Chronologie
Les quartiers de villégiature balnéaire se développent bien après l'apparition dans les années 1840 d'une activité de bains de mer. Les premiers lotissements fondateurs d'un quartier ou d'une station balnéaire sont d'origine publique, terrains municipaux (Mers-les-Bains) ou appartenant à l'Etat (Cayeux-sur-Mer, Saint-Valery-sur-Somme) . Cette conscience, très précoce, du potentiel balnéaire des villages maritimes est à signaler, les spéculateurs privés ne faisant que leur succéder.
1846 (vers) : établissement de bains construit par un certain Jean-Baptiste Fanthomme au Crotoy
1847 : liaison ferrée Paris-Amiens-Abbeville-Noyelles
1852 : bains à Cayeux-sur-Mer, installés par un certain François Dufresne
1854 : bains de la ville à Saint-Valery-sur-Somme
1858 : prolongement de la ligne de chemin de fer jusqu´à Saint-Valery-sur-Somme
1858 : installations de bains à Mers-les-Bains
1858 : exploitation des bains à Ault par Pierre-Marie Cléré, serrurier
1870 (vers) : découverte d´Onival (commune d´Ault) par l´artiste peintre Firmin Girard qui y construit la villa Saint-Luc
1873 : liaison ferrée Paris-Amiens-Abbeville-Le Tréport-Mers
1873 : lotissement des terrains municipaux de Mers-les-Bains, situés sous la falaise
1877 : lotissement du front de mer de Cayeux-sur-Mer par l´Administration du Domaine qui vend ses lais de mer composés de galets
1880 (vers) : lotissement du Romerel à Saint-Valery-sur-Somme par l'Administration du Domaine
1880 (vers) : lotissement d'Onival par Louis Gros
1882 (vers) : lotissement du site de Brighton (commune de Cayeux-sur-Mer) par une société anglaise et une société française
1887 : prolongement de la ligne de chemin de fer vers Cayeux-sur-Mer et Le Crotoy
1887 (vers) : aménagement de Fort-Mahon-Plage par Louis Petit
1887 (vers) : aménagement de Quend-Plage par Hippolyte Renard
1896 : dernier lotissement municipal de Mers-les-Bains
1896 (vers) : lotissement de Bel-Air (Bourg-d'Ault) par Jean-Baptiste Theulot
1898 : lotissement du Bois-de-Cise par Jean-Baptiste Theulot
Types de croissance
Nous pouvons dissocier deux types de stations :
- le type des stations qui sont des extensions d'un pôle ancien, situé près des eaux (Mers-les-Bains, Bourg-d'Ault et Ault-Onival, Cayeux-sur-Mer, Saint-Valery-sur-Somme, Le Crotoy) ;
- le type des stations créées ex nihilo, sur des sites vierges mais au fort pouvoir attractif (bois à Brighton et au Bois-de-Cise) ou dont les pôles anciens sont dans les terres (Quend-Plage et Fort-Mahon-Plage) .
Modes de croissance
Ces quartiers nouveaux présentent divers types de croissances, le plus souvent déterminés par la topographie en place. Nous pouvons en déterminer trois types selon que la station se développe le long de la mer, perpendiculairement à celle-ci, ou selon un plan radioconcentrique :
- au sud de la baie de Somme, les falaises, les déclivités de terrains et les quartiers en place limitent parfois les implantations, les croissances s´opérant alors le long d´un front de mer. A Mers-les-Bains, le quartier balnéaire est circonscrit dans un espace limité au sud par la rivière de la Bresle, et au nord par la falaise, l´extension ne pouvant se faire que par l´arrière, ce qui a néanmoins permis à la ville de se développer dans un premier temps le long de la mer. A Onival, le lotissement est circonscrit entre le bourg ancien au sud, les contreforts de la falaise à l´est et une zone marécageuse au nord et n´a pu se développer qu´en longueur, le long de la mer. A Saint-Valery-sur-Somme, le quartier balnéaire est une étroite bande de terre longeant la baie de Somme qui butte à l´ouest contre l´enceinte de la ville médiévale et à l´est contre les quartiers anciens du port. Enfin, au Crotoy, les quartiers balnéaires s´étendent vers le nord, le long de la mer, sans s´enfoncer dans les terres.
- le cas du Bois-de-Cise nous permet de passer au second type, celui d´un développement perpendiculaire au front de mer : le site est circonscrit au fond d´une valleuse qui ne permet pas d´autres extensions que celle décrite. Au nord de la Baie de Somme, les stations de Fort-Mahon-Plage et Quend-Plage présentent un urbanisme axé sur une voie centrale perpendiculaire à la plage, ossature de voies implantées selon la logique du quadrillage. Cette disposition peut paraître étonnante sur un site pourtant vierge, mais nous pouvons peut-être l´expliquer par la présence de dunes qui a certainement favorisé ce regroupement, les sables volatiles impliquent un urbanisme groupé pour lutter contre cet élément.
- le troisième type est celui du plan radioconcentrique. A Brighton, cette croissance est voulue dès le départ, par le plan dressé par les lotisseurs, et participe à une exploitation paysagère du site qui contraste fortement avec la linéarité de l´ensemble des stations de la Côte picarde. A Cayeux-sur-Mer, bien que le plan ne soit pas strictement radioconcentrique de par le tracé des voies, la croissance suit pourtant ce mouvement, avec un quartier balnéaire en front de mer et une extension en corolle vers l´arrière, jusqu´à la gare de chemin de fer, limite extrême de la croissance urbaine.
Types de plans
La trame des voies percées au sein de ces quartiers balnéaires implique deux types de représentations urbaines :
- les formes quadrillées et rectilignes, sur des sites généralement plats (Mers-les-Bains, Onival, Le Crotoy, Quend, Fort-Mahon) ;
- les formes paysagères, avec des voies sinueuses (Bois-de-Cise, Brighton) .
Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.