Dossier d’œuvre architecture IA60003196 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Blancfossé
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Blancfossé
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, abreuvoir, croix de chemin, pressoir, presbytère

D'après la tradition, l'emplacement actuel de Blancfossé, au creux d'un vallon sec, aurait été choisi par les habitants après la destruction de leur premier village par les normands au 9e siècle. Ce village primitif se serait trouvé à l'emplacement du cimetière actuel, juste au nord du village. Blancfossé se développe alors autour d'un important domaine agricole (un château y sera construit, il n'en reste aujourd'hui que la ferme) et d'une église paroissiale. La présence de carrières de pierre et un important incendie en 1783 expliquent l'importante présence de la pierre calcaire dans les maçonneries du bâti, contrairement aux villages environnants.

Village de sergers jusqu'au dernier quart du 19e siècle, Blancfossé suit l'évolution classique des villages de l'ancien canton de Crèvecœur. L'exode rural de cette population qui travaillait dans l'industrie textile domestique entraîne ensuite une baisse démographique importante du dernier quart du 19e siècle jusqu'au milieu du 20e siècle. Les activités deviennent exclusivement rurales. De 1830 à 1870, Blancfossé comptait plus de 500 habitants contre 120 aujourd'hui.

Origines

 

D’après la tradition transmise par L. Graves, le village se serait à l’origine situé à l’emplacement de l’actuel cimetière dans la vallée de Saint-Rémy. Les habitants auraient quitté ce lieu après sa destruction par les Normands au 9e siècle.

Le nom de "Blancfossé" est mentionné pour la première fois vers 1162, sous sa forme latine "Album fossatum", dans le cartulaire de l'abbaye de Breteuil. Deux années plus tard, la présence d'un autel, et donc d'une église est citée dans les Gallia Christiana. Selon la tradition, transmise notamment par Louis Graves dans son Précis Statistique, le nom du village serait lié à la présence d'un chemin creux, Le Fossé Blanc, dont la couleur était due à la forte quantité de calcaire dans la terre. Il conduisait à un souterrain-refuge, découvert en 1780 et situé à l'est du village.

Blancfossé se trouvait au Moyen Âge dans la châtellenie de Breteuil et la cure de la paroisse appartenait à l'abbaye de Breteuil. Un château dont il ne reste que les bâtiments de la ferme attenante, a existé jusqu’au 19e siècle où il est peu à peu tombé en ruines. Quelques vestiges de maçonneries sont encore présents dans le pré à l’ouest du logis de la ferme.

En 1783 un incendie détruit les 4/5e du village. Un grand nombre d'habitations, dont plusieurs sont encore visibles aujourd'hui, sont alors reconstruites en pierre calcaire grâce aux carrières situées proche du village.

Au 19e siècle, les habitants et habitantes du village sont principalement occupés par des travaux agricoles et textiles (sergetterie à domicile). Un moulin à vent, déjà figuré sur la carte de Cassini (1757) se situait au sud du village sur la route de Cormeilles. Un meunier est mentionné dans les recensements de population jusqu'en 1841. En outre, un ancien pressoir à cidre communal (peut-être l’ancien pressoir banal du château) était installé au n°24 de la Grande Rue.

Le presbytère est érigé en 1877. Il remplace un édifice plus ancien, déjà visible sur le plan terrier du 18e siècle. En brique, de plan régulier à deux niveaux, le nouvel édifice arbore un style néoclassique avec son fronton triangulaire.

Le bâti du village est épargné par les destructions des deux conflits mondiaux. Plusieurs habitants sont cependant tués lors de ces guerres et un monument aux morts est érigé à côté de l'église en 1921 par Auguste Boussard, marbrier à Breteuil (AD Oise : archives de l'association pour la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis).

