Origines
La première mention de "Burcinas" se trouve dans une charte de l’évêque de Beauvais Odon, datée de 873 (Émile Lambert, 1982). Boursines était à l’origine une des principales fermes du chapitre cathédral de Beauvais. Une église s’y trouvait jusqu’à ce qu’elle soit détruite au 15e siècle, lors des guerres contre les Bourguignons (Louis Graves). En tant qu’ancienne paroisse à part entière, Boursines était en fait un village qui s’est développé au cours du Moyen Âge. Sur un plan de bornage de 1680, le fief de Boursines est dit "fief de la mairie de Boursines", renvoyant à la présence d’un administrateur du chapitre cathédral de Beauvais, en charge de l’exploitation des domaines agricoles.
Un moulin à vent se trouvait à la sortie ouest de Boursines, il est figuré dès le 17e siècle sur les vues cavalières de plusieurs villages et sur le cadastre napoléonien.
À la Révolution, si la terre à clocher d'Oroër donne son nom à la commune (la paroisse où se trouve l’église est la base de la conversion en commune) c'est à Boursines que s'installe la mairie-école dans la seconde moitié du 19e siècle. Les recensements de population disponibles à partir du 19e siècle révèlent d'ailleurs que Boursines est plus peuplé qu’Oroër.
Morphologie et parcellaire
La forme actuelle de la commune est un héritage du début du 19e siècle et prend certainement sa source encore plus loin sous l’Ancien Régime. Comme le figure le cadastre napoléonien de 1826, le bâti reste structuré le long d’une rue principale au tracé sinueux, elle-même augmentée en son centre d’une poche, et ramifiée au sud par une rue conduisant au hameau de Hénu. Du cadastre napoléonien, il ressort que le bâti est plutôt lâche, bien que l’habitat reste groupé dans une même zone.
Les parcelles sont plus larges qu’habituellement dans les villages du plateau picard et accueillent de nombreuses exploitations agricoles de taille moyenne voire importante. Toutefois, les petites fermes, situées sur des parcelles plus étroites, restent majoritaires.
Tout au long du 20e siècle et surtout à partir de la seconde moitié, les petites fermes ont laissé place à des pavillons résidentiels modernes. Ils sont particulièrement nombreux rue du Byon, rue de la Place et rue de la Gravée. La croissance de l'habitat pavillonnaire a fini par faire se rejoindre Boursines et Hénu.
Lieux partagés et structurants
Gérer et partager l'eau : les mares de Boursines
Les mares sont des aménagements essentiels des villages du plateau picard compte tenu de la nature poreuse et sèche des sols calcaires. Elles ont trois fonctions principales : abreuver les troupeaux, contenir les afflux d’eau de pluie et disposer d’une réserve d’eau en cas d’incendie. La mare la plus ancienne de Boursines se trouve à l’extrémité orientale de la rue de Boursines. Elle est figurée sur le cadastre napoléonien et est toujours présente aujourd’hui, même si sa disposition actuelle est postérieure (telle qu’elle est présentée sur le cadastre de 1959). Plusieurs mares, visibles sur le cadastre de 1959, ont disparu aujourd’hui : la première se trouvait juste au nord de la place publique ; une deuxième en face du n°40 rue de Boursines ; une troisième à la place du monument aux morts. Le cadastre napoléonien atteste la présence de deux autres mares, déjà disparues en 1959 : la première se trouvait au bord de la rue, aux n°53 et 55 de la rue de Boursines ; la seconde au niveau de la croix de la rue du Byon.
Les limites du village : croix de chemin et tour de ville
Les trois croix de Boursines
Trois croix de chemin sont encore visibles à Boursines. L'étude réalisée par L'Association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis en 2008 permet d'éclairer leur histoire. Elles sont implantées sur les carrefours et marquent les limites du hameau.
Celle qui se trouve à l’intersection de la rue de Boursines et de la rue du Byon, ainsi que celle rue du Byon sont figurées sur le cadastre napoléonien. La première est dite "calvaire Leclere-Jolly" du nom du couple qui l'érige en 1830.
Une dernière croix dite "calvaire Desesquelles" est située à l’ouest du hameau, sur l’intersection menant à Oroër et Hénu. Elle a été érigée en 1839 mais un plan de 1642 la figure déjà.
Le sentier du tour de ville
Enfin, le sentier du tour de ville, aménagement typique des villages du plateau picard, permettait un accès aux champs et matérialisait la limite entre les zones habitées et les zones cultivées. Il est visible sur le cadastre napoléonien et ceinturait entièrement Boursines. Plusieurs parties ne sont plus praticables aujourd’hui. Tel est le cas d’une section du chemin qui partait de la rue de la sortie ouest du hameau et qui menait jusqu’à la croix dite calvaire de la rue du Byon. La partie du chemin qui démarrait en haut de la rue de la Place et rejoignait l’extrémité est de la rue de Boursines n’est déjà plus visible sur le cadastre de 1959. L’évolution des pratiques agricoles et les remembrements du 20e siècle sont les causes de ces transformations.
Équipements communaux
La présence d’une place publique, disparue aujourd’hui, est à noter sur le plan d'assemblage du cadastre de 1938. Elle se trouvait le long de la section sud de l’actuelle rue de la Place, à l’emplacement des pavillons n°4 rue de la Place et 16 rue de la Gravée.
En 1889, l’inspecteur de l’instruction publique impose à la commune de transférer son école d’Oroër à Boursines, dans un local loué aux époux Demailly (AD Oise ; série O). La commune finit par leur acheter le terrain avec le local et en 1894 une nouvelle mairie-école est construite à cet emplacement par Jules-Octave Désiré Charlier en reprenant une partie des constructions existantes. Les bâtiments dessinés par l’architecte Auguste Puissant comptent une école mixte avec WC, préau, bûcher, buanderie, remise de pompes, mur avec grilles. Un plan illustrant les bâtiments assurés par la commune permet d'en saisir l'organisation (ill.). Cette mairie-école est toujours en place aujourd’hui.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).