Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).
- inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
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Commune
Hardivillers
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Dénominationsvillage
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Parties constituantes non étudiéespresbytère, mairie, école, abreuvoir, place, puits, croix de chemin, château d'eau
Situé au carrefour de deux axes importants (l’un nord-sud, l’autre est-ouest) dans une zone de plaine, Hardivillers s’est développé grâce à la fabrication et au commerce de toiles de laine (réalisées selon la technique du sergé). La maison du serger, tisserand travaillant à domicile, offre l'un des rares témoignages de l’habitat de cet artisan qui a perduré dans les villages du plateau picard jusqu’au dernier quart du XIXe siècle.
La famille de Barentin possède la seigneurie d’Hardivillers du XVIe siècle à la Révolution. Elle profite du dynamisme de l’artisanat textile en acquérant les halles aux tissus où se vendent les sergés des villages environnants. C’est également cette famille qui édifie un imposant château à partir des années 1780. Détruit dans les années 1820, son aménagement marque encore la trame urbaine.
Des fabriques de boutons remplacent peu à peu le tissage des sergés dans le dernier quart du XIXe siècle. La prospérité d’Hardivillers est en outre favorisée par l’exploitation de carrières de pierre puis de phosphate à l’est du village, au bord de la route menant à Breteuil. Ces deux types d’industrie ferment dans la seconde moitié du XXe siècle, période où la démographie atteint ses chiffres les plus bas : si le village compte près de 1 300 habitants en 1836, ils ne sont plus que 420 après la Seconde Guerre mondiale dont les bombardements ont par ailleurs détruit une partie du site. Il faut attendre les années 1990 pour que la population augmente à nouveau dans un contexte de périurbanisation : Hardivillers est désormais idéalement placé à la sortie de l’autoroute construite au cours de cette décennie.
Chronologie
Une occupation précoce du territoire
Les premières traces d’occupation humaine sur le territoire de la commune d’Hardivillers remontent à la période néolithique (entre 6 000 et 2 200 avant notre ère). Une mine d’extraction de silex associée à un atelier de taille a ainsi pu être identifiée à l’est du territoire, autour des anciennes carrières de phosphate (BATICLE, 1992).
Les prospections archéologiques aériennes de Roger Agache et François Vasselle ont en outre permis de repérer plusieurs villas gallo-romaines sur le territoire d’Hardivillers (aux lieux-dits La Ferme des Phosphates, les Chaussées, le Fief de Saucourt, le Champ du Moulin, les Clos, les Maison-Meaux…) (DELATTRE, 2014).
Le premier village connu à l’époque médiévale se serait implanté autour d’un monastère établi à l’emplacement du cimetière, à environ 250 m au sud du village. La chapelle qui s’y trouve conserverait le souvenir de cet établissement placé sous le vocable de Saint-Pierre et mentionné dans des chartes de donation faites à l’abbaye de Breteuil. Ce monastère et le village associé auraient été détruits par les Normands au Xe siècle (GRAVES, 1832).
La population semble s’être déplacée sur le site actuel entre le Xe et le XIIe siècle car la première mention connue du toponyme "Hardinvillare" a été repérée dans une transaction datée de 1134 dans le cartulaire de l’abbaye de Froidmont. Son étymologie renvoie littéralement au "domaine d’Hardin", nom d’origine germanique fréquent dans les noms en "– villers" de la région.
Louis Graves indique qu’au XIIe siècle l’abbaye de Breteuil possède déjà une grande partie du territoire. Le seigneur local Radulphe de Ygi lui cède ses terres en 1189 moyennant quatre livres de monnaie de Beauvais afin de préparer son voyage à Jérusalem. Le même historien signale qu’en 1239 l’abbaye de Breteuil donne au seigneur Pierre Hamons d’Hardivillers un secours de 200 livres afin de construire une nouvelle église. Vient-elle remplacer un édifice déjà existant à cet endroit ? Ou se trouvait-il à l’emplacement du cimetière actuel (la tradition rapporte que la chapelle actuelle a des bases romaines) ? D’après Louis Graves, c’est en tout cas à la suite de la construction de cette église que le village se développe à son emplacement actuel (GRAVES, 1832).
