Le Bout des Crocs figure sur la carte de Cassini (1758) accompagné de la représentation d'un petit "hameau sans église". La construction de digues tout au long du 18e siècle amena la création de ce territoire par poldérisation. La dénomination "Crocs" vient d´ailleurs de la particularité géographique de l'endroit, longtemps la proie des dunes. En effet, Demangeon explique que les sables pouvaient se répartir en mamelons isolés, appelés "crocs".
D´après le recensement de la population, le hameau comprenait 28 maisons en 1856 pour 106 individus. Ces chiffres stagnèrent jusqu´au début du 20e siècle où la population doubla (217 habitants en 1906) tout comme le nombre de maisons (55), qui ne fera que diminuer jusqu´en 1936 (164 individus). Nous ignorons la raison de ces fluctuations (probablement liées au développement agricole du territoire).
Sur une carte du 18e siècle, le territoire était divisé en petits îlots et les jardins en parcelles. L´observation du cadastre napoléonien permet d´indiquer que le bâti de 1832 était très épars, regroupé au sud et très peu représenté à cette époque. En effet, il n´était composé que de sept maisons (s´agissait-il de maisons de pêcheurs ou de ménagers ?), distribuées en deux groupes : le premier autour du chemin actuel dit d' « Accès à la Baie » et l'autre, à l'ouest du Chemin des Garennes. L´habitat se répartissait de part et d´autre de la route qui formait alors un cercle dont le coeur était occupé par les pâtures.
A l´ouest du Bout des Crocs, dans la garenne, figuraient deux moulins à vent : Moulin Bouly et Moulin Thierry.
Sur une carte du territoire de 1839, le Bout des Crocs, situé au nord du « Champ dit que Noye », possédait déjà des constructions plus nombreuses qu´en 1832. Le sable arrivait alors aux portes du village.
Sur la carte administrative et topographique de la Somme (1900, 1934), les cabanes du Bout des Crocs étaient encore indiquées ; un chalet de sauvetage (en ruines) se situait tout à fait à l´ouest.
L´état de section (vers 1880) recense plusieurs métiers : manouvrier, tisserand, cordonnier et charpentier. Il s´agit donc pour la plupart d´artisans, permettant ainsi de confirmer la présence majoritaire au 19e siècle de maisons et non de fermes.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.