Inventaire général du patrimoine culturel - Région Hauts-de-France
| L'Inventaire général du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France

 

 

Fondé en 1964 par André Malraux, ministre de la Culture, l’Inventaire général du patrimoine culturel a pour mission de « recenser, étudier et faire connaître » le patrimoine urbain, architectural, artistique et mobilier de la France, selon les mots même du ministre. Cette compétence a été transférée aux Régions en 2007. 

 

Dans les Hauts-de-France, la documentation scientifique rassemblée depuis plus de 40 ans est publiée sous la forme de dossiers généraux ou individuels qui présentent les édifices ou objets mobiliers étudiés avec textes de synthèse, notices historiques et descriptives, photographies, cartes ou plans, et sources bibliographiques.

Une photothèque et un blog en ligne complètent les données et l’information sur l’actualité du service. 

Partez à la découverte des 14000 dossiers publiés et de leurs 200000 photographies ! Bonne visite !

 

Les études à la une
Image du jour
Vue de la pièce vers la porte ouvrant sur le salon de compagnie.
Lumière sur

Lieux stratégiques de pouvoir ou de défense, éléments marquants de l'espace bâti et paysager, les châteaux et demeures ont toujours joué un rôle de premier plan dans la structuration et l'aménagement du territoire, dans le Val de Nièvre comme ailleurs.

Le Môyen Âge et la Renaissance, de la motte castrale au manoir

Les premières traces d'occupation féodale du territoire sont les mottes castrales établies entre le 10e et le 12e siècle le long de la Nièvre (Canaples, Flixecourt, Halloy-lès-Pernois) ou de la Somme (L'Étoile). Elles sont remplacées aux siècles suivants par des châteaux ou maisons fortes commandant les principales voies de communications, comme les château de Pont-Remy et Saint-Ouen, probablement fondés au 14e siècle (détruits), celui de Bettencourt-Saint-Ouen, qui portait probablement la date de 1488, ou le manoir des évêques d'Amiens à Pernois, reconstruit comme demeure de plaisance durant le 3e quart du 16e siècle (détruit).

D'après les représentations anciennes, l'autre manoir de Pernois, dit « Petit Château » (également détruit), semblait sensiblement contemporain, mais son aspect le rapprochait davantage de la maison urbaine que de l'architecture castrale proprement dite. La représentation de l'ancien manoir d'Havernas renseigne quant à elle sur un type de logis à élévation ordonnancée construit dans la seconde moitié du 16e et au début du 17e siècle.

Les 17e et 18e siècles, le château de plaisance en brique et pierre

Les plus anciennes demeures conservées sont les châteaux en brique et pierre des 17e et 18e siècles, qui s'inscrivent avec leurs aménagements rationnels dans une typologie régionale bien identifiée. Le modèle du château de plaisance à la française, qui s'élabore à partir des années 1630, trouve sa pleine expression avec les châteaux de Vauchelles-lès-Domart, Ribeaucourt et Saint-Léger-lès-Domart. L'ancien château de Ville-le-Marclet (détruit) aurait été construit en 1755 selon ce parti.

Mais le 18e siècle est surtout la période des petits châteaux en rez-de-chaussée, comme ceux de Bettencourt-Saint-Ouen, Fransu, Houdencourt ou L'Étoile (détruit). Ces « maisons des champs », plus modestes mais tout aussi harmonieuses que les précédentes, sont les résidences de campagne de la petite noblesse citadine lorsqu'elle séjourne sur ses terres.

Le 19e siècle et l'historicisme

Dans la seconde moitié du 19e siècle, le dynamisme de la vallée de la Nièvre profite également au renouveau de l'architecture domestique pour les classes aisées. Entièrement remanié entre 1836 et 1845 dans le style troubadour, l'ancien château fort de Pont-Remy use déjà de façon précoce et pittoresque du vocabulaire et des formes qui composeront le style néogothique. Sous le Second Empire, le propriétaire amiénois François Alexandre Hesse, pour sa part, fait agrandir dans le style néo-Renaissance une demeure construite vers 1840, accompagnée d'un singulier bâtiment de communs d'inspiration néoclassique sur un plan annulaire.

Le château d'Havernas est reconstruit à partir de 1875, peu après l'église paroissiale, d'après les plans des architectes Victor et Paul Delefortrie, très actifs dans le domaine de l'architecture domestique dans la Somme, et qui sont également les auteurs de deux des trois « châteaux industriels » de la famille Saint à Flixecourt (Château blanc, Château rouge, château de la Navette).

Ce genre architectural, qui fait la part belle aux citations historicistes, est également celui du nouveau « château » de Canaples, réalisé d'après les plans d'Anatole Bienaimé, architecte de nombreuses villas de la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais), mais aussi des magasins coopératifs Saint Frères dans la vallée de la Nièvre.

De la demeure à la villégiature

Ces derniers exemples introduisent également le type de la villégiature dont plusieurs exemples, « villas » en village ou rendez-vous de chasse en forêt, témoignent d'une nouvelle forme d'occupation du territoire au tournant des 19e et 20e siècles. C'est également à la famille Saint qu'appartient le château de Ville-le-Marclet, reconstruit à partir de 1918 et qui est à la fois le dernier château et la première villa des années 1920-1930. L'exemple le plus abouti de ce type architectural est la propriété d'Adrienne de Berny à Ribeaucourt, véritable villa balnéaire édifiée en 1932 par Louis Quételard, architecte lui aussi de nombreuses villas du Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais).

Vauchelles-lès-Domart, château, 2e quart du 17e siècle.