Hardivillers à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles) : les chantiers des Barentin et de Marie-Jeanne Delahache
Des seigneurs locaux sont attestés tout au long du Moyen Âge. Pierre Le Gendre entre en possession de la seigneurie d’Hardivillers à la fin du XVe siècle puis en 1525 Bertrand de Kerquifinen en hérite. À la fin du XVIe siècle, l’une de ses descendantes épouse Charles de Barentin, secrétaire du roi. Cette famille reste en possession de la seigneurie jusqu’à la Révolution et profite de sa prospérité économique. Les Barentin possèdent d’ailleurs les halles du village où s’organise un important commerce de serges (étoffes de laine). Les halles, qui se trouvent juste au sud de l’église, sont démolies en 1827 (BATICLE et THIBAULT, 1992). Ces seigneurs participent également à différents chantiers dans le village : fondation d’un bureau de charité, ouverture d’une tuilerie et d’une carrière (juste au sud du Bois des Plantis, près de la route de Breteuil) toujours en activité en 1832 (GRAVES, 1832), participation à la reconstruction de l’église en 1770 et édification d’un château néo-classique dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Ce dernier prend certainement la place d’un ancien manoir seigneurial (un tel bâti est figuré sur la carte de Cassini en 1757). Démoli dans les années 1820, le nouveau château sert de carrière de pierre. Ses ruines ont été visibles jusqu’au milieu du XXe siècle (voir dossier).
En plus de son église paroissiale, le village est doté de trois oratoires édifiés vers 1800 à l’initiative de Marie-Jeanne Delahache, afin d’organiser des cérémonies pour soigner les malades et en particulier les paralytiques (recherches de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB)). L’un est dédié à sainte Anne, le deuxième à la Vierge et le troisième à la Trinité. Ces pratiques religieuses sont rapidement condamnées par le clergé local. À la mort de la bienfaitrice, la propriété des édifices est disputée. Après des désaccords entre le curé, la mairie et les héritiers de Marie-Jeanne Delahache, le village est en émoi. Le préfet tranche et transfère la chapelle de la Trinité à la commune. Cette dernière la remet toutefois à la paroisse en 1872 afin qu’elle devienne une chapelle du secours. C’est la seule qui est toujours en place, rue de la Voirie. Le remarquable mobilier dont elle est garnie aurait été constitué grâce aux dons des pèlerins. Elle revient à la commune après la séparation de l’Église et de l’État en 1905.
XIXe et XXe siècles : essor au déclin de l’activité économique du village
Les recensements de population d’Hardivillers conservés pour le XIXe siècle citent en grande majorité des sergers et fileuses jusqu’aux années 1880 où les tabletiers remplacent ces métiers. L’économie villageoise s’est donc appuyée essentiellement sur une petite industrie textile à domicile dont la maison du serger située rue des Jardins offre un exemple. En 1872, la famille Lecomte-Lequenne ouvre une usine de tissage dans la rue Saint-Pierre. Elle possédait un autre établissement au Crocq. En 1902 elle employait 60 ouvriers (Notice descriptive et statistique sur le département de l’Oise, 1902). Il en reste aujourd’hui les anciens bureaux et un bâtiment (n°26), l’ensemble ayant été démantelé après la fermeture de l’usine en 1933 (BATICLE et THIBAULT, 1992).
Des fabriques consacrées à la tabletterie se développent dans le dernier quart du XIXe siècle. Elles offrent de nouvelles opportunités d’emploi aux petits artisans travaillant à domicile. La Notice descriptive et statistique sur le département de l’Oise (1902) mentionne ainsi trois fabriques de cachemire (75 ouvriers) et une usine de boutons de nacre (75 ouvriers). Trois fabriques de boutons de nacre existaient au total dans le village : celle de monsieur François près de l’église, à côté de la salle des fêtes actuelle ; celle de monsieur Troisœufs au n°25 de la rue Saint-Pierre (elle ferme ses portes en 1952) ; celle de monsieur Digé dans la rue de Troussencourt (BATICLE et THIBAULT, 1992).
