait témoignage, avec une grande
force, à N-S. Jésus-Christ. »
Au-dessous des deux ogives, est gravé ce témoignage d´estime, de reconnaissance et de regrets :
« Dignes d´être aimés et irréprochables dans leur vie ! La paroisse de Sainte-Anne reconnaissante leur a fait élever ce monument. »
Le chapiteau et la croix sont ornés de feuilles de vigne, sculptées par M. Bourquin ; l´exécution en est irréprochable. La construction du monument est de M. Brare-Sainneville, auquel il fait le plus grand honneur. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 232-233.
« Nous ramènerons le visiteur dans le carré H, en face de la porte de la chapelle, où nous apercevons quelques monuments d´un assez beau style.
D´abord, sur une même ligne, nous remarquons ceux de quatre prêtres de cette ville. A gauche, sur une borne antique, on lit les inscriptions de M. BOURGOIS et de sa soeur [H134], morts le même jour, singularité assez remarquable. M. BOURGOIS était chapelain du cimetière de la Madeleine, où il exerça, pendant longtemps, le ministère sacré. Il habitait, avec sa soeur, le logement affecté à l´ecclésiastique attaché à cet établissement. Ils moururent le 23 janvier 1844, le frère âgé de 80 ans, la soeur, de 71. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 232.
« Derrière les monuments dont nous venons de parler, nous remarquons celui élevé dans l´enceinte de la sépulture affectée à la famille POTIER [H135].
Il est de forme moderne, établi sur un double socle, et surmonté d´une urne cinéraire à laquelle est suspendue une couronne d´immortelles, le tout en pierres. Sur la face du second socle, trois belles tables de différentes dimensions sont disposées pour servir à l´usage d´inscriptions funèbres : on lit celles des père et mère des frères POTIER, ainsi que celle du beau-père de l´un d´eux, le sieur Charles. Le fût du monument est divisé par trois autres tables en relief et de même grandeur, sur lesquelles on lit les inscriptions suivantes :
« Charles POTIER, directeur des diligences d´eau, décédé le 24 mars 1834, âgé de 39 ans. »
« Yves-Alexandre POTIER, chevalier de la Légion d´Honneur, syndic du port, décédé le 28 mars 1843, à l´âge de 44 ans. »
« Jean-Baptiste POTIER, directeur de la barque l´Estafette, décédé le 6 novembre 1845, à l´âge de 48 ans. »
Le monument est flanqué de chaque côté d´un pilastre supporté par un socle, sur la face duquel est sculptée une couronne de feuilles de chêne ; sur les attiques des pilastres sont figurées des médailles d´honneur dont étaient décorés les trois frères. Dans le tympan du fronton est également figurée la croix de la Légion d´Honneur, et le nom de la famille à la mémoire de laquelle est érigé ce monument, y est gravé.
Les frères POTIER, placés par la naissance dans une condition obscure, se sont élevés, aux yeux de tous, de toute la noblesse de leur coeur, et de leur généreux dévouement à la cause de l´humanité. Jamais un péril n´a eu lieu en la présence de l´un d´eux, sans qu´instantanément il ne s´y soit précipité pour en sauver la victime. Aussi tous trois étaient-ils décorés de plusieurs médailles d´honneur, justement méritées, et Alexandre, de la croix de la Légion d´Honneur.
Les obsèques de ce dernier ont eu lieu avec quelque pompe. M. le maire de la ville, accompagné de l´un de MM. les adjoints, prononça, au moment de l´inhumation, un discours qui produisit une vive impression sur les auditeurs, et dans lequel notre premier magistrat, consciencieux appréciateur du mérite partout où il se rencontre, sans acceptation de rang ni de fortune, paya un juste tribut de regrets et d´hommages à la mémoire du courageux citoyen dont le dévouement exemplaire sauva la vie à plus de cent personnes en danger de se noyer.
A peine âgé de 44 ans ; M. Yves-Alexandre POTIER a succombé à une maladie d´entrailles.
Le monument est entièrement de M. Salé : plan, pose et taille des pierres et sculpture. La sépulture est close par une claire-voie et une haie vive. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 234-236.
« Derrière la précédente sépulture est celle de M. DEMETZ [H152], François, courtier de commerce, décédé le 31 août 1845, à l´âge de 58 ans.
Son monument se distingue particulièrement par une croix dorée en fer de 3 mètres de haut que supporte un beau piédestal en pierres. Une grille en fer avec ornements en fonte entoure cette tombe. »
Extrait de Stéphane C[omte], p. 126.
