Introduction
La commune de Fransu s'étend sur une superficie de 564 hectares pour une population de 119 habitants en 2006 (336 en 1896), ce qui représente une densité de 21 habitants au km² (données INSEE).
Le territoire communal est situé en grande partie sur un plateau, sur lequel s'étend le village prolongé à l'ouest par une vaste étendue cultivée appelée la Plaine. Il est bordé au nord et à l'est par le massif continu des bois de Ribeaucourt et Monsieur-de-Berny. Ce massif formait une partie du domaine du château de Ribeaucourt dont le propriétaire, Gérard de Berny, fit construire dans les années 1930 la maison forestière dite la Maison rouge. Le vallon dit fond de Ribeaucourt forme la limite de la commune à l'est, et se prolonge au sud par le Fond de Quin, vers le village de Franqueville. À l'est du Fond de Quin, le plateau dit les Écléfauts forme une clairière entre les bois de Ribeaucourt et Monsieur-de-Berny. Un autre vallon, la vallée Biset, forme la limite naturelle de la commune au sud.
Le hameau de Houdencourt, qui ne comprend plus aujourd'hui que le manoir, est situé dans le vallon entre le fond de Ribeaucourt et le fond du Quin.
Comme souvent sur les plateaux, un réseau routier assez dense traverse la commune. La R.D. 130 relie Franqueville à Mesnil-Domqueur et la R.D. 66, Gorenflos à Ribeaucourt.
En 2000, 5 exploitations agricoles (8 en 1988) regroupaient une superficie agricole utilisée (SAU) de 565 ha (608 ha en 1988), soit une SAU moyenne de 113 ha (76 en 1988). Les surfaces agricoles de la commune représentaient 468 ha de terres labourables (510 ha en 1988) et 158 ha de cultures fourragères (182 ha en 1988), dont 400 ha de superficie en fermage (395 ha en 1988) (données AGRESTE). Ces chiffres traduisent une diminution du nombre des exploitations depuis une vingtaine d'années, ainsi qu'une augmentation de leur taille moyenne, qui est une des plus importante de l'aire d'étude. Cette situation s'explique en grande partie par le fait que la ferme du château exploite les terres du château de Ribeaucourt. Les surfaces agricoles de la commune sont en légère diminution, mais la superficie en fermage reste très importante.
Historique
Les prospections de l'archéologie aérienne menées par Roger Agache ont décelé l'emplacement d'une villa gallo-romaine sur le plateau à l'ouest du village actuel. Ce vaste domaine agricole a probablement été repris durant le haut Moyen Age par les moines de l'abbaye de Saint-Riquier, comme l'indiquerait le toponyme la Terre des Moines.
Depuis le Moyen Âge, le territoire de l'actuelle commune de Fransu a été partagé entre les seigneuries de Fransu et de Houdencourt. La seigneurie de Fransu était située dans la mouvance de la châtellenie de Domart, et le premier titulaire connu est Henri Quiéret, chevalier. Un château fort est mentionné au 14e siècle à Fransu. De 1450 à 1649, les seigneuries de Fransu et de Bouchon se sont transmises successivement par alliance aux familles de Beauvoir, de Bournonville, de Monchy puis de Sailly.
Durant la guerre de Trente Ans, Fransu a été pris et pillé à plusieurs reprises par les troupes impériales entre 1635 et 1647. Comme dans toute la partie nord de la France, cette époque troublée des guerres de Religion et de la guerre de Trente Ans, entre le milieu du 16e et le milieu du 17e siècle, a favorisé l'aménagement d'une muche (carrière souterraine) pour protéger les récoltes, et accessoirement la population. Située sous l'emplacement de l'ancien château médiéval, au niveau de la rue Madame, elle présente un plan comparable à celle de Domqueur, avec une galerie coudée flanquée de chambres.
Plusieurs fiefs, relevant de la châtellenie de Domart, étaient également situés sur le territoire de l'actuelle commune : Pignacourt, formé de "maison, granges, étables, pourpris et jardin de 4 journaux, 2 journaux de prés entourés de haies vives, 32 journaux de pierre labourable", ainsi que le Bois-Louis, formé de " maison seigneuriale, chambres, granges, étables, cour, jardin, colombier, comprenant un enclos de 6 journaux, le Bois Louis de 3 journaux, 3 journaux de prés clos de haies vives et 57 journaux de terre labourable », appartiennent à partir de 1703 aux seigneurs de Fransu, qui acquièrent également en 1780 l'important fief d'Ivregny.
Sous l'Ancien Régime, Fransu relevait de l'élection et du grenier à sel de Doullens, de la prévôté de Saint-Riquier et du bailliage d'Amiens. La paroisse relevait de l'évêché d'Amiens, archidiaconé du Ponthieu et doyenné de Saint-Riquier.
La commune a été occupée par les troupes allemandes en 1870 et contrainte de payer une contribution de 3740 francs.
A la fin du 19e siècle (monographie communale), les terres agricoles étaient cultivées en blé (129 hectares), seigle (10 hectares), avoine (92 hectares), betterave à sucre (9 hectares), pomme de terre (29 hectares), betterave sucrière (9 hectares), pomme de terre (29 hectares), betterave fourragère (18 hectares). Les terres agricoles sont partagées entre 55 exploitations, dont 32 ont une superficie inférieure à 5 hectares. En revanche, 10 fermes sont assez importantes, dont celle du château qui exploite 65 hectares. La culture du lin et du chanvre, peu productive, a été abandonnée. Une carrière de cailloux à ciel ouvert est toujours exploitée pour couvrir les routes.
