Une visite à Fargniers, ville modèle des régions libérées

La question primordiale : les matériaux allemands l

[de notre envoyé spécial] Fargniers. 30 septembre.

"[...] C’est ainsi qu’on m’avait dit : Allez donc faire un tour aux environs de Tergnier. On y fait un beau travail de reconstitution. Chauny, Tergnier, Fargniers, La Fère cités actives autrefois. Les feuilles grasses des betteraves couvraient d’un vert cru et violent l’immense plaine. Et les sucreries, les usines métallurgiques, les entrepôts — châteaux de briques rouges surmontés de ces immenses et maigres tours, les cheminées — surveillaient ces richesses de la terre.

[...] Les habitants sont revenus. Chauny et Tergnier ont connu la gloire d’une renaissance soudaine. On a même parlé, comme d’un exemple édifiant, de la cité-jardins bâtie à côté de cette dernière ville, pour les cheminots.

Certes, les maisons de bois, bariolées de couleurs vives. les chalets de ciment chapeautés de toits étranges, toutes ces constructions de formes très modernes, apparaissent, parmi les fleurs, les haies de tournesols, les plantes potagères, et sous la toison rousse des vigne vierges, comme les visages colorés d'une foule en liesse.

— Hélas ! ce n'est là, me dit un architecte, qu’une opulence de façade.

Et la plupart de ces maisons ne peuvent être tenues, elles aussi, que pour des demeures provisoires. Les caves et les greniers n’existent pas ou sont insuffisants. Ne parlons pas de l’adduction des eaux, ni du système des égouts, qui devraient servir à la purification de la cité. Tout ce que vous voyez ici — et qui est fort joli — ne saurait être définitif.

Si vous voulez connaître une ville vraiment moderne, vraiment complète, visitez donc Fargniers.

M. Léon L'Hérondelle, maire de Fargniers, président du Conseil d'arrondissement, est un homme calme, aux larges épaules, au teint fleuri. Il sourit volontiers ; mais le regard des yeux clairs est singulièrement énergique.

[...] Fargniers est une ville de 3000 à 4000 âmes. Nous revînmes 12 à l'armistice.

Mais sans attendre, nous nous sommes mis au travail. En quelques jours mon plan fut conçu. Il fut d'ailleurs accepté presque aussitôt.

Et c’est là ce qui nous a sauvés. Fargniers est maintenant la seule ville du front dont le plan primitif de reconstruction soit exécuté intégralement.

[...]

Le gouvernement nous adressa de belles circulaires :

— Elaborez des plans ; des plans complets et magnifiques. Que tout soit prévu que les villes du front deviennent les mieux organisées, les plus modernes du monde.

On traça sur le papier de belles figures géométriques... Mais on ne se pressa point. Bientôt on s’aperçut que l'Allemagne paierait moins qu’on n’avait cru.

Alors, nous reçûmes de nouvelles circulaires gouvernementales.

— Eh là ! nous disait-on, vous allez un peu fort. Il faut rogner... Nous sommes pauvres. L'Allemagne paiera... mais pas tout de suite.

C’est ainsi qu’on enterra les fameux plans. Depuis, on a reconstruit sur les anciens tracés. Les villages renaissent : le désordre et la vieillerie d’avant-guerre renaissent également.

Pour moi, j'en avais, dis-je, usé d’une autre sorte.

D’abord les anciennes routes — même nationales — qui passent par Fargniers, j’avais décidé de les redresser. Je n’aime pas que les voies, surtout en plaine, ne soient point droites.

Sans attendre les autorisations nécessaires, je fis construire nos premières maisons sur l’emplacement même de la grande route Paris-La Fère. Et je fis tracer une nouvelle, qui, toute droite, va du pont du canal à la ville voisine.

Quand on me demanda de présenter un projet plus modeste, il était trop tard. Tout était déjà transformé. Il fallait bien accepter le fait accompli.

L’aide américaine

Il faut dire aussi que nous eûmes de la chance, la dotation Carnegie nous adopta. Elle nous attribua d’abord une somme, de 1.600.000 francs. Et, depuis, quand on prétend nous mettre des bâtons dans les roues, elle intervient. On n’ose pas résister. On s’incline...

Et maintenant, venez voir notre cité.

Nous voilà dans la plaine. Ces larges sillons où l’on entasse d’énormes blocs de pierre, que les rouleaux à vapeur enfoncent à grand fracas, ce sont les nouvelles routes.

— Voici le centre de la ville, dit M. L’Hérondelle.

— Mais nous sommes à son extrémité ?

