Les parcelles de petite taille sont dans un premier temps justifiées par la volonté de rentabiliser le lotissement. Sur un terrain inculte car sablonneux, la volonté des propriétaires était aussi de ne pas posséder trop d'espace, qu'il est nécessaire de planter pour fixer la dune : pour des non sédentaires, cette tâche ardue et couteuse était donc évitée.
Le plan de reconstruction de Quend-Plage, par G. Lecompte architecte urbaniste, 1946.
L'arrêté ministériel du 19 mai 1945 déclare la commune sinistrée, ce qui induit la mise en place d'un plan de reconstruction soumettant toutes les constructions nouvelles à une autorisation préalable. L'architecte urbaniste G. Lecompte, chef du service départemental de l'urbanisme et de l'habitation de la Somme est désigné le 18 juin 1945. Il établit un premier projet le 16 juin 1946.
Le périmètre de la reconstruction concerne uniquement la station balnéaire de Quend-Plage. Le choix de G. Lecompte est de conserver les voies en place et d'en ajouter de nouvelles afin de respecter de la topographie. Ainsi, au lieu d'aplanir les dunes, ce qui est fort coûteux et risque de mener à un paysage monotone, il souhaite tirer partie des monticules sableux et dessiner des voies courbes.
La voie centrale (avenue de la Plage) est conservée, mais la continuité des implantations à l'aplomb de la rue est rompue par la création d'espaces libres qui a l'avantage de permettre aux véhicules automobiles de stationner et de rompre la monotonie de l'alignement urbain.
Projets non réalisés
A l'entrée de la station balnéaire, il est prévu d'élargir la place de l'église, croisement entre l'avenue de la plage qui mène à la mer et une route qui, prolongée, pourrait mener à Fort-Mahon-Plage (cette dernière liaison est effective depuis la création de Belle-Dune). Une place du Marché est prévue à l'arrière de l'actuel îlot 6, autour de laquelle une servitude de construction était envisagée, à la manière de la place de Fort-Mahon-Plage, à savoir avoir obligatoirement mais uniquement au rez-de-chaussée, une hauteur de 4 m sous plafond et comporter une arcature régulière formant portique, ce qui impose des largeurs de parcelles en façade de 8 ou 12 mètres. Le nombre et la hauteur des étages restent libres.
Le boulevard maritime en place est mis en valeur par une esplanade de la mer, espace en demi-cercle au bout de l'avenue de la plage qui permet d'avoir une vue dégagée vers la mer.
La rue de Brest, prévue sur le plan de lotissement de 1925, n'est qu'un terrain sablonneux en 1946 : l'architecte prévoit de l'élargir (portée à 10 mètres) de façon à ce qu'elle prenne l'allure d'une avenue transversale nord-sud, coupant la station en deux Dans sa partie sud, elle doit être plantée.
La rue de Londres, qui part de la place de Picardie, doit être élargie et devenir une avenue qui se prolonge vers le sud en une courbe rejoignant la rue de Brest prolongée.
Un vaste quartier situé au nord de la station était prévu, avec des voies courbes, relié à l'avenue principale par un jardin public non réalisé.
Projets réalisés
Une place des fêtes (actuelle place Charles-de-Gaulle) est prévue sur un emplacement vide et doit servir à accueillir les forains les jours de fête, comme d'assurer un dégagement visuel au futur casino envisagé. Un emplacement pour un parc à automobiles est réservé au nord de la station .
Le boulevard maritime établi en front de mer est élargi pour permettre le stationnement des véhicules automobiles et l'accès direct aux habitations.
L'avenue Foch, déjà en place, est conservée et a pour fonction de doubler l'avenue de la Plage. Près de la plage, elle rejoint la place de Picardie, diminuée de surface.
Au sud de la station, un vaste espace irrigué par des voies courbes est prévu, animé par un jardin d'enfants. Si ce dernier n'a pas été réalisé, le quartier s'est par contre développé dans les années 1960-1970, portant le nom de 'Petite Californie'.
Les nouvelles constructions à édifier doivent suivre des normes de surface proportionnelles à la surface totale de la parcelle, ceci selon quatre zones différenciées.
Dans la zone A, le long de l'avenue de la Plage et en front de mer, les parcelles nouvellement créées sont portées à 200 mètres carrés minimum, avec 40% de surface bâtie et 10% pour les annexes. Les immeubles anciens qui peuvent être reconstruits disposent d'une dérogation de 160 mètres carrés avec 50% de surface bâtie et 10% pour les annexes.
Dans la zone B, autour de l'avenue de l'Amiral-Courbet et de l'avenue Foch, où les parcelles non construites sont majoritaires, les parcelles doivent faire 300 mètres carrés minimum avec 30% de bâti et 10% pour les annexes.
Dans la zone C, zone à créer au sud et au nord de la station, les parcelles doivent faire au minimum 500 mètres carrés avec 20% de surface bâtie et 10% pour les annexes.
Enfin, hors périmètre, les parcelles doivent faire au minimum 1000 mètres carrés avec 10% de bâti et 10% pour les annexes.
Le choix est donc d'aérer la station, avec des parcelles plus grandes et une emprise bâtie moins importante. Le projet est cependant modifié et les surfaces de parcelles diminuées :
- en zone A on passe de 200 mètres carrés à 175 mètres carrés
- en zone B, on passe de 300 à 250 mètres carrés
Aucune prescription esthétique ne doit être suivie.
Les voies anciennes ne sont soumises à aucune règle de recul, que seules doivent suivre les voies nouvelles, avec une zone de non aedificandi de quatre mètres. Les constructions en front de mer doivent répondre à un recul de six mètres.
Les équipements : projets et réalisations
Un projet de casino ne sera finalement pas réalisé au centre de l'avenue, derrière la place des Fêtes, remplacé par un cinéma. La commune doit profiter du terrain de sports construit à Fort-Mahon.
Le réseau d'adduction d'eau doit être restauré (établi en 1937) et le réseau d'assainissement construit.
Le premier projet est rectifié et approuvé par la préfecture le 28 septembre 1954.
Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.