"Nous reprenons la droite, et aimons à nous arrêter devant cette borne antique que cache en partie le buis aux rameaux sombres, le houx épineux et plusieurs plantes parasites qui croissent à l'entour. C'est la 7e sépulture, à droite, après celle que nous venons de quitter ; elle est environnée d'un treillage. Rien de plus simple que cette tombe où sont déposées les dépouilles mortelles d'un jeune homme, l'orgueil et l'idole de sa famille, qu'une terrible épidémie, qui sévissait alors au collège d'Amiens, la fièvre typhoïde, enleva au monde, comme l'ouragan emporte la fleur naissante. M. Louis-Emile-Hyacinthe MAROTTE, décédé le 18 juin 1838, âgé de 17 ans, repose sous cette pierre sur laquelle est gravée cette inscription :
Ange de douceur et de vertu, élève distingué du collège d'Amiens, petit-fils de M. MAROTTE, ancien doyen du conseil de préfecture, fils unique qui laisse un père et une mère mortellement blessés. / - / Enfants et pères priez pour lui et priez / pour ses parents !
Puisse l'expression de nos regrets, que notre muse balbutie, alléger quelque peu ceux de parents aussi aimants.
Hélas ! Encore assis sur les bancs de l'école, / Il voyait l'avenir sous un prisme doré ; / Et comme on voit au soir l'éclatante auréole / Présager un beau jour ardemment désiré, / La vie ouvrant pour lui sa pesante barrière, / Déjà lui révélait une noble carrière... / Mais un souffle de mort sur sa tête a passé, / Et le jeune arbrisseau sur sa tige a cassé !"
Stéphane C[omte], 1847, p. 124-125.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.