— parce qu’il faut prévoir... Dans quelques années nous serons huit mille ici. De l'autre côté, j’ai donc réservé un espace suffisant pour loger les 4000 habitants nouveaux. J’ai d’ailleurs déplacé les usines d’autrefois ; je les ai rapprochées de la voie ferrée.

Donc ceci s’appellera la place Carnegie.

C’est un vaste cercle où aboutissent les roules voisines, détournées elles-mêmes de leur ancien parcours : celle de Ham, qui file vers Amiens, celle de Saint-Quentin, qui monte vers le Nord, et la grand’route de Paris à Laon, par Tergnier et La Fère.

— Ce seront, à travers la ville, de larges avenues. Nous ne les appellerons point le boulevard Foch, ni l’avenue Clemenceau : parce que la renommée des hommes est souvent éphémère comme la mode des habits. Nous les baptiserons d’une façon plus simple : avenues de Ham, de Tergnier, de Laon, de Saint-Quentin. Ainsi, lorsque les automobilistes passeront par Fargniers, le nom même des voies leur indiquera la direction qu’ils devront prendre.

Tout autour de la place Carnegie s’élèveront les bâtiments communaux : l’hôtel de ville, le marché couvert, le bureau de poste, les écoles, la Maternité avec une pouponnière et un jardin pour les enfants ; la salle des fêles, enfin un établissement de bains, avec bains-douches, piscine, le tout environné de terrains de jeux.

Au milieu, des jardins magnifiques, plantés d'arbres.

Les écoles ? Elles sont, déjà fort avancées. Il y aura deux groupes de six classes, des préaux immenses, les logements des instituteurs et des institutrices.

J'ai visité ces classes. Dans le vestibule, on a installé des casiers pour chaque élève et des lavabos ; car l’enseignement de l’hygiène vaut celui de l’histoire... Et les enfants, en arrivant, ôteront leurs soulier, chausseront des pantoufles. Et l’on pourra cirer les parquets de l’école...

Le plancher des salles d’études est disposé en gradins, afin que les plus petits parmi les gosses voient le tableau noir et les cartes, comme les grands.

Tous les angles des murs et du plafond sont arrondis : guerre à la poussière ! Enfin, des baies immenses de chaque côté. Le voilà bien le paradis des enfants !

Nous aussi nous voulons des matériaux allemands

— Vous le voyez, ajoute le maire de Fargniers, nous avons travaillé. Hélas ! nous ne sommes pas au bout de nos peines. Ce qu’il nous faut maintenant, c'est de l’argent...

Nous avons le droit, sans doute, de faire des emprunts.

Mais les autorisations sont longues à venir. Et l’on n’accorde pas toutes les sommes que nous demandons.

Il y a une autre difficulté. L’Etat exige que l’argent consenti soit employé dans un délai déterminé : une partie, du moins, doit être utilisée dans les six premiers mois de l’année pour laquelle les crédits sont prévus.

Nous venons enfin d’obtenir les sommes demandées. Mais voici l’hiver : on nous donne de l’argent au moment où les travaux devront être réduits au strict minimum.

Eh bien, je vous le dis en confidence, on n’a peut-être pas eu tort de limiter les crédits.

C’est que, voyez-vous, nous sommes la proie des mercantiles français. Dès qu’ils savent que nous avons de l'argent. LES FOURNISSEURS DE MATERIAUX FONT LA HAUSSE ! Voilà le scandale !

C’est pourquoi nous demandons des matériaux allemands.

Leur entrée en France, c’est le seul régulateur des prix — le seul moyen que nous ayons de combattre la cupidité, la boulimie des fournisseurs de chez nous! Il faut, à tout prix, organiser la concurrence.

Les matières premières venues d'Allemagne sont d’aussi bonne qualité, et moins chères que celles offertes par nos marchands. Qu'on nous on procure donc : ainsi pourrons-nous effacer de notre sol l’immense tache des ruines.

Mais que dis-je ? On a taxé le pain. Le ciment, la brique, le bois et le fer, voilà la nourriture indispensable aux régions dévastées. Pourquoi ne les taxe-t-on pas aussi ?

Le bois de construction coûtait 20 francs avant la guerre : aujourd’hui, il en coûte 200. Or le coefficient d’augmentation du prix de la vie est aujourd’hui stabilisé aux environs de 4,25. Pourquoi le bois coûte-t-il 10 fois plus qu’en 1914?

Ainsi parla le maire de Fargniers.

Comprendra-t-on en haut lieu Ie raisonnement de ce parfait administrateur ?"

GYBAL, André "Une visite à Fargniers, ville modèle des régions libérées". Le Quotidien, 1er octobre 1923, p. 2-3.

