Origines
"Maisoncellas" est mentionné pour la première fois au 12e siècle dans une charte du comté de Clermont (É. Lambert, 1982). D’après sa traduction, ce toponyme employé au pluriel pourrait renvoyer à la présence de plusieurs "petites fermes" (M. Lebègue, 1994). L’extension "tuilerie" témoigne de l’existence d’une tuilerie importante active au 17e siècle mais qui disparaît au cours du 18e siècle (É. Lambert, 1982). Au cours du Moyen Âge, plusieurs seigneurs locaux se partagent les terres de Maisoncelle : les comtes de Clermont cèdent leur seigneurie de Maisoncelle à l’abbaye de Breteuil en 1332 (L. Graves, 1832), la commanderie templière de Sommereux y détient des biens (É. Lambert, 1982), ainsi que le vicomte de Rouy, Hercule de Rouveroy. Ce dernier fait bâtir une chapelle dans ce village en 1613 qu’il place sous la protection de saint Charles Borromée. En 1642, la chapelle devient paroissiale en raison de l’éloignement avec celle de Froissy dont les habitants de Maisoncelle dépendaient originellement. L’occupation des sols et la structuration de l’habitat se sont donc établis au Moyen Âge à la faveur de l’exploitation de terres agricoles. Il faut toutefois attendre le 17e siècle pour que Maisoncelle devienne une paroisse à part entière.
Évolution de la morphologie et du parcellaire
L’organisation actuelle du territoire communal de Maisoncelle-Tuilerie est fidèle à la carte de Cassini (1757) : La Neuve Rue et Bois Gaillant (aujourd’hui Gayant) sont figurés comme écarts indépendants de Maisoncelle. Après la Révolution, La Neuve Rue est rattachée à la commune de Sainte-Eusoye jusque dans les années 1860.
Maisoncelle-Tuilerie forme actuellement un village-rue regroupant ainsi deux anciens quartiers qui se sont rapprochés au gré de l’essor démographique : le premier comprend les pôles (communal et paroissial) du village et se situe le long de la rue Principale (actuelle D34 menant d’Hardivillers à Froissy) ; le second est constitué de l’écart de La Neuve Rue, qui s’étend au nord-est du village, perpendiculairement à la D34.
Le cadastre de 1808 montre un parcellaire en "trinquettes" (lanières étroites et juxtaposées) perpendiculaires à la rue. Cette organisation est toujours reconnaissable sur le cadastre actuel, malgré un bâti davantage clairsemé et un parcellaire plus irrégulier. En effet, la baisse démographique que connaît le village à partir du dernier quart du 19e siècle a entraîné une diminution du nombre de maisons (157 maisons en 1872 contre 94 maisons en 1931). Il faut attendre les années 1970 pour que la population augmente à nouveau : les parcelles sont agrandies, profitant des terrains vides, et des pavillons modernes sont construits, en particulier dans la Neuve Rue.
Enfin, l’écart de Bois Gayant se trouve légèrement au sud-ouest du village. Après une chute démographique à partir du dernier quart du 19e siècle (il ne compte plus qu’une maison en 1931), il se repeuple grâce à la construction de pavillons à partir des années 1980.
Lieux partagés et structurants
Les limites du village : tour de ville et croix de chemin
Comme pour les autres villages du plateau picard, le finage (organisation et délimitation du village) de Maisoncelle s’est structuré au cours du Moyen Âge. Le tour de ville qui est le sentier ceinturant la zone habitée pour la séparer de la zone cultivée, visible sur le cadastre de 1808 est encore particulièrement bien conservé puisque toutes ses sections sont encore praticables à l’exception d’un très court tronçon de la partie est de la Neuve Rue. Outre la fonction de limite, le tour de ville permettait d’accéder directement aux terres cultivées grâce à un petit portail aménagé dans la clôture en fond de parcelle. Une couronne de courtils constitués des potagers et vergers des habitants, se trouvait ainsi entre les habitations et les terres labourables. Des sentiers perpendiculaires permettent de relier le tour de ville à la rue Principale et à la Neuve Rue. Ils sont situés aux extrémités de ces artères.
