Dossier d’œuvre architecture IA60003152 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Thieux
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Thieux
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, abreuvoir, croix de chemin, monument aux morts, mairie, école, poste, place

Thieux est un village de l’ancien canton de Froissy. Il se situe au sud-est de l’aire d’étude, entre Noyers-Saint-Martin à l’ouest et Wavignies à l’est ; Campremy au nord et Bucamps au sud. Comme la majorité des villages du plateau picard, Thieux se situe au milieu d’une plaine céréalière, plus ou moins vallonnée. Celle-ci se creuse en effet au sud-ouest du village à l’emplacement du lieu-dit La Fosse et du bois de Thieux. Les terres autour du village sont propices aux cultures grâce à la fertilité du plateau crayeux caractéristique de cette partie de la Picardie.

Le territoire communal de Thieux s’étend sur une superficie de 9,2 km². La commune n’a pas d’écart et l’habitat est concentré autour de l’église. En 2019, la population s’élevait à 437 habitants, répartis dans 184 logements (dont 88,4% de résidences principales).

Le village s’est développé au cours du Moyen-Âge grâce à l’exploitation des terres agricoles détenues par deux seigneuries ecclésiastiques (abbayes Saint-Quentin et Saint-Lucien de Beauvais) et une seigneurie laïque (un manoir seigneurial se trouvait à l’emplacement du château d’eau actuel). Au 19e siècle, les activités des habitants se partagent entre travaux agricoles et tissage à domicile. Comme dans la plupart des villages situés au sud de l’ancien canton de Froissy (Bucamps, Maisoncelle-Tuilerie…), de nombreux brossiers sont domiciliés à Thieux à la limite des 19e et 20e siècles. Le village doit toutefois faire face à l’exode rural, commencé dans le dernier quart du 19e siècle et poursuivi tout au long du 20e siècle. La population connaît cependant une croissance depuis les années 1990. La présence des pavillons modernes implantés dans le village en témoigne.

Origine

 

"Tilz" est la forme la plus ancienne connue de "Thieux". Elle se trouve dans une charte du cartulaire de l’abbaye de Saint-Quentin de Beauvais datée de 1119 (É. Lambert, 1982). Ce toponyme serait composé du bas latin "tilium" ("tilleul").

Près de Thieux, un village connu au 11e siècle, Mormaisons avait entièrement disparu au 17e. Il possédait un cimetière et une petite chapelle. Le lieu-dit chemin de Mormaisons en perpétue le souvenir.

D’après l’historien Louis Graves (1832), la seigneurie et l’église de Thieux ont été données à l’abbaye Saint-Quentin de Beauvais en 1118 par Walleran, comte de Breteuil, qui était en leur possession. Une tradition locale rapporte qu’un établissement de templiers a existé dans la commune. Comme Sainte-Eusoye et Farivillers, Thieux relevait du comté de Clermont, puisque ces villages se trouvaient dans la châtellenie de Bulles.

L’abbaye Saint-Lucien de Beauvais acquiert également des terres et domaines agricoles à Thieux au cours du Moyen-Âge. Deux plans terriers du 17e siècle conservés aux archives départementales recensent les possessions de cet établissement monastique. La ferme du Tilloy (40 rue des Hayes), juste au sud de l’église, était un ancien domaine agricole de l’abbaye Saint-Lucien. D’après ce plan, une partie des bâtiments actuels pourrait être antérieure au 18e siècle (en particulier ceux qui longent la ruelle Malvoisine et ceux qui sont parallèle à la façade méridionale de l’église).

Enfin, outre ces deux seigneuries ecclésiastiques, un seigneur laïc était possessionné dans le village. En effet, un manoir seigneurial est matérialisé sur ce même plan. Il appartenait à "Monseigneur de Thieux" et se trouvait à l’emplacement du château d’eau actuel. Il était composé d’un logis, de bâtiments agricoles, d’une chapelle et d’un pigeonnier.

