Origines
La première mention connue de "Contevillam" figure dans une charte de 1119 du Cartulaire de Beaupré ("inter Contevillame et Salcosas", aujourd’hui Choqueuse-les-Bénards). Ce toponyme, composé du latin "comites" (comte) et de "villa" (domaine) désigne le "domaine du comte". En effet, les comtes de Beauvais y possédaient des biens dès le 11e siècle et leur présence est toujours matérialisée par les vestiges de la motte féodale, au cœur du village. La seigneurie de Conteville a ensuite été vassale de celle de Crèvecoeur. Un moulin à vent banal se trouvait en haut du château sur la motte.
Conteville comprenait de nombreux fiefs, dont l'un, le fief de la Bruyère avait son siège à l'emplacement de la ferme située actuellement au n°11, rue d'En Bas.
Un moulin à vent était situé juste à l’ouest du village, à l’endroit où se trouve actuellement une croix de chemin. Il est déjà visible sur la carte de Cassini (1757) et se trouve toujours à cet emplacement sur le plan d’état major de 1838.
Évolution de la morphologie et du parcellaire du village
Attesté dès le 11e siècle, le village de Conteville s’est structuré autour de la motte castrale puis de l’église, celle-ci étant située juste au bord de la route menant de Catheux à Grez (ancienne route de Catheux au Hamel). Conteville a donc l’apparence d’un village-rue, le long de la voie principale, la route le traversant offrant un large usoir herbagé. Il est toutefois ramifié par la rue d’En Bas (conduisant au village du Mesnil-Conteville, au nord est) et la rue Léger, au sud vers Hétomesnil, dans laquelle se trouvent la mairie et l’école. Dans cette dernière rue, le cadastre dit napoléonien (2e tiers du 19e siècle) montre toutefois que de nombreuses habitations, aujourd'hui totalement disparues, se trouvaient au sud.
Si le parcellaire visible sur le cadastre napoléonien est plutôt régulier, fait de traditionnelles lanières, il devient plus irrégulier dans le dernier quart du 19e-1er quart du 20e siècle. Cette évolution s'explique certainement par l'exode rural qui a entraîné une baisse du nombre de maisons et un remembrement des terres agricoles. En effet, le cadastre rénové (1938) indique que les parcelles deviennent plus irrégulières et plus larges. Les domaines deviennent plus importants, avec la présence de pâturages derrière l’habitation, en lien avec une agriculture principalement tournée vers l’élevage bovins (120 bêtes à cornes recensées en 1902, contre seulement 5 moutons).
Lieux partagés et structurants
Deux places communales se trouvaient à Conteville. Juste au nord de l’église, à l’ouest de l’ancienne motte castrale se situait la cour Marin, place communale où se trouvait une mare, dont les murs sont encore visibles aujourd’hui. Le cadastre dit napoléonien, ainsi que les cartes postales du début du 20e siècle rendent compte de l’apparence de cet espace, accessible depuis la rue Cour Marin. La seconde était en face de l’église.
Les lieux de collecte de l’eau, puits et mares, étaient nombreux à Conteville. Outre la mare de la cour Marin, six autres mares se trouvaient dans le village au milieu du 19e siècle (visibles sur le cadastre dit napoléonien). Elles permettaient à la fois de canaliser les eaux de pluie, de posséder une réserve d’eau en cas d’incendie, et d’abreuver les animaux. Aujourd’hui, trois sont encore en eau. Enfin, l’un des trois puits communaux servant de source d’eau potable est toujours entièrement conservé aujourd’hui (rue Gaillard).
Le tour de ville constitué de sentiers ceinturant le village est un élément caractéristique de l’urbanisme des villages du plateau picard. Il faisait office de limite nette entre d'une part, la zone habitée et les pâturages, et d'autre part la zone cultivée. Le plan d’état-major de 1838 délimite très nettement les zones de pâtures des zones de cultures. À Conteville, ces sentiers sont toujours praticables au nord du village.
Trois croix de chemin ont été recensées dans le village (celle de la rue d'En Bas n'a pas été repérée). Elles avaient principalement pour fonction de marquer les limites de village et les intersections importantes. Tel est le cas de la croix au sud du village, rue Léger, qui le borne et signale une intersection de la route d'Hétomesnil avec le chemin du Bois de Bruyère. La croix à l'est du village est une croix privée.
Le cimetière est implanté à l’écart du village, au bord de la route conduisant à Catheux.
La mairie-école est toujours en place et garde son aspect d'origine. Elle a été construite entre 1860 et 1870.
L'ancien presbytère se trouvait au n°1 rue Gaillard.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).