Village de tisserands avant tout, la céréaliculture est moins répandue à cette époque que dans les agglomérations situées en zone de plaine. Cinq moulins recensés par Louis Graves se répartissent alors sur le territoire (qui s’étendait jusqu’à la Neuve Rue de Maisoncelle-Tuilerie). L’un d’eux se trouve à côté du cimetière au sud du village (déjà visible sur la carte de Cassini, 1757). Ils disparaissent un par un dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Une briqueterie est créée par M. de Barentin vers 1760. Elle se situe sur l’ancienne route de Francastel, au sud-ouest du village, dans le lieu-dit aujourd’hui Bois de la Briqueterie. Elle ferme en 1921 (BATICLE et THIBAULT, 1992).
Trois carrières de phosphate sont établies dès la fin du XIXe siècle à environ 900 m au nord-est du village. De l’engrais est fabriqué sur place et acheminé à Breteuil par de petits trains. En 1920, P. Linet rachète l’ensemble. Il rase alors l’ancienne usine de M. d’Angicourt, transforme les écuries et bureaux en logements et en reconstruit une nouvelle avec des machines plus performantes (fours, tamis, broyeurs). L’usine ferme en 1971 et les bâtiments sont vendus par lots. Il n’a pas été possible de visiter les sites d’extraction. Les derniers bâtiments de l’usine qui se trouvaient au bout du chemin des Phosphates ont été démolis en 2022.
Autour de 1900, les commerces sont très nombreux. La rue du Fresne compte un marchand de bonneterie, un marchand de lunettes et un marchand de peaux. Deux aubergistes, deux cabaretiers et deux épiciers sont répartis dans le village. Un marchand de faïence est également ouvert dans la rue Saint-Pierre.
L’exode rural et les deux guerres mondiales mettent toutefois un coup d’arrêt au dynamisme économique du village. Hardivillers compte de nombreux dégâts matériels à la suite des bombardements survenus en juin 1940 dans la région. La rue saint Pierre est touchée et un programme de reconstruction est mené à la fin de la guerre.
Évolution de la morphologie et de l’implantation du bâti
Un village au carrefour de deux axes principaux
Le plus ancien document cartographique disponible pour évoquer la manière dont s’est structuré le village est la carte de Cassini (1757). Si elle reste peu précise, il est néanmoins possible de comprendre qu’Hardivillers se place au croisement de deux routes importantes : la première, d’axe nord-sud, mène à Maisoncelle-Tuilerie au sud et rejoint le Chemin de Paris à Bonneuil-les-Eaux au nord. La route qui traverse le village d’est en ouest conduit de Breteuil à Crèvecœur-le-Grand. C’est l’ancienne route royale de Rouen à La Capelle.
Outre ces voies et sa fonction de carrefour, le village s'organise fortement autour du château de la famille de Barentin qui remplace très probablement un manoir seigneurial plus ancien (BATICLE et THIBAULT, 1992). Ainsi, sur le plan de dîmage appartenant à M. de Barentin (1783) est représentée l’emprise du parc du château qui s’étend alors sur toute la partie ouest du village. La route menant à Beauvais est bordée d’arbres, ce qui souligne son importance à cette époque. Bien plus, il ressort de l’étude du plan d’assemblage du cadastre napoléonien (1845) qu’il est possible de rejoindre la route de Crèvecœur à travers les allées du parc du château. Il y a un second accès par le village (actuelle rue Saint-Pierre) et le "Chemin d’Hardivillers" plus au sud. Ce dernier finissait par retrouver la route de Crèvecœur mais plus loin que la voie passant par le château.
Enfin, la carte de l’état-major dressée dans les années 1850-1860 permet de comprendre qu’une nouvelle route est créée à l’ouest. Elle fait partie de la route impériale n°30 construite dans les années 1840 (sur la base du tracé de l’ancienne route royale de Rouen à La Capelle). Les deux anciens accès sont dévitalisés (celui du château, démoli à cette époque, et celui plus au sud du chemin d’Hardivillers). Plus rectiligne, cette route nouvelle s’engage directement dans la rue Saint-Pierre. Toutefois, une déviation est créée parallèlement à cette voie dans les années 1990 et elle n’est plus aujourd’hui qu’un chemin dans le prolongement de la rue Saint-Pierre.
