Sur un plan établi par Dufételle indiquant la situation du hameau en 1737, cette ferme n'y figure pas. Après la Révolution, les terres du Châteauneuf (600 hectares) appartenant à l´abbaye de Saint-Valery furent divisées en trois fermes : celle-ci, son pendant en face de la route départementale et le Trou à Mouches (aujourd'hui sur le territoire de Fort-Mahon).
Le plan du cadastre napoléonien (1828) est quelque peu différent de celui d'aujourd'hui. En effet, le logis est toujours à son emplacement, utilisant tout le côté oriental de la cour. Mais la cour était divisée en deux par un mur ou un bâtiment, percé en son centre. Le bâtiment situé à l'ouest n'occupait que la moitié sud du côté occidental et disposait d'un second édifice en retour d'équerre vers la cour. Un long bâtiment semblait longer la route au sud. Un petit édifice à section carrée occupait le sud de la propriété, probablement un colombier. Un moulin à vent apparaissait au nord de la propriété. Il est probable qu'à l'origine, toutes les constructions de cette exploitation étaient entièrement composées de pierre de taille sur solin de silex, dont on trouve encore des vestiges sur les murs pignons et mur gouttereau postérieur de l'ensemble des bâtiments. La plupart des édifices datent donc probablement de la seconde moitié du 18e siècle ou du début du siècle suivant. Sur le soubassement de la maison, on constate la présence d'un petit cartouche sur lequel est inscrit la date de 1742. Nous ignorons si cette date est bien celle de la construction de cet ensemble agricole mais les techniques et matériaux de construction (pierre de taille) pourraient attester d´une édification au 18e siècle.
Les murs gouttereaux des bâtiments agricoles sur cour ont été reconstruits, probablement au début du 20e siècle. Les étables à cochons ont probablement fait partie de cette vague de construction.
A l'origine, les parcelles étaient uniquement consacrées à l'herbage, l´exploitation ne pratiquait que l'élevage (bovin et ovin). Les moutons étaient parqués le long de la Baie d'Authie. Les chevaux étaient également très réputés ; des concours de jument étaient d'ailleurs organisés à la ferme. Les étables au nord pouvaient accueillir 56 bêtes et leur pendant à l'ouest abritait douze vaches vêlantes. L'exploitation possédait donc en moyenne 70 à 80 vaches. Les chemins reliant les pâtures étaient à l'origine flanqués de haies.
Les exploitants travaillaient en étroite collaboration avec les bouchers et les marchands qui leur écoulaient ainsi le bétail. Certains bouchers élevaient leurs propres animaux.
Les quelques ouvriers de la ferme dormaient dans les étables.
Les Allemands ont investi la ferme lors de la Seconde Guerre mondiale et y ont établi leur Kommandantur. Une partie des étables fut transformée en prison.