Des troupes britanniques ont stationné stationné à Fransu durant la Première Guerre mondiale, et deux soldats tués accidentellement en 1916 ont été inhumés dans le cimetière. Les troupes allemandes ont occupé le village à partir du 20 mai 1940, et la maison Legris, en face de l'église, a abrité le commandement militaire local (Ortkommandantur). Le 24 juin 1944, une escadrille de bombardiers Lancaster de la Royal Air force part en raid visant le site de missiles V1 de Prouville. Un des avions, touché par la mitraille de la défense antiaérienne ennemie, s'écrase au lieudit les Écléfauts, entre Fransu et Ribeaucourt. Parmi les huit aviateurs de l'équipage, seuls deux ont survécu, tandis que quatre autres ont été inhumés dans le cimetière de Fransu.
Le village
Le village est organisé autour d'un axe nord-sud formé par la rue du Bon-Blé, la Grande-Rue et la rue Heurtevent. Deux voies perpendiculaires interrompent cette rue, la rue Madame, à l'angle de la ferme du château, qui forme un tronçon de la R.D. 130 vers Domqueur au nord-ouest, et la route de Ribeaucourt, vers l'est, au nord du village. La rue principale s'élargit au centre de l'agglomération pour former un usoir devant l'église et le cimetière.
Le village concentre le bâti de la commune de Fransu, à l'exception de deux unités isolées formées au nord par la maison forestière dite Maison rouge, en lisière du bois de Ribeaucourt, et le manoir de Houdencourt au sud-est. L'église paroissiale est l'élément le plus anciens du village, qui semble avoir toujours eu la forme et l'emprise du village-rue représenté par le plan cadastral de 1833, et aujourd'hui traversé en partie par la
R.D. 130. Les coutumes locales ont été rédigées le 22 septembre 1507.
Le conseil municipal du 14 mai 1874 a approuvé la construction d'une remise de matériel d'incendie près de la mare, située devant l'église et le cimetière. La même année, l'emplacement voisin des deux maisonnettes à toit de chaume (A 568 et 569), détruites l'année précédente mais que l'on voit sur l'aquarelle de Macqueron datée de 1872, est repris par la commune (matrice des propriétés foncières).
Dans la seconde moitié du 19e siècle, le village a été marqué par l'exode rural, la plupart des habitants partant travailler vers les sites industriels de Saint-Léger-lès-Domart et Flixecourt.
La croix dite de la Jeunesse a été érigée en 1863 par la famille Lesueur à l'occasion du mariage de leur fille. A l'entrée sud du village, la croix de la route de Franqueville a été érigée à la fin du 19e siècle par Marie Robillard.
Une petite grotte dédiée à la Vierge a été construite à l'extrémité de la rue madame en 1954. L'année suivante, un château d'eau, d'une profondeur de 72 mètres et d'une hauteur d'eau de 20 mètres, a été construit à l'ouest du village, en lisière de la Plaine. Le comblement de la mare ainsi que la destruction de la remise en 1977 ont permis le réaménagement de la place publique et la création d'un accès central pour le cimetière en 1986. La salle polyvalente a été construite en 1989.
L'habitat
Le nombre total de logements (maisons) était de 63 en 2007, composé de 57 résidences principales (90 %), 4 résidences secondaires et logements occasionnels (6,7 %) et 2 logements vacants (3,3 %). Parmi les 56 résidences principales construites avant 2005, 43 (soit 77,8 %) l'ont été avant 1949 (données INSEE).
L'habitat est assez homogène, mais forme un tissu assez lâche. Un certain nombre d'unités, notamment quelques belles fermes, ont conservé les caractères traditionnels de la construction rurale picarde, comme les granges avec passage charretier sur rue et logis de fond de cour. Sur les murs des bâtiments utilitaires anciens (granges, remises), le torchis est parfois concurrencé (ou remplacé ultérieurement) par un essentage de planches. De nouvelles habitations, de type pavillonnaire en milieu de parcelle, ont été construite depuis une vingtaine d'années aux deux extrémités de l'agglomération, rue du Calvaire et rue Heurtevent.
Durant l'opération d'inventaire de la commune, 31 maisons et fermes ont été repérées, dont 5 ont été étudiées.
Activités
L'activité textile, peu importante à Fransu, où les recensements de 1836 et de 1851 ne signalent que 13 fileuses dans le village, disparaît au milieu du 19e siècle. Comme à Vauchelles-lès-Domart, un marchand de fils est recensé rue Hurtevent, en 1851.
Les deux moulins à vent, le premier situé au milieu de la Plaine par le cadastre napoléonien, et le second construit ultérieurement à l'extrémité de la rue du Moulin, ont tous deux disparu à la fin du 19e ou au début du 20e siècle. Trois moulins sont en activité en 1836 (recensements de population), deux en 1851, rue du Bon-Blé et à Heurtevent, un seul en 1872, rue du Bon-Blé.
Conclusion
Village assez pittoresque, Fransu a su garder une certaine homogénéité dans sa structure et son bâti traditionnels.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.