Un bâti structuré autour du carrefour et de ses axes secondaires
C’est au centre de ce carrefour qu'ont été édifiés l’église, les halles aux toiles et le château. En l’absence de sources, il n’est pas possible d’affirmer l’antériorité de l’église sur le château qui s’est peut-être installé sur un domaine seigneurial plus ancien. Ces deux sites ont en tout cas joué un rôle déterminant dans le tracé des voies (décrochement de l’axe Crèvecœur-Breteuil afin qu'il passe devant l’église et création d’un accès ouest par la route de Crèvecœur) ainsi que dans la structuration de l’habitat. Ce dernier semble ainsi se répartir par diffusion à partir du cœur du carrefour occupé par ces sites majeurs.
Le rôle du château dans l’organisation des rues et de l’implantation du bâti est souligné par le cadastre de 1845 et le plan d’état-major du milieu du XIXe siècle : le domaine seigneurial construit et aménagé à la fin du XVIIIe siècle comprenait une vaste ferme devant laquelle s’étendait une grande cour (dont la rue actuelle porte encore le nom) qui semblait contenir la mare à côté du château d’eau.
Des rues secondaires viennent ramifier cette trame primaire donnant au village une forme de toile d’araignée qui s’étend dans la partie orientale (la partie occidentale du village étant occupée par le château et son parc) : rue des Jardins et rue d’En-Bas dans la partie sud ; rue du Tour de Ville et rue du Frêne dans la partie nord. Les recensements de population du dernier quart du XIXe siècle citent ainsi seize rues. C’est à cette époque qu’Hardivillers atteint son expansion maximale. À l’exception d’une rue qui prolongeait la Petite rue du Fresne jusqu’à la rue de la Grand Cour du château (visible sur la carte d’état-major du milieu du XIXe siècle), les rues existantes aujourd’hui sont identiques à celles du milieu du XIXe siècle.
La démolition du château dans les années 1820 a fortement modifié le visage du village : des constructions ont pris place dans l’ancienne Grand Cour et à l’emplacement du logis seigneurial la rue du Château a été créée.
Un cadre bâti en évolution au cours du XXe siècle
Si les habitations sont nombreuses et resserrées au cœur du village sur le cadastre de 1845, la diminution du nombre de logements à partir de la seconde moitié du XIXe siècle rend la trame bâtie plus lâche. Ainsi, Hardivillers passe de 313 maisons en 1856 à 170 en 1936 avec une forte baisse consécutive à la Première Guerre mondiale.
Le cadastre rénové de 1960 permet d’appréhender le parcellaire et l’implantation du bâti après la Seconde Guerre mondiale et ses destructions. L’habitat ancien de la rue Saint-Pierre a été détruit et le parcellaire restructuré en surfaces plus larges. De nouvelles habitations les ont loties. De plus, un programme de lotissements est engagé dans la Petite rue du Frêne et cinq unités comprenant chacune deux logements sont construites.
Un parcellaire ancien en lanières, remontant au moins au XVIIIe siècle est encore présent autour de l’église (rue d’En Bas, rue de la Montagne, rue des Jardins). Les rues du Frêne et de la Voierie conservent également en partie leur bâti ancien. Toutefois, sous les effets de la baisse du nombre d’habitants, de nombreuses parcelles sont désormais nues.
Il faut attendre la reprise démographique des années 1980 pour que de nouvelles habitations s’installent à la fois sur des parcelles vides mais également dans la rue du Tour de Ville, inhabitée jusqu’alors.
Lieux partagés et structurants
Les limites du village : croix de chemin et tour de ville
Le tour de ville
Aménagement caractéristique des villages de plaine où l’exploitation des terres était organisée collectivement, ces sentiers servaient au déplacement des troupeaux et du matériel agricole, des habitations vers les champs. Ces chemins marquent la limite entre la zone habitée (constituée des courtils avec jardins, potagers, vergers et pâtures) et la zone cultivée soumise à l’assolement triennal (jachère, blés d’hiver et de cultures de printemps).
À Hardivillers, les sentiers prennent une trajectoire circulaire respectant la forme de toile d’araignée que dessinent les rues. Ainsi, le tour de ville ferme le village sur les côtés sud, nord et est. La section nord du tour de ville est reliée à la rue de la Voierie par une rue éponyme. Déjà visibles sur le cadastre de 1845, ces sentiers sont toujours praticables aujourd’hui et leur tracé a été conservé.
