Origines
La première mention de Bucamps figure dans une charte datée de 1075, appartenant à l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais qui possédait de nombreuses terres dans le village. Elle mentionne un certain Warnius de Buschans (Émile Lambert, 1982). Ce toponyme est probablement composé de l'ancien français "bus" ("bois") et de la forme picarde "camp" (au pluriel) de "champ" (du latin "campus", champ, plaine). Il signifierait donc "le champ du bois".
L’origine de l’implantation du village semble être liée à l’exploitation d’importants domaines agricoles. Bien que plusieurs hommes ayant porté le toponyme "de Bucamps" soient mentionnés dans des sources médiévales (V. Leblond mentionne par exemple Raoul de Bucamps en 1156 ou Étienne de Bucamps, écuyer, en 1377), ces personnes possédaient simplement un fief constitué de terres agricoles et de revenus. La présence d'une forteresse n'est pas attestée car ce sont surtout des seigneurs ecclésiastiques du Beauvaisis qui étaient les principaux détenteurs des terres de Bucamps (abbaye Saint-Lucien de Beauvais, abbaye de Breteuil, prieuré de Wariville, abbaye Saint-Paul de Beauvais). Le droite de présentation à la cure de Bucamps appartenait à l’abbé de Saint-Quentin de Beauvais.
Développement et structuration du village
Daté de 1682, le plan des terres relevant du prieuré de Wariville est la première représentation cartographique connue de Bucamps. La ferme de la Corniole, certainement un ancien domaine agricole ecclésiastique, est figurée, à l’est du village. S’il convient de rester prudent dans les interprétations de cette carte, il ne fait pas de doute que le village actuel hérite du caractère aggloméré du bâti et de la place centrale de l’église, dont l’élément le plus ancien est le portail remontant au 16e siècle. L’étude du cadastre napoléonien (1808) montre que le tracé des rues et l’implantation actuels du bâti sont fidèles à ceux du début du 19e siècle. Trois zones aux caractéristiques distinctes peuvent être observées sur ce cadastre : les parcelles sont irrégulières et le bâti plutôt lâche le long de la rue de Thieux (actuelle rue du Chauffour) ; le maillage parcellaire et bâti est plus aggloméré autour de l’église, rue d’En haut et rue du Quesnel (aujourd'hui rue Saint-Pierre) ; enfin, le tracé de l'actuelle rue des Fresnes était plus rectiligne qu'aujourd'hui et présentait un parcellaire régulier en lanières. Concernant la circulation dans le village, un réseau de sentiers visible sur les cadastres napoléonien et de 1936 reliait les actuelles rue des Fresnes et rue de la Mairie. Il a aujourd'hui disparu mais une partie est toujours présente à l'entrée de la prairie de l'impasse du Bois.
Quelques pavillons se sont implantés dans la seconde moitié du 20e siècle, autour du croisement de la rue de Fresneaux et de la rue du Chauffour, au nord du village. De nombreux panneaux de signalisation anciens de type "Michelin" sont encore en place dans le village (ill.).
Les lieux partagés
Équipements publics
Une première école est créée en 1784 sur un terrain donné à cet effet par les religieuses du prieuré de Wariville (Louis Graves). Toutefois, elle est détruite par un incendie en 1847 et une maison qui appartenait à la famille Cornette est alors acquise pour la remplacer. La mairie-école actuelle a été édifiée sous le mandat du maire Alexandre-Auguste Mahieux, (décédé en 1887 à Clermont, voir sa tombe dans le cimetière). Les travaux terminé en 1870 ont été exécutés par Florentin Levieil, entrepreneur à Montreuil-sur-Brêche.
Autre lieu partagé, la place communale qui existe aujourd’hui est bien identifiée sur le cadastre de 1936. Plantée de tilleuls, elle a peut-être accueilli un terrain de jeu de paume, populaire dans les villages picards.
Gérer et partager l'eau : mares et puits
Comme le village est situé en fond de vallon, une mare a été creusée sur le carrefour central afin de collecter les eaux de pluie dont le ruissellement abondant cause des problèmes d'inondations mentionnés par Louis Graves. La mare figure sur le cadastre napoléonien et sur le cadastre de 1936 mais a aujourd’hui disparu. Un fossé nommé "ravin" sur le cadastre de 1808 est toujours présent au sud de cette place pour assurer le bon écoulement des eaux pluviales.
En outre, douze puits sont cités (Bucamps et son hameau de Fresneaux) en 1902 (Notice Statistique de l'Oise). Il n'en reste plus de trace aujourd'hui. Ces aménagements qui prenaient la forme d'édicule architecturé en pierre étaient communaux car les sols poreux et secs du plateau picard imposaient aux habitants de creuser à environ 90 mètres de profondeur pour atteindre l'eau. Ces aménagements coûteux étaient alors partagés.
Les croix de chemin
Trois croix de chemin ont été relevées sur le territoire de la commune de Bucamps. La première se situe sur la place centrale du village, à l'emplacement de l'ancienne mare. Elle aurait donc été érigée après la disparition de cette dernière (après 1936 d'après le cadastre levé à cette date). Sa facture laisse penser à un réemploi d'une croix de chemin ou de sépulture (provenant de l'ancien cimetière ?) plus ancienne (Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis). La seconde croix se trouve à la sortie ouest, en direction de Fresneaux, dans un bosquet. D'après le docteur Legoux (GEMOB, 1992), le socle porte le nom des donateurs et la date d'érection de la croix (illisible aujourd'hui) : "IPM Philippe Duflot Marie-Claire Dupuis 1816". La dernière est implantée entre Bucamps et Fresneaux le long d'un sentier au sud de la route communale.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).