Dossier d’œuvre architecture IA80001226 | Réalisé par
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

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  • patrimoine de la villégiature, La Côte picarde
L'agglomération d'Ault
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de la Somme
  • (c) SMACOPI
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bresle Yères - Ault
  • Commune Ault

Ault est une commune qui conserve un certain nombre d'édifices anciens. L'église paroissiale Saint-Pierre est fondée en 1340, remaniée à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle ; au 16e siècle, elle remplace définitivement l'église située dans la basse-ville (église Notre-Dame dédiée à la Vierge engloutie par les flots vers 1570 selon un guide du Syndicat d'initiative). Autour de l'église actuelle se trouvait le cimetière, déplacé en 1906 et transformé en place publique à usage de marché et de parc de stationnement à automobiles.

De nombreux moulins à vent étaient élevés : il en aurait existé cinq sur les points culminants (source : Montborgne). Sur la carte de Cassini, établie vers 1756, figure un moulin à vent en bois situé à l'emplacement du Château du Moulinet, maison de villégiature construite en 1883. Non loin, le moulin de Pierre subsiste toujours, construit sur les coteaux nord du Bourg d'Ault, portant la date 1623, auquel a été accolée une habitation.

Près d'Onival, la carte de Cassini mentionne la présence d'un corps de garde qui n'existe plus actuellement. La commune possédait aussi un grenier à sel, une filature de coton, un hôpital Saint-Julien, créé en 1559 (à l'emplacement du gymnase actuel, ou de l'ancienne école de filles), peint par Macqueron en 1853, et un château, situé le long du quartier de la Montagne, il est déjà ruiné au 18e siècle (source : Delattre et Monborgne).

La commune est par ailleurs riche d'un habitat domestique ancien, parfois dénaturé ou ayant été modifié pour les besoins de la vie moderne, concentré au Bourg d'Ault et dans le quartier des Quatre-Rues. L'activité d'assemblage de pièces de serrurerie à domicile a généré l'addition de petites annexes accolées aux habitations, appelées 'boutiques', disposant de larges baies à petits carreaux, dont il reste quelques exemples. Les maisons, en torchis, ont souvent été la proie des flammes : en 1824, près de 80 maisons sont détruites rue du Hamel et Grande-Rue (source : Monborgne). Le cadastre napoléonien de 1825 ne montre aucune ferme isolée.

Un ancien port se trouvait face à Onival, nommé le Perroir d'Ault, auquel était associé l'habitat de pêcheurs. On distinguait alors la 'ville-haute', quartier des bourgeois, des marchands et des cordiers, et la 'basse-ville' édifiée sur des galets, avec son église Notre-Dame. Le site, très sensible, était soumis aux tempêtes : le port est progressivement détruit à la suite des tempêtes à la fin du 16e siècle (source : Monborgne). Un sentier des Douaniers longeait la côte et dominait la falaise depuis Mers-les-Bains, passant devant le Bois-de-Cise, le Bourg d'Ault et Onival, le long du quartier des Quatre-Rues. Celui-ci assurait une liaison piétonne entre les stations, un but d'excursion, mais disparu de parts en parts, à la suite de l'éboulement de la falaise.