 

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire du village

 

Les plans terriers de l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais datant du 17e siècle est le plus ancien témoignage de la morphologie urbaine de Thieux. Le tracé et les noms des rues ainsi que l’implantation du bâti sont identiques à aujourd’hui. Le village prend en effet la forme d’un maillage comprenant plusieurs quadrilatères dessinés par les rues. Comme l’illustre le plan terrier, l’habitat s’est développé d’une part entre l’église et la ferme abbatiale au nord-est, et d’autre part autour du manoir seigneurial au sud-ouest (emplacement du château d’eau actuel). C’est toujours entre ces deux pôles que le bâti est le plus dense. 

Sur les plans du 17e siècle, c’est le long de la rue Notre Dame que le parcellaire est le plus serré. Les habitations y sont le plus nombreuses. Cette densité importante se retrouve à cet endroit sur le cadastre de 1937. Située dans l’axe de la façade occidentale de l’église, cette rue, qui accueille la poste au milieu du 19e siècle, pourrait être la plus ancienne de Thieux.

Le village s’est toutefois étendu après la Révolution. Un petit château a été construit au 19e siècle, au nord-est du village, à l’intersection des rue Notre Dame, des Hayes et de la D74. Ce croisement, situé à proximité de l’église, donne à Thieux sa forme de village-carrefour, permettant de relier plusieurs agglomérations des environs grâce à un réseau de routes départementales qui se rencontrent (D61, D74 et D23). Le bâti s’est aggloméré dans le quart sud-ouest de l’intersection. La rue Jeannequin, n’est plus mentionnée dans le recensement de population de 1911, signe de son dépeuplement total.

Au cours de la seconde moitié du 20e siècle et au début du 21e siècle, des quartiers de pavillons se sont développés à l’ouest le long des rues Notre Dame, de Monplaisir et Jannequin ; au sud est le long des rues Tassart et de Fresneaux ; au nord enfin, le long de la rue des Hayes. Ces constructions plus récentes compensent le dépeuplement des parcelles du cœur du village, à la suite de l’exode rural, commencé dans le dernier quart du 19e siècle et poursuivi après les deux conflits mondiaux du 20e siècle.

 

Lieux partagés et structurants

 

Les limites du village : croix de chemin et tour de ville

Croix de chemin

Placées aux intersections au centre et aux extrémités du village, plusieurs croix de chemin sont encore présentes à Thieux. Elles permettaient de marquer les limites du village et de signaler les carrefours majeurs. Les archives de l'association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis permettent de documenter ces œuvres. La plus ancienne, déjà visible sur le plan terrier du 17e siècle, se trouve encore aujourd’hui au croisement des rues Jeannequin et de la Ville. Si la partie supérieure a pu être restaurée en 2011, en fibro-ciment, le piédestal sur lequel figurent des têtes de mort, est d’origine, certainement du 17e siècle. À l’occasion de la restauration, la remise des pompes à incendie située à côté de la croix a été démolie.

À la sortie ouest de Thieux (direction Noyers-Saint-Martin) se trouvait une croix de chemin en fer et fonte érigée en 1770 par la famille Desesquelle. Elle a été déplacée dans l’église en 1978.

Toujours à l’ouest du village, la croix implantée en face de la façade occidentale de l’église est déjà visible sur les cartes postales du début du 20e siècle et sur le cadastre de 1937. La croix dite du courtil Rosa est implantée sur la route menant à Catillon et au bord du chemin du tour de ville qui délimitait la zone des courtils (potagers, jardins, vergers) des habitations.

Le "calvaire Paul", béni en 1910, se trouve après le cimetière, sur la route menant à Wavignies.

La croix de la route de Noyers, à l'ouest de la rue Notre-Dame comporte un Christ provenant de l'ancien cimetière commun à Thieux et Campremy.

Route de Campremy, la croix dite "du Père Martin" se trouve actuellement dans une propriété privée, à l'angle de la route et du chemin du tour de ville.

Route de Bucamps, la croix dite "Dubois" du nom du propriétaire qui l'obtient dans sa parcelle à la suite du remembrement de 1962.

