Des fermes vivrières et des fermes de cultivateurs
Deux familles de fermes, distinctes par leur taille et la fonction des membres du foyer, ont pu être identifiées. La première est une ferme habitée par de petits agriculteurs, des personnes travaillant à l’extérieur ou encore par des petits artisans. L’exploitation agricole sur laquelle ils vivent leur permet ainsi de compléter les revenus qu’ils perçoivent à l’extérieur. Cette typologie de fermes est par exemple visible sur le cadastre napoléonien, sur la section couvrant les n°9 à 17 rue de Boursines. Sur ces parcelles étaient situées des fermes de type grange sur rue avec porte charretière et logis en fond de cour, forme d’habitat typique du plateau picard. Les logis, contigus, formaient une longue bande parallèle à la rue, doublée par celle des granges. Le logis du n°9, ainsi que la grange sur rue du n°13, toujours en place, remontent donc au moins à la première moitié du 19e siècle.
Le second type de fermes regroupe les exploitations agricoles importantes, véritables entreprises gérées par le cultivateur, fermier ou exploitant (la dénomination varie dans les recensements). Les bâtiments agricoles et le logis sont alors installés sur une vaste parcelle et distribués autour d’une cour. Le plus ancien exemple figuré sur le cadastre de 1826 et qui a conservé une grande partie de sa configuration d’origine se trouve aux n°30, 32 et 32b rue de Boursines. Si l'on excepte la mare à l’extrémité nord-ouest de la cour et le passage charretier couvert, remplacé par un simple portail, l’ensemble des bâtiments agricoles et du logis est conservé dans son intégrité. Présent sur le cadastre de 1826, tous les bâtiments sont donc antérieurs à celui-ci.
La ferme au n°4 rue de Boursines (ill.) conserve un logis antérieur à 1826 tandis que le reste des bâtiments agricoles a connu des destructions (bâtiment le long de la rue et en fond de cour). Le pignon de la grange en brique porte la date de 1956.
Au n°2 (ill.), le logis avec son pignon sur rue, bien que situé à l’emplacement de celui visible sur le cadastre napoléonien, n’a pas la même emprise au sol. Il semble avoir été reconstruit entre la seconde moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. Au fond de la cour, se dresse une imposante grange en brique, édifiée au cours de cette même période.
Les matériaux de construction
À Boursines, tout comme à Oroër, l’utilisation de la brique a été précoce. Elle est présente dans les maçonneries de plusieurs bâtiments antérieurs à 1826 : aux n°32, 42 (ill.) rue de Boursines, les murs sont en appareil mixte brique et pierres de taille en calcaire ; le logis au n°9 de la rue de Boursines est en brique. La brique employée seule se généralise dans la seconde moitié du 19e siècle ; au n°44 rue de Boursines (ill.), l’ancienne grange, construite en 1864 par Albert Rousselle (inscription portée sur le pignon) puis transformée en logis, en est un bon exemple. Le pan de bois et torchis est moins présent que dans les autres villages du plateau picard, compte tenu de la précocité de l’emploi de la brique sur le territoire d’Oroër, certainement en raison de la proximité des briqueteries industrielles de Beauvais.
Toutefois, la fragilité des maçonneries en pans de bois et torchis, qui ont peu à peu disparu, peut expliquer que le nombre d’édifices visibles comprenant ces matériaux est aujourd'hui moins important que ceux en briques qui ont davantage résisté au temps. En effet, bien que la présence de la brique soit bien marquée dès la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle, le pan de bois et torchis était aussi largement présent. Plusieurs logis antérieurs à 1826 offrent de remarquables exemples de ce type de maçonnerie comme aux n°4 (ill.) et 26 (ill.) de la rue de Boursines. En revanche, rares sont les exemples visibles de granges sur rue avec portes charretières, qui ont presque entièrement disparu. On peut toutefois citer, rue de Boursines, la grange au n°13 ainsi que les bâtiments comprenant les granges et une partie d’atelier au n°51 (bâtiment en mauvais état en septembre 2020). Il convient enfin de noter que le silex est largement employé en moellon pour les solins ou les pignons, souvent associé à la brique (aux n°42 (ill.), 32, 26 (ill.) rue de Boursines). Enfin, l'entrée charretière du n°13 rue du Byon offre un remarquable témoignage des constructions à pans de bois et torchis (ill.).
En ce qui concerne les couvertures, le chaume a dominé jusqu’à la fin du 19e siècle (sur 71 maisons, 58 sont couvertes de chaume en 1831). En 1866, 45 maisons sur 65 sont en chaume. La proportion de ce type de couverture est plus importante que la moyenne des villages du plateau picard. Aujourd’hui, les toits sont en tuile ou en ardoise, dans des proportions assez similaires.
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).