Origines
L'occupation de cette zone remonte à la période gauloise car des vestiges d'habitations de cette époque ont pu être identifiées dans le bois à l’ouest du village. C’est dans un diplôme de Charles le Chauve daté de 850 que se trouve la première mention connue de Fontaine ("Fontanoe super fluvio Salam", que l'on pourrait traduire par "Fontaine-sur-Selle"). L’étymologie se fonde sur la racine "Font" qui vient de "fons" c’est-à-dire fontaine, source en latin. La situation du village, implanté au bord de la Selle, ainsi que la présence de sources ferrugineuses peut-être déjà connues à l'époque, expliquent le choix de ce toponyme.
Sous l’Ancien Régime, le chapitre d’Amiens était le principal seigneur de Fontaine. Il possédait notamment les fermes de Valallet et de Malassise (détruites). La ferme située sur la place du village est l’ancienne ferme du chapitre cathédral d’Amiens et son installation a certainement été à l’origine de la constitution du village.
D'autre part, des sources d'eau minérale ferrugineuse sont découvertes en 1770 et reconnues pour leur valeur médicinale. Elles seront exploitées de manière industrielle dans la seconde moitié du 19e siècle avec l'installation d'une usine de mise en bouteilles, construite au sud du chef-lieu, à côté de la gare de Fontaine. Cette dernière apparait également à cette époque dans le cadre de l’aménagement de la ligne ferroviaire de la vallée de la Selle, mise en service en 1876. Une laiterie, installée dans le dernier tiers du 19e siècle au cœur du village, profite aussi de l'arrivée du chemin de fer pour exporter le lait à Paris.
Au cours de la Première Guerre mondiale, la gare de Fontaine, tout comme celle de Croissy-sur-Celle, est fortement sollicitée pour ravitailler les fronts de la Somme. Chevaux, vivres et munitions sont ainsi acheminés par le train. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le village connait des destructions importantes en 1940, en particulier dans la Grande Rue où plusieurs habitations seront reconstruites dont le logis de la minoterie (n°57 Grande Rue). La ligne de chemin de fer sera fermée aux voyageurs en 1945 et aux marchandises en 1969. Les activités industrielles du village (laiterie, graineterie Dubernay, usine des eaux ferrugineuses) déclinent alors fortement.
Évolution de la morphologie et du parcellaire
Au Moyen Âge, à la suite du développement des domaines détenus par le chapitre cathédral d'Amiens, un pôle paroissial avec église et cimetière est constitué juste à l'est de la Selle. Un pont, dont l'origine est peut-être médiévale, permet d'accéder à l'autre rive et à la rue d'Empire. Parallèlement, le bâti se développe le long de la Grande Rue encore un peu plus à l'est. Cet axe constitue la voie terrestre principale de la vallée de la Selle. L’habitat s’y densifie rapidement. Derrière la place, la rue de l’Abreuvoir menait certainement à une zone où les troupeaux allaient boire, dans un bras de la Selle. Entre cette rue et la Grande Rue, la Neuve Rue est tracée dans un second temps.
La présence de l’eau et de sources permet l’aménagement de plusieurs moulins à eau, dont deux sont déjà visibles sur la carte de Cassini (1757) : le moulin dit de Catheux et un second au cœur du village. Deux autres se trouvent sur le plan d’état-major (milieu du 19e siècle) : le Moulin des Roches et celui qui se trouvait juste au nord de celui-ci et dont il ne reste qu'un ancien bâtiment d'exploitation.
Le parcellaire est irrégulier, l’implantation du bâti s’étant faite en s’adaptant aux contraintes d’un paysage vallonné et humide. C’est le long de la Grande Rue que l’habitat est le plus dense et réparti sur des parcelles plutôt régulières, en lanières, à la manière de l’implantation propre aux villages du plateau picard. Les parcelles des habitations de la rue d’Empire sont toutefois plus larges et sont souvent complétées par une pièce de pâture, là où le parcellaire plus étroit de la Grande Rue est bloqué, côté droit, par le fort dénivelé de la pente de la vallée. Le tracé sinueux des rues, qui a épousé les formes de la vallée et de ses cours d’eau a contraint la population à varier les orientations des parcelles et des édifices. Le bâti est le plus clairsemé au sud de la Grande Rue et dans la rue d’Empire.
Depuis les années 1930, la population oscille entre 300 et 250 habitants. Avec le développement de la laiterie, des logements ouvriers sont construits après la Seconde Guerre mondiale (ruelle du Faubourg). Cette dernière a également entraîné des destructions d'habitat en particulier le long de la Grande Rue. À partir des années 1950, les constructions de pavillons sont surtout concentrées le long de la Grande Rue, et en particulier au sud de celle-ci, au niveau de la Sotte Rue.
Lieux partagés et structurants
Les croix de chemin : les limites du village
Les croix de chemin servaient le plus souvent de bornage pour signaler les limites des villages et constituaient souvent des étapes dans les processions religieuses. À Fontaine, trois croix de chemin sont encore visibles aujourd'hui. Elles sont situées à des sorties et des intersections de voies de communication. Celle qui se situe à l'intersection de la route de Doméliers (D65) et de Cormeilles a été réalisée par A. Becouard à Amiens (inscription portée). Les deux autres se situent aux extrémités nord et sud de la Grande Rue.
Gérer et partager l’eau
Si 15 puits et 2 mares sont mentionnés dans le village en 1902 (Notice descriptive et statistique du département de l'Oise), les habitants de Fontaine bénéficient de la présence permanente de l’eau de la Selle dans le village. La présence de sources est également un vrai atout. Les fontaines sont des lieux essentiels du partage de l’eau. Les cartes postales du début du 20e siècle montrent la fontaine Bigaud, située dans la rue Saint-Cyr (ruisseau canalisé au bord de la rue) et la fontaine Saint-Cyr et Sainte-Julitte (au niveau du pont qui traverse la Selle et débouche sur la rue d’Empire). Cette dernière a été restaurée en 1882 après l'élargissement de la chaussée. À cette occasion, une nouvelle source a été découverte et une souscription des habitants a permis l'installation du groupe sculpté en bronze (Archives de l'Association pour la conservation et la connaissance des croix et calvaires du Beauvaisis). Il semble également qu'un ancien bénitier a été employé comme support à la sculpture : est-ce celui qui se trouvait dans l'église ? La croix plantée sur le petit muret est une construction postérieure et privée financée par la famille Savoie.
Aménagements et édifices publics
La cabane du lieutenant de louveterie qui détenait le droit de chasser les loups est toujours en place à la lisière du bois à environ 1,5km à l'ouest du village. Construit en 1884 comme l'indique la date portée sur l'entrée, l'abri actuel est aujourd'hui un rendez-vous de chasse.
L’ancien presbytère (n°10 rue de l'Abreuvoir) a été converti en mairie après la Révolution. C'est dans les années 1860 que la construction de l’actuelle mairie-école est décidée. L'école est toutefois de nouveau transférée dans l’ancien presbytère où elle est toujours actuellement.
La remise des pompes à incendie située sur la place du village a été construite en 1879 (AD Oise ; série O). La place plantée de tilleuls, a été aménagée au 19e siècle après le déplacement du cimetière. Le monument aux morts y est érigé en 1923.
La gare est toujours en place, au lieu-dit Les Sources, ainsi que les entrepôts ferroviaires. La maison du garde-barrière est implantée à l'extrémité de la rue d'Empire (n°18), sur la route menant à Lavacquerie. Une agence postale se trouvait dans la Grande Rue, au n°38.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).