L´édifice, dont il ne subsiste aujourd'hui que des dépendances agricoles des 18e et 19e siècles transformées en logements, n´est connu que par des représentations partielles qui ne permettent pas de déterminer avec précision la distribution de l´édifice. La représentation pittoresque d´Oswald Macqueron semble assez juste, si on la compare aux cartes postales du début du siècle, à l´exception du lanternon qui couronne le corps central, figurant sur l´aquarelle d´Oswald Macqueron, qui n´est pas visible sur ces cartes postales du début du siècle. Peut-être n´a-t-il jamais été réalisé ou a-t-il été supprimé entre 1870 et 1908.
La datation, fixée au milieu du 17e siècle par l´auteur du Dictionnaire historique et archéologique et reprise par Josiane Sartre, pourrait être un peu plus tardive comme permettent de le supposer l'acquisition du domaine par Jean de Longueval en 1662, auquel François Ansart attribue la reconstruction du château. Les chaînages harpés comparables à ceux du château de Clairy-Saulchoix (1679), la forme des toitures à pans brisés, celle des linteaux des fenêtres de l´étage de comble ou encore les portes du corps principal cintrées, enfin la présence même d´un étage de comble et non d´un étage carré, confirmeraient cette hypothèse. La disposition irrégulière des ouvertures constitue cependant un archaïsme par rapport aux châteaux contemporains, tout comme le parti général qui rappelle les châteaux du 16e siècle. Des travaux de rénovation ont vraisemblablement eu lieu au 19e siècle : les lucarnes de l'étage de comble et les travées axiales du corps principal peuvent dater du 2e quart du 19e siècle, alors que les frontons qui couronnent les portes des ailes sont postérieures à la représentation d'Oswald Macqueron sur laquelle elles n'apparaissent pas. Les dépendances agricoles peuvent être datées du 18e siècle (corps central en brique et pierre à assises alternées), de la fin des années 1830 (corps ouest) et de la fin des années 1850 (corps est), s'il s'agit bien des constructions neuves déclarées en 1842 et 1862.
Malgré l´absence de plan, on peut déduire de la position des ouvertures et des souches de cheminée une distribution simple en profondeur à quatre pièces par niveau (corps central) et trois pièces par niveau (ailes), auxquelles s´ajoutent les pavillons.
L´emplacement du château diffère de celui de Bertangles, tout proche, qui est lui aussi à l´origine de la formation du village. Vraisemblablement reconstruit au sud de l´emplacement d´origine, comme le suggère la forme de la parcelle, il est ici orienté sur le village, comme c´était le cas du château de Cagny (détruit). Il dispose cependant, comme celui de Bertangles, d´un portail et d´une avenue ouverte depuis la route départementale. L´aménagement en demi-cercle, qui juxtapose l´entrée du château et l´entrée du village, est vraisemblablement réalisé au 19e siècle (il n´apparaît pas sur le cadastre napoléonien).
Au sud du château, la rue du Haras (doc. 9) semble ouverte pour offrir une perspective à l´édifice qui n´est séparé des maisons du village que par un simple mur bahut mais également pour établir une relation avec le haras, agrandi en 1882.
S´il ne subsiste aucune trace de la fabrique de sucre, vraisemblablement aménagée dans les dépendances agricoles du château au début du 19e siècle, les dépendances aujourd'hui très transformées, constituent sans doute les vestiges de la ferme-école, un des trois établissements ouverts en Picardie au milieu du 19e siècle, avec celle de Guizancourt (Aisne) créée en 1847 et également fermée en 1852, et celle de Hétomesnil (Oise), créée en 1863.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.