Les croix de chemin qui participent également à la délimitation des villages du plateau picard, sont souvent situées aux intersections formées par les rues principales et les sentiers du tour de ville. Tel est le cas à Maisoncelle-Tuilerie pour les deux croix implantées aux extrémités nord : celle de la Neuve Rue et celle de la sortie nord-ouest de la rue Principale. La première dite Calvaire Portemer, érigée par la famille Maillard, provient de l’atelier de Denovillers à Paris et a été bénie en 1878. Restaurée à plusieurs reprises, la croix a entièrement été remplacée en 1959 par l’atelier Gueudet (Archives de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Croix et Calvaires du Beauvaisis). La seconde dite Calvaire Lesobre a été érigée en mémoire de ce cultivateur et bénie en 1781 (Archives de l’ACCCCB). Une troisième (dite Calvaire Maillet du nom de la ruelle qui y mène) se trouve dans la partie est de la rue Principale, à l’intersection entre deux sections de tour de ville et un chemin relié à l’axe principal.
La dernière croix matérialise la sortie sud du village au lieu-dit "Le Calvaire du Bas" qui rappelle son ancienneté (la croix est figurée sur le cadastre de 1808). Elle a été reconstruite par la famille Thieble en 1911 après avoir subi une profanation dont il ne reste que le Christ en fonte, remonté sur une nouvelle croix dans l’église où il est toujours visible (Archives de l’ACCCCB).
La croix de Bois Gayant (sortie sud) a été restaurée en 2010 par Maurice Demazure. Seul le Christ en fonte est d’origine, la croix en métal et le socle ont été remplacés.
Gérer et partager l’eau
La nature sèche et poreuse des sols calcaires du plateau picard a très tôt imposé aux habitants des villages d’organiser une gestion collective de l’eau. C’est pourquoi mares et puits communaux ont été construits. Les premières servaient à constituer une réserve d’eau pour les troupeaux ainsi qu’en cas d’incendie. Elles permettaient également de contrôler le flux des eaux de pluie. Leur nombre a évolué au cours du temps et il semble que plusieurs aient été déplacées ou aménagées dans la seconde moitié du 19e siècle (avec des murs de soutènement en brique). En effet, si le cadastre de 1808 en figure six, dix mares sont répertoriées en 1902 dans la Notice descriptive et statistique de l’Oise (cette dernière source compte peut-être également les mares privées).
En 1808, quatre mares se trouvent dans la Neuve Rue et deux dans la rue Principale. Dans la première, la présence d’un mur maçonné en brique entre les n°15 et 17 laisse supposer l’existence de l’une d’elles à cet endroit. Dans la rue Principale, l’une se trouvait au niveau de l’actuelle place publique. Visible sur une carte postale du 1er quart du 20e siècle, elle semble avoir été légèrement déplacée et réduite par la suite. Elle est toujours présente entre la place et le n°31 rue Principale. Une autre a été creusée (après 1808) près de la sortie du village vers Hardivillers (entre les n°54 et 56). Encore visible aujourd’hui, et délimitée par ses murs de soutènement en brique, elle n’est toutefois plus en eau. Enfin, une mare se trouvait à Bois Gayant, derrière l’actuelle croix de chemin.
Si neuf puits ont été relevés dans la Notice statistique de 1902, deux ont pu être répertoriés aujourd’hui. Dans la Neuve Rue, l’un a été restauré et se trouve entre les n°24 et 26. Deux puits ont été relevés dans la rue Principale : le premier se situe entre les n°15 et 17. Il a été restauré en brique et protégé par un toit en bâtière métallique. Si sa forme est typique des puits du plateau picard, il devait probablement être en pierre à l’origine. Le dernier puits implanté en face du n° 7 conserve ses murs d’origine en pierre, mais a perdu son toit.
Équipements publics de la seconde moitié du 19e siècle
Cette période se caractérise par des constructions publiques qui constituent encore aujourd’hui des marqueurs forts du village : presbytère, mairie, école, cimetière, place publique ou encore bâtiment des pompes.
La série O des archives départementales permet de documenter l'histoire de la plupart de ces bâtiments. La mairie-école se trouvait dans la rue Principale, à côté de l’église. Elle a été construite dans la 2e moitié du 19e siècle et le logement de l'instituteur en 1882. Il ne reste aujourd’hui que le bâtiment de l’école en fond de cour, celui de la mairie a été détruit et remplacé par un édifice neuf. C'est dans l'ancien presbytère, construit aux frais de la commune en 1873, que la mairie s'installe ensuite (elle s'y trouve toujours actuellement). Une école se trouvait également dans la Neuve Rue. Elle a été supprimée à la fin du 19e siècle. La mairie a été déplacée dans un autre bâtiment (ancien presbytère ?).
Le bâtiment de remise des pompes à incendie se trouve dans la Neuve Rue. Il a été construit en 1931 (AD Oise; série O).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).