Dufételle indique que le Châteauneuf correspond à l'ancien fief Croüy-Boulainvilliers, « don du roi au comte Henri de Boulainvilliers, en 1716 ». En 1735, la digue élevée en 1597 fut condamnée par la tempête. Une nouvelle digue fut construite en 1737 afin de remplacer la première. Les molières furent louées et le premier locataire fut M. de Châteauneuf qui donna son nom à la rencloture : "on ne doit appeler Châteauneuf que la partie comprise entre la digue construite en 1597 et celle de 1737" (Dufételle). D'après Prarond, « on assura alors que ce ne fut que par la suite des travaux exécutés pour cette renclôture que le pays fut exposé aux inondations, inconnues jusqu'en ce temps et qui nécessitèrent une levée de deniers, trois sols par journal, pour des travaux d'écoulement ». En 1737, on y construisit une ferme importante qui appartenait en 1784 pour trois cinquièmes à Madame de Ses-Maisons, pour un cinquième aux religieux de Saint-Valery et pour le denier cinquième à N ... Mailly.
Cet écart figure sur la carte de Cassini (vers 1756) sous le toponyme "La Mollière ou Château Neuf" ; il y est représenté sous le symbole d'une "maison", selon la légende. En 1787, il semble que ce soit "M. Guerrier de Lormoy, ancien écuyer du Roi, capitaine du comte d'Artois" qui devient propriétaire d'au moins une partie du domaine de Château-Neuf, selon Rodière.
D'après le document conservé aux Archives Départementales (24 J 10), en 1792, une quinzaine du territoire du Châteauneuf appartenait à l´abbaye de Saint-Valery. Vendu en plusieurs lots sous la Révolution, Dufételle explique que "le citoyen Lefèvre de la Houplière acquit la partie centrale qui continua de porter le nom de Châteauneuf, et qui plus tard fût divisée en trois fermes : celle de M. Charles de la Houplière que possède et habite à présent M. Elluin-Jacquet ; celle de M. Vincent de la Houplière qui est devenue la propriété de M. Destrée ; et enfin celle de M. Victor de la Houplière, dont le fermier actuel est M. Blin Paul, qui eut pour prédécesseurs MM. Devisme-Bouly et Tétu-Lens. Ainsi il y a peu de temps encore, tout le Châteauneuf était en culture et passait pour l'un des plus riches établissements agricoles de France. Aujourd'hui ce sont des pâturages où l'on engraisse plus de 2000 bêtes à cornes chaque année". Nous retrouvons donc bien les deux fermes imposantes la ferme du Châteauneuf et le Châteauneuf, ainsi que le Trou à Mouches (aujourd´hui sur le territoire de Fort-Mahon).
En 1814, le hameau était encore menacé par les incursions de la mer en raison du mauvais état de la digue qui le protégeait (A.D. 80 : 24 J 10). Au début du 19e siècle, la ferme fournissait abondamment de ses moutons les marchés de Poissy où des bouchers venaient les acheter pour Paris. Il semble également que le hameau fournissait de nombreux boeufs, alors très recherchés. "Des cultivateurs du Vimeu et de la Normandie viennent y acheter des laiterons ou poulains d´un an dont la race parmi eux est fort estimée".
D'après l'article paru en juin 1939 dans la revue "Le Pays Picard", la fertilité des terres du Châteauneuf est due à leur formation récente. En effet, la rive sud est alimentée par les alluvions venus de la rive nord et transportés par les fleuves, créant ainsi les molières, recouvertes deux fois par jour par la mer et couvertes de plantes halophiles (exigeant une eau salée). Les renclôtures ont permis la conservation de ces terres fertiles, qui ne sont désormais plus alimentées par la mer et aujourd'hui destinées à la culture.
D'après le recensement de population de la commune de Quend, en 1872, le Châteauneuf rassemblait quatre maisons et 35 individus.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.