Les croix de chemin
Elles marquent l’espace villageois et sont implantées à des endroits significatifs comme des repères processionnels, des intersections ou aux sorties du village. La croix érigée à côté de l’église illustre le premier cas. En fer forgé, elle est remarquable par sa forme et la finesse de son exécution : la tige est évidée et fendue formant un cœur habité par un « S ». D’après des témoignages locaux, elle marquait une étape dans la procession du jour des Rameaux.
Trois croix signalent les limites du village. Au nord, à l’intersection d’un sentier (qui menait à l’ancien château) et de la route vers Cormeilles se dresse le "Calvaire Maumenée". D’après l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB) qui a travaillé sur les croix de chemin de ce territoire, il aurait été érigé vers 1900 par Eugène Alexandre Maumenée et son épouse Marie-Augustine Mention.
Le "calvaire Guilluy-Sohier" borne la sortie sud-ouest du village. D’origine inconnue, il a été donné à la commune par la famille Guilluy-Sohier d’Hardivillers et repose sur un terrain qui leur appartient. Son emplacement d’origine se trouvait toutefois dans l’angle formé par le chemin du tour et la rue Saint-Pierre, dans le virage à l’entrée du village. Seul le socle est toujours en place. Il a été percuté par un véhicule militaire allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est alors déplacé et remis en état après la guerre par des artisans du village.
La limite sud-est du village est bornée par le "calvaire Dumont" situé sur la route de Troussencourt. Cette croix de chemin a été financée vers 1800 par le couple Charles Dumont et Marie-Adélaïde Dechaumont pour protéger le soldat qui a remplacé un jeune homme de leur famille lors de la conscription. Elle a certainement été remplacée plus tard car celle qui est aujourd’hui visible sort des ateliers de Lupart, fondeur à Amiens dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Enfin, deux croix se situent sur le territoire communal mais à l’écart du village. La première dite "calvaire Lecointe" se trouve au nord du village, au carrefour des routes Breteuil-Cormeilles et Hardivillers-Villers-Vicomte. Elle aurait été érigée par la famille éponyme mais sa date n’est pas connue. Quant au "calvaire Laly-Dufour", il est implanté au bord de la route de Breteuil à environ 200 m des dernières habitations et porte l’inscription "O CRUX AVE / érigé par / LALY-DUFOUR / 1893 / Terrain donné par M. Dumont". La famille a pu le construire sur un terrain donné par M. Dumont.
Gérer et partager l’eau : puits et mares
La nature sèche et poreuse des sols du plateau picard est très exigeante avec l’approvisionnement en eau des villages. En effet, les habitants se sont le plus souvent concentrés sur la construction et l’entretien de quelques puits et mares communaux dont la plupart des villages ont gardé les traces. Le document le plus ancien mentionnant les puits et mares d’Hardivillers est la Notice statistique et descriptive sur le département de l’Oise (1902) qui recense neuf puits, cinq mares et quatre-vingt citernes dans le village. Le cadastre rénové de 1960 pour Hardivillers offre un état des lieux des puits et mares toujours en place à cette époque. Près de la mare de la Grand Cour, le château d’eau est déjà construit et un puits se trouve à côté du n°21 de la Grand Cour. Ces trois aménagements sont toujours en place aujourd’hui. Des maçonneries en pierre du puits situé dans le virage de la Petite rue du Frêne sont conservées.
La rue Saint-Pierre comptait un puits (en face de la maison au n°24, disparu depuis) et une mare (aujourd’hui terrain de pétanque) dans l’angle de son intersection avec la rue d’En Bas. Toujours d’après le cadastre de 1960, une mare (disparue) se trouvait dans la rue d’En Bas en face du n°20. La mare de la rue des Jardins est encore conservée, en face de l’habitation du n°11. La rue du Frêne compte un puits à l’intersection avec la rue d’Amiens (toujours en place) et une mare (disparue) en face du n°21. Enfin, une mare et ses murs sont encore visibles dans la rue du Tour de Ville à son croisement avec la rue du Frêne.
Équipements publics
Presbytère
En 1809, la commune acquiert l’ancien presbytère avec ses dépendances. Même si aucun document n’est là pour l’attester, il devait se trouver à l’emplacement du presbytère actuel, derrière l’église.