L'histoire de l'agglomération est bouleversée avec l'apparition du tourisme balnéaire. Ault est visité très tôt dans le 19e siècle par des artistes-peintres ou des écrivains. Le peintre Léon Cogniet y peint des toiles dans les années 1830. Victor Hugo, en voyage dans le Nord de la France en 1837 relate sa visite à Ault. Onival est fréquenté par l'écrivain Henri de Régnier. En 1863, Prarond parle de "quelques baigneurs cherchant la solitude et le sans-gêne viennent tous les ans courir sur la plage d'Ault". L'arrivée de baigneurs à partir des années 1840 favorise la construction de maisons de villégiature à la fin des années 1870 et lance l'activité de commerce. Celle-ci pallie la chute de l'activité de pêche dans la commune, ainsi que celle de la serrurerie, qui connaît des fluctuations. A la fin du 19e siècle, de nouveaux quartiers naissent : la station balnéaire d'Onival au nord du centre ancien, et la station balnéaire du Bois-de-Cise, au sud. Les quartiers du Bourg d'Ault, centre administratif et commercial, et des Quatre-Rues, quartier de pêcheurs et de serruriers, se densifient et s'étendent sensiblement. Le quartier du Bel-Air, né d'un lotissement de terrains sur les coteaux sud du Bourg-d'Ault, éclot à la fin du 19e siècle. Les trois stations du Bois-de-Cise, d'Ault et d'Onival sont nommées les "trois plages soeurs" par le syndicat d'initiative. Cet essor des activités est favorisé par le tracé de la ligne de tramway à vapeur reliant Feuquières-en-Vimeu à Ault (par Friville-Escarbotin, Tully, Béthancourt, et Friaucourt), se détachant de la ligne Abbeville-Eu.

La gare, située à Bellevue, a favorisé des implantations de maisons le long de la rue de Friaucourt, qui fut un temps baptisée rue de la Gare, et actuellement avenue du Général-Leclerc. Cette ligne est remplacée par une ligne de chemin de fer à voie étroite reliant Woincourt à Ault (Friville, Tully, Béthencourt, Friaucourt), avec prolongation l'été à Onival jusqu'au terminus situé à l'emplacement actuel du camping de la chapelle.

Le développement touristique concourt à la modernisation de la commune. Divers travaux sont entrepris : en octobre 1877, les rues sont éclairées grâce à des lanternes au pétrole. En 1881, une nouvelle adjudication nous précise que la Grande-Rue possède 15 lanternes et le quartier des Quatre-Rues en possède 5. L'allumage de ces lanternes est terminé tous les jours à la nuit tombante, elles sont éteintes à dix heures du soir, entre le 15 novembre jusqu'au 31 mars, avec possibilité de laisser allumé quatre jours jusqu´à minuit, au choix de l'administration municipale (source : AD Somme, 99 O 450). En 1863, on commençait déjà à construire des trottoirs le long des habitations du Bourg-d'Ault (source : Prarond). En 1913, des trottoirs sont posés rue d'Eu, rue de la Pêche et rue de Saint-Valery. Vers 1925, l'eau potable est captée dans la source du Minon, sur le territoire d'Eu.

En qualité de chef-lieu de canton, l'agglomération est pourvue d'une gendarmerie, d'une justice de paix, de notaires, d'un huissier, d'un bureau de perception, d'un bureau d'enregistrement, d'une succursale de la Caisse d'Épargne, de deux banques, de médecins et pharmacien, dont la commune se vante dans les guides touristiques.

Au cours de l'entre-deux-guerres, un projet de Plan d'Aménagement d'Extension et d'Embellissement (PAEE) est mis à l'étude à la suite d'une délibération du Conseil municipal en date du 26 avril 1919, chargeant Lestrille, architecte, de mener le projet à bien. Faute de résultat, Queyrel, agent-voyer, est désigné pour l'exécution du travail, mais gravement malade, il doit transmettre le dossier (suite inconnue).

Les conflits mondiaux ont eu des incidences malheureuses pour l'agglomération : au cours de la Première Guerre mondiale, les activités balnéaires sont interrompues, la commune reçoit des réfugiés du Nord de la France et de Belgique puis des convalescents, hébergés dans les villas louées et les hôtels de voyageurs. Des troupes alliées s'installent dans la commune et s'entraînent, notamment dans les bas-champs. Le front de mer des stations est négligé.

La Seconde Guerre mondiale marque une nouvelle césure : en mai 1940, l'armée allemande occupe la commune. Cette occupation se traduit par des couvre-feux, le littoral est déclaré zone interdite où l'on doit montrer un laisser-passer. A partir de 1943, la construction du Mur de l'Atlantique entraîne l'érection de nombreux blockhaus (Bel-Air, falaise de la Montagne, Onival, près de la plage et près du phare, et le long de la falaise morte). Des villas sont dynamitées, comme l'Echauguette ou les Quatre Chalets et le casino du Bourg-d'Ault (source : Monborgne). Les rues principales sont murées, ne laissant passer que piétons et cyclistes. Le 1er septembre 1944, l'armée canadienne libère la commune.

