Le lieu-dit porte le nom de la famille Gourlin, qui l'habitait au 19e siècle. L'état de section indique que le moulin appartenait à Pierre Gourlin, meunier à Port. Les terres dépendaient du seigneur du Ponthieu et auraient également appartenu à l'abbaye de Saint-Riquier. Il s'agissait à l'origine de la maison d'un passeur quand la mer baignait encore les pieds de Port-le-Grand. Le sceau du passeur anglais aurait été retrouvé sur la propriété. Les fouilles archéologiques ont permis la découverte au nord de la ferme, d´un grand enclos rectangulaire funéraire à doubles fossés pouvant dater de l´Age du Bronze.
La carte de Cassini (vers 1756) ne mentionne pas de moulin à cet endroit. La ferme et le moulin apparaissent sur le plan par masses de cultures de 1802 (plan en U) et sur cadastre napoléonien de 1832 (plan à cour fermée). Le moulin apparait au nord de l´exploitation agricole. Un tableau de L. Lemaire du début du 19e siècle, conservé chez un particulier, pourrait en être une représentation. Le logis en contrebas possède un toit de chaume. Le moulin dispose d'ailes symétriques, d'une échauguette à l'arrière et d'un toit à deux pans. Le moulin en bois a brûlé pendant la première guerre mondiale.
Les recensements de population signalent tout d'abord une fonction mixte du lieu. En 1836, y habitent Pierre-François Gourlin (meunier) et ses fils, cultivateurs (Jean-Baptiste et Adolphe) et meunier (François), ainsi que deux domestiques de ferme. François Gourlin meunier est seul présent sur le site en 1851. Lui succède Emile Gourlin, qui se déclare d'abord meunier (1872), puis fermier (1881) et cultivateur (1906) ; il emploie alors trois domestiques de ferme. En 1911, le lieu est inhabité.
Le logis semble avoir été l'habitation du meunier. L'accès à la cave, qui s'effectuait par une trappe située dans la maison, a été condamné à une date inconnue. La ferme présentait, avant la destruction des bâtiments annexes, un plan au sol rectangulaire régulier. Les haies et alignements d'arbre marquent les fondations des anciens bâtiments.
D´après les renseignements aimablement fournis par le propriétaire, le logis et l'écurie dans son prolongement occupaient, comme aujourd'hui, la partie sud de la cour, les poulaillers et porcheries en brique, très étroites, le côté ouest, la grange, aujourd'hui reconstruite à son emplacement d'origine (écroulée en 1968 suite à une tempête), et sur le côté oriental, une deuxième grange en L dont une partie des fondations en briques sont encore en place. Un dernier bâtiment (à usage de stockage) était situé parallèlement à la grange au nord. La première poutre devant la cheminée dispose d'un crochet permettant d´attacher les enfants qui jouaient près du feu sans risquer d´accident. Les trois fours dans le fournil ont été condamnés suite à un incendie. Le pignon a été en partie refait en brique. L'écurie, mitoyenne, a également pris feu. Seul le mur gouttereau sud en silex a été épargné. Le reste a été reconstruit en parpaings. Le comble, aujourd'hui aménagé, était destiné à la conservation des grains. La meule en grès, conservée dans la cour, a été retrouvée dans la maçonnerie de la maison, et servait à l'époque de pas de porte. Il fut également occupé pendant la Seconde Guerre mondiale ; l'infirmerie allemande occupait le fournil.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.