En pan de bois et torchis, il comprend un rez-de-chaussée surmonté d’un grenier et se situe entre cour et jardin. Un bâtiment de décharge est implanté à gauche dans la cour. En 1821, un mur de clôture est construit tout autour. Le jardin du presbytère, qui s’étendait jusqu’à la rue des Jardins, est loué en 1825. D’importants travaux sont entrepris à partir des années 1840 : reconstruction des solins en brique dure, réparation des voûtes de la cave, nouvel enduit sur le pan de bois, remplacement des portes et fenêtres, réfection des plafonds au mortier de chaux et reconstruction du bûcher. D’après un état des lieux réalisé en 1866 par un maçon, le presbytère doit être rebâti "avant qu’il ne s’écroule". La commune repousse l’échéance en raison du manque de fonds. Il est finalement réédifié en brique dans les années 1880 par Ulphi Candillon sur les plans de l’architecte Arsène Baticle. Il sert aujourd’hui de logement.
Mairie et écoles
Les documents de la série O des Archives départementales de l’Oise permettent d’éclairer l’histoire des constructions et reconstructions des écoles et de la mairie du village.
L’école de garçons et la mairie
Le premier document connu date de 1817. Il relate le projet d’acquisition d’une maison achetée par la commune au serger François Morel pour servir d’école, de mairie et de logement à l’instituteur. Elle devait se trouver à l’emplacement de la mairie-école actuelle. Ce premier établissement était en pan de bois avec un toit en chaume. Il est toutefois dévasté par un incendie en 1831. L’architecte d’arrondissement Bellanger dresse un plan pour sa reconstruction. Le nouveau bâtiment est également en pan de bois mais couvert d’ardoise. Un second édifice sert de logement à l’instituteur, et de salle de mairie. Des pierres dures de Doméliers sont employées aux retombées des poteaux et des fermes, et autour des portes. Les travaux, menés par l’entrepreneur en bâtiments Cyr Godde, sont achevés en 1837.
Dès 1847 toutefois, le conseil municipal souhaite reconstruire le bâtiment d’école. Il est dans un état si déplorable que la classe se fait dans la salle de mairie. Les travaux sont réalisés à partir de 1855. Le nouveau bâtiment est également en torchis et pans de bois, assis sur des solins de pierre dure.
L’école de filles
Elle prend place en 1844 dans la maison dite "des chapelles" qui appartenait à la famille Delahache, propriétaire des trois anciennes chapelles du village (dont la chapelle de la Trinité seule est toujours en place). Cet édifie se trouve dans la cour de la chapelle de la Trinité, rue de la Voierie. En raison de son mauvais état, l’architecte de l’arrondissement de Clermont, Bellenger, demande à la mairie de faire des travaux avant l’installation de l’école. Le conseil municipal refuse, jugeant que les bâtiments sont salubres et que les religieuses qui assurent l’enseignement ne se plaignent pas de leur état.
En 1847 des travaux sont finalement entrepris par la commune. En 1852, de nouvelles latrines sont construites et le bâtiment surélevé. D’importants travaux sont également menés en 1855. Toutefois, le curé de Gaudechart alerte la commune sur l’état déplorable de l’école de filles en 1866. Des travaux d’assainissement des murs sont alors entrepris.
Cet établissement, maintes fois réparé, est toutefois désaffecté après l’achèvement du groupe scolaire en 1930.
Le groupe scolaire avec salle de mairie
Dans les premières années du XXe siècle, un projet de groupe scolaire est formulé afin de regrouper les écoles du village. En 1908, la commune achète un immeuble voisin de l’école de garçons à monsieur Mention. Le projet prévoit deux classes de cinquante places (une pour les filles, une autre pour les garçons), un logement pour les instituteurs (il faudrait donc qu’un couple vienne s’installer) et une salle de mairie. Le bâtiment de mairie sur rue doit être démoli. Il est d’ailleurs "tellement vieux qu’il est impossible de lui fixer un âge" (AD Oise ; 2 O 6307). Les bâtiments sont élevés en brique du pays. L’architecte est monsieur Nimbeau et l’entrepreneur monsieur Candillon.
Le chantier est toutefois perturbé par la guerre. En effet, bien que le groupe scolaire soit sur le point d’être achevé, des troupes occupent les locaux et les dégradent. Les travaux reprennent après la guerre mais l’entrepreneur fait faillite et doit être remplacé par Victor Villeret. Ce dernier achève la construction d’un bûcher et d’une buanderie. Le bâtiment de l’ancienne école de garçons implanté dans la cour est vendu et démoli en 1928. Les travaux sont définitivement achevés en 1930.