« A quinze pas environ, sur la droite, nous trouvons la tombe de M. l´abbé VINCENT, sur l´emplacement de laquelle s´élève un cippe à chapiteau, surmonté d´un calice.
Sur la face on lit cette inscription :
« A la mémoire de M. l´abbé VINCENT,
ancien professeur au collège royal d´Amiens,
officier de l´Université, professeur à l´école normale
de cette ville,
membre de l´académie d´Amiens
et de plusieurs sociétés savantes. »
Et au-dessous :
« M. l´abbé VINCENT était un excellent
humaniste : sa perte a été vivement ressentie
par ses amis, ses connaissances, et surtout
par sa famille, qui est inconsolable. »
M. l´abbé VINCENT était d´une telle modestie, que peu de personnes, en dehors du cercle de ses amis intimes, connaissaient ses titres, et les connaissances d´un ordre élevé qu´il possédait.
A l´élévation supérieure du cippe dont nous avons parlé, est sculptée une croix, entourée par deux branches de palmiers. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 236-237.
« Derrière la sépulture de la famille Facquez-De la Vallée [H 31], toujours dans le carré H, on peut remarquer une tombe environnée d´une clôture en bois vermoulu, autour de laquelle croissent des roses et quelques plantes parasites. Sur cet emplacement s´élève un cippe antique en pierre. C´est le dernier asile de M. l´abbé DALLERY. On lit sur sa pierre l´épitaphe suivante :
« A la mémoire
de M. Louis-Gabriel DALLERY,
prêtre, chanoine honoraire de la cathédrale d´Amiens,
recteur de l´Académie de la même ville,
chevalier de l´ordre royal de la Légion d´Honneur,
décédé le 19 novembre 1826, âgé de 64 ans. »
M. DALLERY mourut à la suite d´une maladie cruelle et d´une opération bien plus cruelle encore. Les élèves du collège royal et de plusieurs institutions particulières, les professeurs du collège et de l´école secondaire de médecine suivirent son convoi. Le corps fut porté par les élèves du collège jusqu´au cimetière.
M. DALLERY naquit à Amiens en 1762, où il fit ses études littéraires, et d´où il passa à Paris au séminaire St-Sulpice. Il fut reçu docteur ; il émigra à la Révolution. Rentré en France, et quelque temps après, il fut nommé censeur au collège royal d´Amiens ; puis successivement proviseur de ce collège, recteur de l´académie, et promu à la dignité de chevalier de l´ordre royal de la Légion d´Honneur. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 237-238.
« Enfin l´avant-dernière sépulture sur cette ligne est celle de M. Charles-Julien-Joseph-Florent DE MALLET, comte DE COUPIGNY-D´HENU, ancien officier supérieur d´infanterie, chevalier de Saint-Louis, né à Occoches, le 25 octobre 1760, et décédé à Amiens, le 13 janvier 1842. Le monument se compose d´un cippe en marbre blanc avec chapiteau à oreillons sculptés. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 134.
« Nous rencontrons à quelques pas de là un piédestal à peu près semblable au précédent, surmonté d´une corniche que termine une attique cintrée. Sur chacune des faces de ce monument sont gravées les inscriptions des personnes inhumées dans l´enceinte de cette sépulture, affectée à la famille D´ARGOEUVES, anciens seigneurs de la commune de ce nom, située à une lieue d´Amiens.
Mme la comtesse D´ARGOEUVES, née Jacqueline-Thérèse DEMON, décédée le 2 août 1840, à l´âge de 75 ans, M. le comte D´ARGOEUVES, époux de la précédente, ancien capitaine de dragons et ancien membre de l´académie d´Amiens, décédé le 3 décembre 1839, dans sa quatre-vingtième année, le chevalier DE GORGETTE D´ARGOEUVES, maréchal de camp et armées du Roi, chevalier de l´ordre royal et militaire de Saint-Louis, reposent en ce lieu. »
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 140-141.
"A la suite se présente la sépulture de la famille DECAGNY-CHEVALIER, marchands de nouveautés de cette ville. Le monument est de forme moderne, le fronton est surmonté d'une croix, et trois plaques en marbre noir, appliquées sur la façade, attendent leurs funèbres inscriptions. La table de droite porte les noms de deux enfants qui ne firent un pas dans la vie que pour se hâter de l'abandonner et de rentrer dans l'éternité, qu'ils ne semblent avoir quittée que pour faire naître des regrets sur la terre.
Ce monument, qu'entoure une grille en fer supportée par un mur d'appui, est de M. Leroy-Caussin."
Extrait de Stéphane C[omte], 1847, p. 144.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.