Sentier du tour de ville

Aménagement typique des villages du plateau picard implantés au milieu d’une plaine céréalière, les sentiers du tour de ville avaient plusieurs fonctions. Ils permettaient de séparer la zone habitée de la zone cultivée et facilitaient l’accès aux champs, par les passages situés au fond des parcelles. À Thieux, la section du tour de ville passant derrière la rue des Hayes est la mieux conservée. Le chemin dit "De Derrière les Hayes" comprend aujourd’hui le sentier du Chauffour et son prolongement jusqu’à la route communale. Enfin, la rue Becquerel rejoignait à l’origine un sentier menant à l’ancien cimetière, ce qui peut expliquer la présence d’une croix de chemin au départ de ce sentier disparu.

 

Gérer et partager l’eau  

 

Thieux conserve plusieurs puits et mares, aménagements communaux essentiels des villages du plateau picard, crayeux et sec. Dix puits sont cités dans la Notice statistique de 1902, tandis que cinq sont figurés sur le cadastre de 1937. Aujourd’hui, trois sont toujours présents : un sur les deux rue Notre Dame (l’autre a été transformé en pompe à incendie), celui du carrefour de la rue des Hayes et de la rue Notre Dame, et enfin celui rue de la Ville. Ils prennent la forme d’édicules architecturés en brique et pierre calcaire, couverts d’un toit à deux pans. Le puits qui se trouvait à l’angle de la rue de Fresneaux et de la rue Tassart a disparu, certainement à la suite de la reconstruction de la ferme contre laquelle il était accolé.

Réserves d’eau en cas d’incendie, abreuvoirs pour les animaux et moyens de collecte des eaux de pluie, les mares sont également des éléments patrimoniaux typiques des villages picards. Sur les plans terriers du 17e siècle, une mare dite "du Moulin" est figurée à l'extrémité ouest de la rue Notre-Dame, au croisement avec la rue Saint-Nicolas. Sept mares ont été recensées à Thieux en 1902. Aujourd’hui, seule subsiste la mare à l’intersection des rues Notre Dame et de la Ville, déjà visible sur l'un des deux plans de l'abbaye Saint-Lucien au 17e siècle. Ses murs maçonnés en briques sont bien visibles sur les cartes postales du début du 20e siècle.

Enfin, le château d’eau est construit dans le premier tiers du 20e siècle à l’emplacement de l’ancien manoir seigneurial de Thieux (il est visible sur le cadastre de 1937).

 

Équipements publics

 

Dès le plan terrier du 17e siècle, une place publique, la place du Plaidoyer, sur laquelle le seigneur devait rendre la justice existait à Thieux. Elle correspondait à l’emplacement du terrain de football actuel. Par la suite, une place communale est implantée au cœur du village, entre les rues des Hayes et de la Ville. Elle est dénommée "Place Publique" sur le cadastre de 1937 et est plantée de tilleuls.

La série O des archives de l’Oise permet d’éclairer l’histoire des bâtiments communaux de Thieux. Le presbytère est construit en 1822 par M. Duflot, entrepreneur. Situé rue des Haies (actuel n°33 ?, voir plan en ill.), il est loué à partir de 1910 et vendu en 1927.

Le projet de construire une école à Thieux remonte aux années 1850. En 1856, l’architecte de l’arrondissement de Clermont, Bellanger, en dresse les plans. En 1859, la commune achète un terrain lotis de bâtiments (maison, grange) rue de la Ville aux époux Guilbert-Leclerc afin d’y construire une école avec logement de l’instituteur (voir plan en ill.). Plusieurs modifications ont été apportées au projet au cours des travaux comme la nécessité d’aménager une salle de mairie dans le grenier de l’école. La maison en brique déjà présente sur le terrain entre cour et jardin devient le logement de l’instituteur. L’école est construite sur la rue, en briques de Wavignies et en pierre, carrelée en carreaux de Beauvoir et couverte d’ardoises d’Angers. Sur la rue, deux passages distincts sont aménagés, l’un pour les filles, l’autre pour les garçons. Les travaux sont réalisés par Pierre-Antoine Dupuis, entrepreneur à Wavignies et achevés en 1867.

