D´après Guerville, Sailly-Bray, doit son nom à une ancienne plantation de saules.
Les traces d´un cimetière mérovingien ainsi que d´importants nodules de grès ont été découverts sur le territoire, indiquant ainsi une occupation ancienne et sans interruption du hameau depuis le Haut Moyen Age.
Rodière a retrouvé mention des seigneurs de Sailly-Bray dans les sources du milieu du 14e siècle à la fin du 18e siècle. La seigneurie appartenait alors au comte de Ponthieu à cause de Noyelles et comptait de nombreux fiefs. De l´élection de Doullens, du bailliage de Rue, une partie de la seigneurie était détachée et formait une seconde seigneurie, tenue de la première. Elle fut vendue le 13 avril 1349 à la chartreuse de Saint-Honoré-les-Abbeville par Guillaume de Poix. Le 25 du même mois, Philippe VI, roi de France, accorda par lettre aux chartreux "18 livres et 14 soldées de rente à Laviers et à Sailly, pour dédommager de ce que les Anglais ont brûlé, en franchissant la Somme à Blanquetaque, leur maison de Port".
La paroisse de Sailly-Bray fut rattachée à celle de Sailly-Flibeaucourt après la Révolution puis à celle de Noyelles par Napoléon qui en fit raser l´église afin de concrétiser ce qui fut un des premiers regroupements de communes de l´histoire.
Le marais représentait un revenu communal important. En effet, le comte Méré de Paris y louait à la commune le droit de chasse. Il y construisit d´ailleurs la fameuse hutte des 400 coups (cf annexe).
Le hameau comtait 265 habitants en 1698. D´après lecture du recensement de population, en 1851, Sailly-Bray était composé de 41 maisons pour 162 habitants. Les chiffres stagnèrent jusqu´en 1906. La population diminua à 146 âmes en 1936, alors que le nombre de constructions stagna.
Les betteraves à sucre cultivées sur le territoire de Sailly-Bray étaient envoyées à la sucrière d'Abbeville via la voie ferrée de Noyelles-sur-Mer/Sailly-Bray/Sailly-Flibeaucourt/Nouvion/Crécy. La chicorée était expédiée à la cossetterie de Saint-Valery.
Sur le cadastre napoléonien, le hameau s´organise autour de deux rues parallèles se rejoignant à l´est sous forme d´un carrefour. Une mare était implantée au centre. Le bâti, en 1833, était relativement dispersé. Six fermes, de taille imposante, étaient situées au sud et sept au nord, plus petites. Le plan en U était le plus employé, avec logis parallèle à la voie de circulation. Le sud-ouest du hameau n´était pas aussi construit qu´aujourd´hui et le nord-ouest était occupé par de toutes petites unités d´habitation éparses, que l´on ne retrouve plus actuellement (qui n´existaient pas au 18e siècle, puisque que seul l´ouest du hameau était construit). D´après un habitant, les fermettes situées au bout de la rue du Marais semblent avoir été établies au milieu du 19e siècle (en effet, elles ne figurent pas sur le cadastre napoléonien de 1833). Elles étaient occupées par les ouvriers des trois serrureries de Sailly-Flibeaucourt (Vachette, aujourd'hui rachetée par l'entreprise Stremler basée à Troyes, désormais transférée à Nouvion et Poumared, actuellement située dans le Vimeu) qui employaient environ mille personnes. Afin de compléter leur salaire, ces derniers faisaient la saison des betteraves. Les habitants de cette rue exploitaient également dans les marais situés en face la tourbe qui leur permettait de se chauffer.
Les dents creuses entre les fermes se sont peu à peu comblées à la limite des 19e et 20e siècles afin de constituer aujourd´hui un bâti quasiment mitoyen. La partie nord de la route sud a, elle, été investie récemment.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.