Le second ennemi reste le recul de la falaise sur l'ensemble du territoire : face au Bois-de-Cise, entre le bourg-d'Ault et Onival, où des pans de falaise s'écroulent, emportant des constructions dans leur chute, notamment rue de Saint-Valery.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

L'agglomération actuelle d'Ault est composée de plusieurs quartiers : le bourg d'Ault et le quartier des Quatre-Rues, la station balnéaire d'Onival, au nord, qui s'étend partiellement sur le territoire communal de Woignarue, enfin un pôle isolé à l'est, au lieu-dit Bellevue, le long de la route d'Eu.

Le cimetière est implanté en bordure de la rue du 11-Novembre 1918 (ancienne rue du Moulin).

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 450. Ault, travaux communaux (1870-1939).

    dossiers église (1873-1920), éclairage (1877-1885)
  • Série O ; 99 O 451. Ault, travaux communaux (1870-1939).

    dossier école (1888-1932)
  • AD Somme. Série O ; 99 O 453. Ault, travaux communaux (1870-1939).

    dossiers gendarmerie (1907-1908), création d'un marché (1905-1906), PAEE (1923-1924), emprunts et imposition (1913)
  • Ault-Onival-Bois-de-Cise. Guide des touristes et des baigneurs. Ault : Syndicat d´initiative de tourisme, s.d. [1925], 24 p.

  • Bains de mer du Nord et de Belgique, du Tréport à la frontière hollandaise. Paris : Hachette, Guides Joanne, 1912.

    p. 56.

Bibliographie

  • ARDOUIN-DUMAZET. Voyage en France : littoral du pays de Caux, Vexin, Basse-Picardie. Paris : Nancy : Berger-Levrault et Cie, 1898, 17e série, 394 p.

    p. 331-334.
  • DELATTRE, Daniel. La Somme, les 783 communes. Granvilliers : Delattre Daniel, 1999.

    p. 31
  • DEMANGEON, Albert. La Picardie et les régions voisines, Artois-Cambresis-Beauvaisis. Paris : Armand Colin, 1905, 1ere édition.

    p. 167
  • MINARD, Alain. Ault et ses environs, Onival, Bois-de-Cise. Saint-Cyr-sur-Loire : Alan Sutton, 2003.

  • MONBORGNE, Jean. Histoire du bourg d'Ault. Luneray : Editions Bertout, 1989.

  • PRAROND, Ernest. Ault et ses environs. Paris : Res-Universalis, 1988, réédition de 1863.

    p. 35

Documents figurés

  • Carte dite de Cassini, n°23, détail des environs d'Ault, [ca 1756].

  • Ault. Plan cadastral, tableau d'assemblage, par Beaupré, Carpentier, Cadot et Poissant géomètres, 8 septembre 1825, (Service du cadastre, Abbeville : non coté).

  • Bourg d'Ault, lithographie, [s.n.], [s.d.] (BNF Estampes : Va 80/t.1/Ault/cliché H 157289).

  • Bourg d'Ault, lithographie, [s.n.], vers 1847 (BNF Estampes : Va 80/t.1/Ault/cliché H 157288).

  • Ault-Onival, la gare, carte postale [s.n.], 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 48, Ault (Somme), la terrasse et le chemin des douaniers, carte postale, par H. Milan photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Ault, cour intérieure de la maison Landot, carte postale, par Sellier photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 52 - Ault-Onival, le Moulin de Pierre, carte postale, par Cap éditeur, 1ère moitié 20e siècle (coll. part.).

Annexes

  • Victor Hugo au Bourg d'Ault (1837)
  • Ault
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de la Somme
(c) SMACOPI
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

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