Toutefois, en 1886 le logement et le jardin de l’instituteur sont jugés insuffisants et la salle de classe sert de mairie. La parcelle située à gauche est alors acquise aux époux Leclerc afin d’agrandir le logement de l’instituteur et l’école. En 1894, le logement de l’instituteur est agrandi sur sa partie gauche par le maçon É. Sélame domicilié à Bucamps. En 1930, un garage est aménagé dans un des bâtiments de l’école (ancienne étable). Le bâtiment d’école et l’ancien logement de l’instituteur sont toujours en place, tandis que la mairie actuelle a été construite plus tard rue des Hayes.

À la suite d'un don consenti par la famille Quette en faveur de la commune vers 1890, l'immeuble situé au n°12 rue de la Ville est transformé en maison de secours. Une crèche est également installée dans ce bâtiment en 1893.

Au début du 20e siècle, Thieux se dote d’une agence postale et d’un bureau téléphonique. La commune achète aux époux Godot un terrain avec un immeuble à démolir en vue de construire cet équipement. Après que l’architecte du gouvernement Mr Nimbeau a dressé les plans, il est achevé en 1910 par Mr. Candillon, entrepreneur à Breteuil. Son bâtiment est toujours en place.

D’après le cadastre de 1937, la gare de Thieux qui desservait la ligne de Froissy se situait à l’écart du village, au nord-est, dans la vallée du Grand Mesnil. Elle est construite dans les années 1890 et est citée dans la Notice descriptive de l'Oise.

Enfin, une maison de secours financée par la ville avec une crèche et une infirmerie est créée en 1895 (AD Oise : série O).

Deux monuments commémoratifs des deux guerres mondiales sont érigés dans le village. Celui en mémoire des morts pendant la première guerre mondiale est érigé en 1922 (AD Oise : série O) par Boussard sur le même modèle que celui de Breteuil. Après la Seconde Guerre mondiale, la commune finance un monument figurant une Vierge pour célébrer le retour des prisonniers. Siitué à l'intersection des routes de Wavignies et Catillon, il est inauguré en 1947.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes, 17e siècle, 18e siècle
    • Principale : Epoque contemporaine, 19e siècle, 20e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété publique

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 10. Thieux. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 698. Thieux. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 24152. Thieux. Presbytère (1819-1927).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 24146. Thieux. Mairie-école (1855-1937).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 24149. Thieux. Poste (1906-1912).

Bibliographie

  • BONNET-LABORDERIE, Pierrette. Blé et patrimoine, l'exemple cistercien. Groupe d'études des monuments et oeuvres d'arts de l'Oise et du Beauvaisis. Bulletin n°24, 1985.

  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

  • LEBÈGUE, Maurice. Les noms des communes du département de l'Oise. Amiens : Musée de Picardie, 1994.

    p. 205.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 241.
  • OISE. Archives départementales. Répertoire méthodique détaillé de la sous-série 2 O. Administration communale. Établi par le bureau des archives modernes, archives départementales de l’Oise, 2019.

    p. 1545-1546.

Documents figurés

  • Thieux. Figure du village et du terroir de Thieux, [17e siècle] (AD Oise ; plan 778).

  • Thieux. Plan du village et territoire de Thieux relevant de l'abbaye de Saint-Lucien, 1686 (AD Oise ; plan 777).

  • Thieux. Cadastre rénové, section E, feuille unique, 1937 (AD Oise ; 1964 W 164).

  • Thieux (Oise). Le bureau de poste, carte postale, éd. Bocquet-Delattre, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Thieux (Oise). Rue d'En Bas, carte postale, phot. Gaillard, Clermont, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Thieux (Oise). Les écoles, carte postale, coll. M. B., [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Thieux
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020, 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général