Les types d'habitat
Ce dossier propose une typologie de l’habitat de Sainte-Eusoye et de ses écarts.
Une majorité de fermes picardes
Comme dans la majorité des villages du plateau picard, la ferme picarde (grange sur rue et logis en fond de cour) est majoritaire à Sainte-Eusoye. Elle correspondait à des exploitations agricoles de taille modeste ou moyenne (exemples aux n°7 et 9 rue Prien (ill.), 11 rue de la Mairie). Les granges alignées sur la rue sont plus ou moins vastes selon la taille de l’exploitation agricole (grange massive au n°34 de la Grande Rue). Une variante de cette typologie relève de l’habitat d’artisan : la grange est accompagnée voire remplacée par un atelier (n°4 de la rue de la Mairie (ill.)).
La polyvalence des activités étant de mise dans ces villages picards, il n’est pas rare de trouver un ancien café ou une épicerie dans ce qui semble être une ferme à l'origine (ancien café au n°2 rue de l’Église (ill.)).
Les fermes à cour : siège des plus importantes exploitations
Ces fermes sont situées aux extrémités du village et sont certainement des domaines agricoles d’Ancien Régime. C’est le cas de la ferme située au sud-est du village qui formait une vaste exploitation organisée autour d’une cour carrée avec porterie, granges, étables et logis en retour (voir le cadastre de 1809). Il n’en reste aujourd’hui qu’une partie d’un bâtiment agricole à droite de la porterie.
La seconde ferme à cour se trouve à l’extrémité occidentale du village (n°2 chemin des Vignes). Le logis est construit en brique et pierre, indice d’une certaine ancienneté (antérieur à 1809, année du cadastre sur lequel il figure). Les bâtiments en équerre fermant les côtés sud et ouest sont postérieurs (certainement de la 2e moitié du 19e siècle avec une reprise des baies au 20e siècle).
Enfin, le logis en pierre de taille (portant la date de 1832) situé au chevet de l'église, impasse des Rosiers (ill.) pourrait avoir été reconstruit à l'emplacement de celui d'un ancien domaine agricole important, peut-être d'origine ecclésiastique (il est déjà visible sur le cadastre de 1809).
Ce type de ferme se retrouve également dans les écarts, qui se sont certainement développés autour d’un grand domaine isolé : Troussures et La Borde Longuet ou encore la ferme en ruine à Noirveaux en sont les plus remarquables exemples.
À Sainte-Eusoye, autour de la place publique et de la Grande Rue et à Noirveaux, une prédominance des demeures et des pavillons
Deux demeures se démarquent sur le côté sud de la place (n°12 et 14). Si au n°12 une habitation est bien visible sur le cadastre de 1809, celle-ci semble avoir été reconstruite au cours du 19e siècle. La parcelle du n°14 semble quant à elle avoir été lotie dans la 2e moitié du 19e siècle (datation par le style des bâtiments). Ces demeures ont pu être liées à des exploitations agricoles compte tenu de la présence de bâtiments annexes en bordure de parcelle.
Enfin, dans la 2e moitié du 20e siècle, des pavillons s’implantent à Noirveaux et à Sainte-Eusoye sur d’anciennes prairies dans la partie nord de la place ainsi que dans la Grande Rue.
Les matériaux de construction
Comme dans l’ensemble des villages du plateau picard, le pan de bois et le torchis ont été les matériaux les plus employés en raison de la nature des sols qui n’offraient pas de pierre de bonne qualité. Cette dernière était alors réservée aux édifices les plus remarquables (église, maison datée de 1832 à côté de l’église, les deux gros domaines agricoles au n°2 du chemin des Vignes et au sud-est de la Grande Rue) et aux parties les plus sensibles des constructions. La pierre se retrouve ainsi dans les solins des granges sur rue (en alternance avec la brique au n°7 de la rue Prien (ill.) ou seule au n°2 rue de l’Église (ill.)) ainsi que dans les murs coupe-feu qui évitaient la propagation des incendies (exemples dans la rue de la Mairie aux n°11 (ill.) et 5).
Quelques édifices en pans de bois et torchis sont encore visibles, tant dans les bâtiments importants du village, ce qui est peu fréquent (mairie-école, aujourd’hui logement ; ancien presbytère, aujourd'hui mairie), que dans les habitations, mais il reste très peu d’exemples. Nombreux sont ceux qui conservent leurs pans de bois mais sont remplis avec d’autres matériaux comme la brique (n°11 rue de la Mairie (ill.), n°34 de la Grande Rue (ill.)).
Le bois offre de belles formes pour orner les façades, tant dans la symétrie des pans de bois que dans les menuiseries. En effet, les entrées des fermes picardes sont le plus souvent composées d’une porte piétonne et d’une porte charretière. Ces éléments sont souvent très soignés comme l’imposte ajourée de l’entrée piétonne au n°34 de la Grande Rue (ill.).
La brique est massivement diffusée sur le plateau picard à la faveur de l’arrivée du chemin de fer (ligne de Froissy ouverte en 1891) qui permet d’acheminer du charbon et ainsi mieux chauffer les fours des briqueteries locales. Fermes et maisons sont ainsi massivement construites et reconstruites avec ce matériau à la limite des 19e et 20e siècles (demeure au n°12 de la rue de la Place, maison d’artisan au n°4 de la rue de la Mairie, la ferme de la Borde Longuet ...). Enfin, le béton devient majoritaire à partir des années 1960 dans les constructions des pavillons modernes de la Grande Rue et de la place des Tilleuls (ill.).
Comme ailleurs dans les villages du plateau picard, le chaume recule sur les toitures à partir des années 1840 (en 1831 sur les 77 maisons du chef-lieu, 75 sont en chaume mais elles ne sont plus que 8 sur 78 en 1861).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).