Une des premières colonies de vacances de la Côte picarde est construite vers 1883 pour l'orphelinat de Cempuis (Oise), sur les hauteurs de Mers-les-Bains. A l'époque, l'édifice est nommé 'colonie scolaire', mais le but est le même que celui des colonies de vacances construites quelques décennies plus tard : celui d'accueillir les enfants des classes sociales défavorisées, vivant le plus souvent en milieu urbain, afin qu'ils profitent de l'air sain du bord de mer.
Les commanditaires de ces édifices sont des structures administratives ou d'assistance de Picardie ou de la région parisienne (orphelinat de Cempuis, département de la Seine) ou des personnes privées (famille Groult à Brighton [fig. 4]).
Au cours de l'entre-deux-guerres, le nombre de colonies de vacances croît, mais rares sont les édifices construits : les établissements sont installés dans des maisons de villégiature (Les Moulinets à Ault, La Bastille à Cayeux-sur-Mer) ou des hôtels de voyageurs (Hôtel des Sapins à Brighton, détruit ou Nouvel Hôtel au Bois-de-Cise) [voir ces dénominations]. Les enfants passent surtout leur été à Cayeux-sur-Mer, Fort-Mahon-Plage et Quend, stations qui connaissent le plus grand nombre de colonies à cette époque. Dans ces deux dernières stations, la volonté était de ne pas voir se développer de sanatoriums, qui ont fait le succès de Berck, mais au contraire d'attirer une clientèle familiale à la recherche d'un air sain. Le succès de leur plage, vaste préventorium, doit beaucoup à cet argument publicitaire.
Beaucoup de colonies de vacances ont été dénaturées au fil des décennies, parmi les plus emblématiques (Fondation Groult à Cayeux-sur-Mer, colonie du département de la Seine à Mers-les-Bains), de même que beaucoup de colonies ont dénaturé d'anciennes villas. A Fort-Mahon-Plage et Quend, un certain nombre d'édifices a été détruit au cours de la Seconde Guerre mondiale et l'on a pu recenser des exemples tardifs [fig. 5].
Pour les adultes des classes sociales défavorisées, travaillant dans les villes, des 'foyers de villégiature' sont fondés à Onival (communes d'Ault et de Woignarue) par des associations philanthropiques [fig. 6]. Ces édifices sont les seuls exemples à avoir cette fonction sur l'ensemble de la Côte picarde. Ceux-ci sont actuellement des immeubles à logements.
Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.