Les typologies d’habitat
Comme dans l’ensemble des villages de l’ancien canton de Crèvecoeur, deux types d’habitat ressortent du repérage du bâti réalisé à Blancfossé : les maisons d’artisans et commerçants d’une part, les fermes d’autre part. Il est parfois difficile de les distinguer compte tenu de la fréquente polyvalence des activités des habitants au 19e siècle.
Les maisons de commerçants et d’artisans
La première catégorie regroupe les maisons de commerçants (épicier, débitants de boissons, cafetier…) et d’artisans travaillant la laine à domicile. Deux formes de bâti se rattachent à cet usage. Le premier qui concerne avant tout les commerces prend la forme du logis sur rue à deux niveaux (boutique et/ou atelier en rez-de-chaussée et logement à l’étage). Les quelques commerces cités dans les recensements de population et en activité dans le village jusqu’au début du 20e siècle pourraient être identifiés avec ces édifices (n°16, 30 et 31 (ill.) Grande Rue).
Les maisons des sergers puis tisserands qui sont majoritaires dans la population du village jusqu’au dernier quart du 19e siècle sont plus difficiles à identifier. Blancfossé compte toutefois plusieurs exemples particulièrement bien conservés de ce qui semblaient être des ateliers d’artisans textiles. Ces édifices prennent la forme d’un atelier sur rue avec entrée charretière. Un ancien volet, large mais de faible hauteur, peut être identifié avec l’ouverture de l’atelier sur la rue, permettant de l’éclairer. Le logis se trouvait alors le plus souvent en fond de cour (n°25 (côté rue du Colombier), 26 (ill.), 28, 31 (ill.), 45 Grande Rue, n°14 rue du Calvaire). Plus rarement, il jouxtait l’atelier (n°10 rue de l’Église, n°4 (ill.) rue du Calvaire).
Les fermes
Il est parfois difficile de distinguer nettement la ferme de l’habitation d’un tisserand. Les activités agricoles complétaient bien souvent le revenu d’un fileur de laine ou d’un serger. Le n°26 (ill.) Grande Rue comporte ainsi une ouverture pour l’atelier et une porte à engranger les récoltes, de forme plus étirée. La polyvalence des activités était bien souvent de mise.
Des fermes au sens strict peuvent être identifiées lorsque l’atelier sur rue est remplacé par une grange. Cette forme se rattache alors à la typologie de la ferme picarde, caractérisée par une grange sur rue et un logis en fond de cour (n°14, 35 (ill.), 41 (ill.) Grande Rue, n°5 rue du Sac).
Le second type de ferme se rapporte à des exploitations de taille plus importante. Les bâtiments agricoles sont alors distribués autour d’une vaste cour. La ferme de l’ancien château de Blancfossé est typique de cette forme. À Blancfossé, les logis de ces fermes sont le plus souvent alignés sur la rue et prolongés par une entrée charretière (n°18 (ill.), 19 (ill.), 20 (ill.), 27 Grande Rue). Les impostes ajourées au-dessus des portes piétonnes de certains logis sont particulièrement remarquables (n°18 (ill.) et 20 (ill.) Grande Rue).
Les matériaux de construction
Les solins et murs coupe-feu habituellement en brique dans les autres villages sont presque systématiquement en pierre à Blancfossé (n°20 (ill.), 24, 33 (ill.) Grande Rue, n°5 rue du Sac). La présence de carrières de pierre près du village peut expliquer cette caractéristique propre à ce village. Elle peut également avoir été motivée par les choix de construction qui ont fait suite à l’important incendie qu’a connu le village en 1783. Un emploi plus généralisé de la pierre devait permettre de limiter les destructions d’un potentiel nouvel incendie.
Les maçonneries en torchis et pans de bois, matériaux traditionnels du bâti du plateau picard, sont encore très nombreuses à Blancfossé (n°39 (ill.), 41 (ill.), 45 Grande Rue, n°11 (ill.) rue du Colombier). Dans la seconde moitié du 19e siècle cependant, de nombreux édifices sont reconstruits en brique. Cette évolution commune aux villages du plateau picard est possible grâce à la diffusion de la brique industrielle. À Blancfossé, ce sont surtout les bâtiments agricoles des grosses exploitations qui bénéficient de telles reconstructions. La bergerie et la grange de la ferme du château, mais également celles du n°19 (ill.) ou 42 (ill. avec date portée : "1854") de la Grande Rue, en offrent de remarquables exemples. Au 20e siècle, la brique continue sa progression et concerne davantage les logis (n°21 (ill.), 27, 29 (ill.) Grande Rue).
En ce qui concerne les matériaux de couverture, comme dans tous les villages de l’ancien canton de Crèvecoeur, l’ardoise prend l’ascendant sur le chaume dans le 2e tiers du 19e siècle : en 1831, sur les 162 maisons du village, 24 étaient couvertes en ardoise contre 119 en chaume. En 1866, sur les 148 maisons du village, 93 sont en ardoise et seules 10 demeurent en chaume. Aujourd’hui, l’ardoise reste majoritaire.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).