D’après Dietrich Lohrmann (cité par François Vasselle), cette grange cistercienne a été implantée à la suite du défrichement du bois de Noirvaux, cédé au 12e siècle à l’abbaye de Chaalis par l’abbé de Breteuil. La première occurrence connue de Troussures dans la documentation écrite (Cartulaire de l’Hôtel-Dieu de Beauvais) remonte à 1179 (Émile Lambert, 1982). La première exploitation agricole s'est probablement structurée dès la fin du 12e siècle.
De la grange édifiée par l'abbaye de Chaalis vraisemblablement à la fin du 13e siècle (baies à arcs brisés surmontées d’un quadrilobe, arcades en arcs brisés, piliers aux tailloirs moulurés), il reste aujourd’hui les deux pignons en pierre de taille calcaire. Une photographie de Fernand Watteeuw prise en 1962 montre l’intérieur de la grange qui servait alors de bergerie. Son plan est rythmé par des arcades aux arcs brisées soutenues par des piliers octogonaux. Une imposante charpente s’appuie sur cette structure en pierre.
Des reconstructions et constructions de plusieurs bâtiments agricoles ont également lieu au cours de l’époque moderne. Des éléments des 17e et 18e siècles sont encore en place comme la porterie (au moins en partie) ainsi que le pavillon situé dans l’angle nord-est de la ferme.
L’étude du cadastre napoléonien (1809) permet de se représenter l’organisation de la ferme juste après la Révolution : des bâtiments se trouvaient à l’emplacement du logis actuel (côté nord) et des anciennes écuries (côté est). Au sud de la parcelle une construction fermait l’espace entre la grange et l’angle sud-est. Enfin, côté ouest, deux bâtiments indépendants sont figurés : il n'en reste rien aujourd’hui
D’importants travaux de reconstruction sont menés dans le premier tiers du 20e siècle. Les bâtiments en brique le long du côté est (dont des écuries) sont élevés, tandis que ceux du côté ouest (comprenant les étables, bergeries et écuries) sont construits dans les années 1930. Enfin, le logis, conçu dans un style néo-normand est élevé en 1933.
Sur le plan cadastral de 1965, la ferme s’organisait donc autour d’une cour strictement fermée par les bâtiments agricoles. Certains d’entre eux ont disparu : ceux du côté sud, de part et d’autre du pignon de la grange médiévale ; celui à droite de la porterie en entrant. Un pigeonnier en pierre (disparu dans les années 2010) se trouvait à l’intérieur, en entrant à droite.
En 1966, une tempête a ravagé les toitures de la grange médiévale, entraînant peu après la chute des arcades puis des murs gouttereaux.
La ferme a été en activité jusqu’en 1993 (témoignage de la propriétaire).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).