Espaces publics : marché, place publique et jeu de tamis
L’existence d’un vaste espace public au cœur du village remonte à la période où se trouvait le château édifié par la famille de Barentin à la fin du XVIIIe siècle. La place qui se trouvait devant la demeure seigneuriale (sous la mare et le château d’eau) portait le nom de Grand Cour comme le rappelle aujourd’hui le nom de la rue. Elle devait constituer la cour de la ferme du château. Figurée sur la carte de l’état-major dessinée au milieu du XIXe siècle, elle se couvre peu à peu d’habitations. Aujourd’hui, seule sa partie orientale garde son usage de place. Elle est délimitée par un cordon de tilleuls, plantés à une date inconnue.
Hardivillers était connu pour ses halles aux toiles, démolies en 1827. Le village conserve un marché important. En 1838, la commune établit un droit de place et définit les lieux du marché. La place publique et l’espace entre les rangées d’ormes de la rue de la Voierie sont ainsi occupés par le poisson et les porcs, tandis que les légumes sont vendus à l’emplacement des anciennes halles sous l’église.
De l’autre côté de la Petite rue d’Amiens s’étend l’ancien terrain de jeu de tamis (variante du jeu de paume). Il est également délimité par deux lignes de tilleuls. Visible sur les cartes postales du début du XXe siècle, sa date d’aménagement est inconnue.
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Période(s)
- Principale : Moyen Age , daté par travaux historiques
- Principale : Temps modernes , daté par travaux historiques
- Principale : Epoque contemporaine, 19e siècle, 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
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Dates
- 1930, daté par source
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Auteur(s)
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Auteur :
Candillon Ulphiarchitecte attribution par sourceCandillon Ulphi
Architecte actif dans l'Oise dans la seconde moitié du XIXe siècle.
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Auteur :
Baticle Arsènearchitecte attribution par sourceBaticle Arsène
Architecte actif dans l'Oise dans le dernier quart du XIXe siècle.
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Auteur :
Nimbeauarchitecte attribution par sourceNimbeau
Architecte actif dans l'Oise à la limite des XIXe et XXe siècles.
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Auteur :
Bellangerarchitecte d'arrondissement attribution par sourceBellanger
Architecte de l'arrondissement de Clermont (Oise) dans la première moitié du 19e siècle.
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Auteur :
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Département de l'Oise - Archives départementales
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- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Collection particulière. Droits réservés
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Documents d'archives
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AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 9. Hardivillers. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et Croix du Beauvaisis (ACCCCB), 2007.
-
AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 329. Hardivillers. Recensements de population (1820 à 1936).
-
AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 6307. Hardivillers. Mairie-école (1817-1934).
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AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 6308. Hardivillers. Groupe scolaire (1908-1932).
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AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 6309. Hardivillers. Halles (1820-1824).
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AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 6312. Hardivillers. Presbytère (1809-1937).
Bibliographie
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BATICLE, Serge, THIBAULT, André. Monographie sur Hardivillers (Oise). [s. l.] : [s. ed.], 1992.
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DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.
p. 303-311 -
GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.
p. 32 -
LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).
p. 268 -
Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.
p. 240
Documents figurés
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Hardivillers. Plan d'une partie du dîmage d'Hardivillers relevant de M. de Barentin, 1783, (AD Oise ; plan 735).
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Hardivillers. Cadastre napoléonien, tableau d'assemblage, 1845, (AD Oise ; EDT 426/1 G 1).
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Hardivillers. Plan de reconstruction et d'aménagement d'Hardivillers, [années 1950], (AD Oise ; 1514 W 54/2).
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Hardivillers. Cadastre rénové, section AB, feuille unique, 1960, (AD Oise ; 1964 W 78).
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Hardivillers. Cadastre rénové, section AC, feuille unique, 1960, (AD Oise ; 1964 W 78).
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Hardivillers (Oise). Place et café de la mairie, carte postale, éd. Dézenclos et Labitte, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).
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Hardivillers (Oise). Église, carte postale, éd. Peltier à Breteuil, 1908 (coll. part.).
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).