Origines
Les premières mentions connues du Crocq apparaissent au 13e siècle (en 1203 dans le cartulaire de la commanderie de Sommereux sous la forme "Crocco"). Sa mention tardive dans les textes est peut-être due au fait que cette agglomération naît plus tardivement que les villages environnants. En effet, Le Crocq est devenue paroisse en 1661 seulement.
Dès le Moyen Âge, Le Crocq est une seigneurie vassale de l’abbaye de Froidmont à la suite d’une donation de Louis, comte de Clermont, en 1200. La commanderie templière de Sommereux y possède également des biens. Vers 1244, l’abbaye de Breteuil acquiert une partie des bois dits de Cormeille qui couvraient alors le territoire du Crocq. Augmentée de terres, l’abbaye constitue alors la ferme de la Quennotaye. Le Moyen Âge est donc l’époque d’une forte implantation ecclésiastique au Crocq.
Au 17e siècle, le domaine du Crocq entre en possession de Louis de Vendeuil, maréchal de camp et lieutenant du roi, à la suite d’un échange conclu avec l’abbaye de Froidmont. Il réunit les fermes voisines de la Quennotaye, de Bellassise et de Malassise et construit un château et une chapelle au Crocq. En 1661, il obtient l’érection de la chapelle en cure, sous l’invocation de Saint-Louis.
Le domaine du Crocq est ensuite acquis par le marquis de Rumigny au 18e siècle. Au début du 19e siècle et à la suite de divisions, le château est démoli et le parc supprimé. Il n’y a déjà plus aucune trace du château à l’époque où Louis Graves publie sa notice descriptive, en 1836. La carte de Cassini (1757) figure le parc du château, qui s’étendait à partir de l’actuel terrain de football.
Le village du Crocq devient une commune indépendante de celle de Cormeilles en 1832.
Au début du 19e siècle, la famille Lecomte y installe une fabrique de serges, étoffes de laine principalement réalisées dans les villages du canton de Crèvecoeur. Elle se spécialise ensuite dans les velours. L’établissement ferme en 1951.
Deux moulins à vent se trouvaient à la sortie nord du village (carte d'état major, milieu 19e siècle). Le lieu-dit "Le Moulin à vent" rappelle la présence de l'un d'eux.
Morphologie et parcellaire du village
Si l'on compare la forme actuelle du Crocq avec celle du cadastre dit napoléonien (milieu 19e siècle), elle a peu changé. Le Crocq forme un village-rue d’axe nord-sud le long d’une ancienne voie menant de Francastel à Croissy-sur-Celle (visible sur la carte de Cassini, milieu 18e siècle). Le village est structuré au sud par le quartier de l’ancien château, avec l’église paroissiale actuelle et une ancienne ferme qui a accueilli la première représentation du théâtre des armées au cours de la Première Guerre Mondiale (n°53 rue Principale). La limite nord du village est quant à elle matérialisée par l’emprise du quartier de la fabrique Lecomte avec ses logements ouvriers et les bâtiments d’usine, dont il reste quelques traces.
Juste au nord de l’église s’étend la place publique avec sa vaste mare et sa mairie-école. La morphologie verticale du village est toutefois atténuée par un axe est-ouest qui coupe la rue Principale au niveau de l’église. Il permet d’accéder à Doméliers à l’ouest. Les autres rues perpendiculaires à l’axe principal permettent de rejoindre le tour de ville.
Le parcellaire du Crocq forme des lanières régulières et étroites, perpendiculaires à la rue Principale. Cette disposition est commune à la majorité des villages des environs. Cette structure est un héritage de l’Ancien Régime comme l’illustre le cadastre dit napoléonien.
Situé sur un important et ancien axe de circulation (route d'Amiens à Beauvais, actuellement D11), et bénéficiant de l’activité de l’usine Lecomte, le bâti est resté relativement dense et serré, malgré l’exode rural. Rue de Doméliers et rue de l’Église, les anciennes fermes picardes visibles sur le cadastre dit napoléonien ont laissé place à des pavillons modernes, qui ont investi le village surtout à partir des années 1990, en lien avec une hausse démographique.
Lieux partagés et structurants
Les limites du village : tour de ville et croix de chemin
Ces deux éléments bornent les limites du village. Ils étaient déjà présents sous l'Ancien Régime.
Le tour de ville constitue l'ensemble de sentiers ceinturant le village et passant à l’arrière des parcelles, typique des villages du Plateau Picard. Ces chemins séparaient les zones habitées des terres labourables. Il est nettement visible sur le cadastre napoléonien daté du premier tiers du 19e siècle. Les villages voisins de Doméliers et Viefvillers en possèdent également.
Cinq croix ont pu être relevées dans le village. Un inventaire daté de 1845 fait état du même nombre de croix dans le village. Mais étaient-elles situées aux mêmes emplacements ? La croix implantée juste derrière le monument aux morts semble par exemple dater de la première moitié du 20e siècle. Quant à la croix installée en face de l'ancienne usine Lecomte, elle a été érigée en 1900, à la suite du décès d'Émile Lecomte, ancien directeur de l'usine. Les trois autres croix, en fer et fonte, sont attribuables au milieu du 19e siècle et pourraient correspondre à l'inventaire de 1845. Elles avaient pour fonction de borner le village (pour celles situées aux sorties nord et sud) et de signaler un croisement (celle située à l'angle de la rue Principale et de la rue de Doméliers). Un élément curieux est à noter pour la croix au sud du village: une plaque tombale au nom d'Antoine Magnien, mort en 1834, se trouve juste en-dessous.
Collecter et partager l’eau
Des six mares visibles sur le cadastre napoléonien, il ne reste plus que la plus importante de toutes, en face de l’église. Elles permettaient de capter l’eau issue des ruissellements des pluies, d’abreuver les animaux et de disposer d’une réserve en cas d’incendies.
Sur les deux puits cités dans la Notice descriptive de l'Oise (1902), il n'y en a plus aucun.
En 1954, un château d’eau a été construit. Il a été démantelé en 2011 et remplacé par une station de pompes hydrauliques.
Aménagements et édifices publics
Une première école a été installée dans l'ancien presbytère dans la première moitié du 19e siècle. Ce dernier devait se situer au n°5 rue de Doméliers (parcelles 99 et 100 du cadastre dit napoléonien).
L’ancienne mairie se trouvait au n°24 de la rue Principale. Une mairie-école a ensuite été construite à partir des années 1850, toujours présente à son emplacement actuel. L'école est située dans le bâtiment en brique, en fond de cour.
Une vaste place plantée de tilleuls s'étend devant la mairie-école.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).