Origines
La première mention de "Sacosa" ("Choqueuse") se trouve dans une charte du Cartulaire du chapitre d'Amiens, datée de 1034. Ce nom pourrait dériver du latin "salix" (saule) et donc désigner une terre "pourvue de saules". Le chuintement picard aurait ensuite transformé "Sauqueuse" en "Choqueuse". Près de l’église, la ferme dite du château de Choqueuse atteste la présence de l'ancienne motte féodale à l'origine de la fondation du village. La forme courbe du logis actuel reprend certainement le tracé de l'ancien chemin de ronde.
Au 14e siècle apparaît l’extension "-les-Besnard", qui renverrait à l’existence d’un écart rattaché à Choqueuse, disparu à la suite d’un incendie selon un témoignage local. Il se serait situé dans le fond du vallon juste au sud de l'actuel village. Il ne figure pas sur la carte de Cassini (milieu 18e siècle). Sa disparation semble donc antérieure au 18e siècle. Les habitants des Bénards, sans logement à la suite de l'incendie, se seraient alors déplacés à Choqueuse. Leurs habitations auraient été reconstruites avec les vestiges de celles des Bénards (témoignage oral).
Dans son Précis Statistique, Louis Graves cite un écuyer, Josse de Paillart, comme seigneur de la terre de Choqueuse en 1507. Jean-Baptiste Lecaron, conseiller au baillage d’Amiens, l’acquiert en 1670. La cure de Choqueuse était conférée par l’évêque d’Amiens.
Évolution de la morphologie du village et du parcellaire
À l'origine, le noyau d’habitations s’est organisé autour du château dont la chapelle est devenue église paroissiale. Un presbytère, aujourd'hui disparu mais figuré sur le cadastre de 1833, se trouvait juste au sud du cimetière, rue du Tour de Ville. Le village se développe peu à peu le long de la route menant de Catheux à Conteville. Il prend ainsi la forme d’un village-rue, ramifié toutefois autour de la place centrale et de sa mare par deux petites artères circulaires au nord et au sud. Au 19e siècle, la mairie-école et l'imposante ferme de la famille Babeur s'implantent également au centre du village, près des pôles paroissial et castral. Une autre place s’est développée à l’intersection de la Grande Rue et de la rue menant au Bois Vidame. Le cadastre de 1960 illustre les conséquences de l'exode rural commencé dans la 2e moitié du 19e siècle et accentué dans la 1ère moitié du 20e siècle: les petites exploitations disparaissent (fermes picardes à granges sur rue) et laissent la place à des fermes plus importantes issues de remembrements ou des parcelles nues. À partir des années 1980, quelques pavillons individuels se sont implantés aux extrémités est et ouest du village.
L’implantation parcellaire régulière le long de la Grande Rue est un témoignage de l’occupation la plus ancienne. Les parcelles s’étendent perpendiculairement à la rue principale, en lanières juxtaposées, plus ou moins régulières. Une première couronne de parcelles, contiguë aux habitations, est complétée par une ceinture de prés, surfaces aux dimensions plus larges. Cette disposition est typique des villages qui prolongent la vallée de la Selle, aux environs de Crèvecoeur, dont les habitants ont plus longtemps conservé des pratiques de polyculture et d’élevage (Conteville, Catheux).
Lieux partagés et structurants
Collecter et partager l'eau
Compte tenu de la porosité du sol calcaire et de l’absence de source d’eau proche, il a été indispensable de construire des moyens pour la collecter. Puits et mares sont encore présents à Choqueuse. Au cœur du village, entre la rue Babeur et la Grande Rue, une imposante mare a été aménagée. Elle est déjà visible sur le cadastre de 1833. Côté rue Babeur, ses murs, alternant assises de brique et de pierre de taille calcaire, sont encore en place. La seconde mare du village se trouve à l’intersection entre la Grande Rue et la rue menant au Bois Vidame. Ses murs en brique sont intégralement préservés. Son emplacement d'origine visible sur le cadastre de 1833 était légèrement plus au sud. Elle a été déplacée à la suite de la destruction des habitations qui se trouvaient à sa place actuelle.
Deux puits communaux sont encore conservés. L’un se situe en face de la mairie, l’autre à côté de la mare à l’intersection entre la Grande Rue et la rue du Bois Vidame. Ils prennent tous les deux la forme d’un petit édicule architecturé en pierre calcaire, couvert d’un toit à deux pans.
Les limites du village: croix de chemin et Tour de Ville
Le Tour de ville de Choqueuse, dont la présence est indiquée par la "rue du Tour de Ville" qui y mène, est toujours en place, au sud du village. Caractéristique des communes du plateau picard, il est constitué de sentiers qui ceinturent le village en séparant la zone habitée des parcelles cultivées. À Choqueuse, il s’étend derrière la zone de pâturages, et rejoint la rue de la Salette, à l’est, et la rue du Tour de Ville, à l’ouest. Aujourd’hui, quelques pavillons occupent les anciens prés.
L’entrée ouest du village est matérialisée par une croix, dite Calvaire Decaux (famille propriétaire), à l’intersection de la Grande Rue et d’un des sentiers du Tour de Ville. Érigée une première fois en 1777, elle a été reconstruite deux fois: en 1809 et en 1837. Elle a été restaurée en 2010 par le menuiser Frédéric Devillers et le peintre Hervé Degournay. Une seconde croix en fonte est située au cœur du village, près de la mare en face de l’église. Elle est signée "Soyez, serrurier à Beauvais". Elle remplace une croix en pierre avec Christ en fer, détruite vers 1800 (archives de l'association pour la connaissance et la conservation et des croix et calvaires du Beauvaisis).
Édifices et équipements publics
Située au coeur du village, la mairie-école a été construite dans le 3e quart du 19e siècle. Comprenant une salle de classe, le logement de l'instituteur et la mairie, elle n'assure plus que cette dernière fonction de nos jours.
Une première remise des pompes à incendie a été construite dans le dernier quart du 19e siècle à côté de l'entrée du cimetière. En 1901 est construite la seconde, plus spacieuse, à côté de la mairie (AD Oise, archives communales).
Le monuments aux morts de la guerre 1914-1918 a été érigé vers 1923 (AD Oise, archives communales).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).