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

Blancfossé s’est certainement développé au Moyen Âge autour du pôle église/château, l’un et l’autre étant implanté aux extrémités de la rue de l’Église. De l’étude des cartes anciennes disponibles pour ce village (un plan du 18e siècle, le plan d’état-major et le cadastre de 1978) il ressort que la morphologie et le parcellaire du bâti sont restés stables. La forme du village n’a en effet pas évolué : l’habitat est distribué de manière régulière et serré le long d’une rue unique orientée est-ouest, tandis qu’elle est coupée perpendiculairement en son milieu par la rue du Calvaire. Sous l’Ancien Régime, Blancfossé avait ainsi la forme d’un T.

Au fil des siècles s’est développée la zone située au sud de la Grande Rue. La rue du Sac apparait déjà bien constituée au 18e siècle : le bâti y est dense et régulier. Les rues du Moulin et du Colombier semblent se constituer au 19e siècle. La rue du Colombier, mentionnée pour la première fois dans le recensement de population de 1851, était certainement l’ancien tour de ville car ce chemin passe derrière les parcelles des habitations de la rue du Sac et de la Grande Rue.

Au 20e siècle, le cadre du bâti a peu évolué. Cependant, en lien avec l’exode rural qu’a connu le plateau picard, certaines habitations anciennes sont abandonnées et disparaissent. Des pavillons résidentiels s’installent alors sur ces parcelles.

 

Lieux partagés et structurants

 

Collecter et partager l’eau

 

Comme dans l’ensemble des villages des environs, l’habitat s’est structuré autour des lieux de collectes de l’eau, rare dans les sols poreux et secs du plateau picard. En 1902, 5 mares sont inventoriées (Notice Descriptive et Statistique de l’Oise p 237). Aujourd’hui, 4 mares sont encore en eau avec présence de l’ancien mur maçonné en brique ou en calcaire pour les 3 situées dans la Grande Rue (extrémité est et ouest du village et celle à l’intersection entre la Grande Rue et la rue de l’Église). La dernière, à côté de la croix au nord de la rue du Calvaire n’a pas de mur maçonné. Visible sur un plan terrier du 18e siècle, la mare la plus ancienne est celle qui se trouve à l’extrémité ouest de la Grande Rue. Dans ce village implanté au creux d’un vallon sec, ces mares servaient à contenir les eaux de ruissellement des pluies. Abreuver les troupeaux et stocker de l’eau en cas d’incendie (comme celui rapporté par L. Graves) constituer leurs deux autres fonctions principales.

Les puits communaux sont des aménagements essentiels à la vie des habitants et habitantes des villages du plateau picard. 6 sont cités en 1902 (Notice Descriptive et Statistique de l’Oise). 4 ont pu être relevés aujourd’hui. Celui situé rue du Sac conserve ses maçonneries d’origine en pierre de taille calcaire, même si les deux pans du toit ont disparu.

 

Les croix de chemin

 

Deux croix de chemin ont pu être relevées. Situées aux sorties ouest et nord du village, elles signalent ses limites. La croix au nord de la rue du Calvaire a été érigée en 1870 (date portée sur une face du piédestal) par Rémi-Désiré Lenain. Sur son piédestal en pierre sont figurés les instruments de la Passion. Elle est restaurée en 1923 : la croix et le Christ sont remplacés. À cette occasion, une bénédiction a lieu (AD Oise : archives de l’Association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis).

La seconde croix installée à l’est du village est en fer et fonte, avec un socle en pierre sur lequel sont portées les inscriptions « SOUVENIR DE LA […] » et au centre de la couronne « 20 […] 1872 ».

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine
  • Typologies
    vallée sèche
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 13. Blancfossé, inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 93. Blancfossé. Recensements de population (1806 à 1936).

Bibliographie

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Crèvecœur, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1836.

    p. 30-31.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 61.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 237.
  • OISE. Archives départementales. Répertoire méthodique détaillé de la sous-série 2 O. Administration communale. Établi par le bureau des archives modernes, archives départementales de l’Oise, 2019.

    p. 218.

Documents figurés

  • Blancfossé. Cadastre rénové, section B, feuille 3, 1978 (AD Oise ; 1964 W 19).

  • Blancfossé. Plan de la terre et seigneurie de Blancfossé, [18e siècle] (AD Oise ; plan 287).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Blancfossé
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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