VILLE DE FARGNIERS PLACE CARNEGIE

"La place Carnegie forme un vaste cercle de 200 mètres de diamètre, Elle est entourée par un boulevard de 15 mètres de large et traversée par la route nationale n° 38 de Noyon à Laon, route large de 18 mètres y compris les trottoirs [...]. De la place rayonnent différentes avenues : l'une vers Travecy et Saint-Ouentin, une autre vers Quessy et Ham, une troisième (l'avenue d'Estournelles-de-Constant) se dirige vers La Fère, et la rivière de l'Oise.

On peut admirer groupés sur la place Carnégie les bâtiments communaux farnois, qui peuvent être considérés comme des modèles de l'architecture moderne, c'est-à-dire des édifices exempts d'enjolivement, d'une grande sobriété de lignes, de proportions harmonieuses.

Ces bâtiments comprennent :

1) L'Hôtel de Ville [...] avec, au rez-de-chaussée, un hall magnifique, les bureaux du greffe, du secrétariat, le cabinet du maire, celui des adjoints, un bureau de perception, le logement du concierge. On accède au 1er étage par un escalier d'honneur conduisant à une salle superbe où se font les mariages et les réunions du Conseil municipal [...]. Cette vaste salle, d'aspect riche et sévère provoque l'admiration de tous les visiteurs par son ameublement, son éclairage électrique, ses larges baies. L'Hôtel de Ville est agrémenté par une pergola fleurie de rosiers et de géraniums, et surmonté d'un beffroi du haut duquel la vue s'étend sur la vallée de l'Oise, la ville de Tergnier, avec ses ateliers, ses lignes de chemin de fer, Quessy et sa cité, Saint-Gobain et ses usines."

2) Le bureau de poste, bien aménagé, avec une salle d'attente spacieuse, un bureau très clair et des appartements confortables.

3) Le bâtiment des pompes à incendies, surmonté d'une sirène d'alarme, dresse vers le ciel sa tour à cinq étages, qui sert à la fois pour la manœuvre des pompes et de séchoir pour les tuyaux de refoulement.

4) Le Foyer ou Bibliothèque Carnégie, constitué : par une salle bien aérée, bien éclairée, bien chauffée, bien meublée, pouvant recevoir à la fois plus de 60 Lecteurs.

5) La Salle Municipale, ou salle de spectacle, de cinéma, de conférence, de bal, pouvant contenir 600 personnes assises. Elle comprend le hall d'entrée, une buvette, une petite salle de jeu, le contrôle, les lavabos w.-c., la cabine centrale d'électricité, enfin la salle de spectacle proprement dite, qui excite l'enthousiasme de tous les spectateurs ou visiteurs. La scène est grande, bien conditionnée les décors artistiquement brossés ; l'éclairage ne comprend pas moins de 800 ampoules de couleurs différentes ; les peintures, la tapisserie sont d'une nuance chaude et vive [...].

6) Les Ecoles, garçons et filles. Chaque groupe comprend six classes en gradins de 9 mètres sur 7, d'une hauteur cite 4 m. 50, avec éclairage bilatéral, ventilation automatique. Les classes sont desservies par un vestibule de 70 mètres de long sur 3 m. 50 de large servant de vestiaire et ayant, outre des porte-manteaux, douze lavabos de chacun six plates avec gobelet et brosse à dents pour chaque élève, offerte par la maison "Gibbs". A une extrémité du vestibule se trouve la salle d'attente pour les parents, à l'autre le bureau du directeur, au milieu la salle d'honneur. Dans toutes les pièces de chaque groupe scolaire, le degré de température nécessaire est assuré par chauffage central à la vapeur. Les deux cours de récréation ont chacune une superficie 15 ares et sont pourvues d'un immense préau dallé de 35 mètres sur 11 mètres, susceptible d'être converti en classes identiques à celles qui existent déjà si la population farnoise s'accroissait. Par les temps de pluie, sans aucunement être mouillés, sans se salir les pieds, les élèves peuvent se rendre aux w.-c. situés au fond de la cour. Ceux-ci ont été construits, avec chasses d'eau, selon toutes les règles de l'hygiène.

7) Les logements pour les instituteurs et pour les institutrices. Chaque immeuble se compose d'un logement de six pièces pour le directeur ou la directrice, de deux logements de quatre pièces pour les adjoints ou adjointes mariés, de trois logements de deux pièces pour les adjoints ou adjointes célibataires. Toutes Les pièces mesurent 4 mètres sur 4 mètres et chaque appartement a ses w.-c,, l'eau, le gaz, l'électricité. Les bâtiments décrits ci-dessus sont depuis longtemps terminés. Deux autres : l'école maternelle et le logement de la directrice et des adjointes de celle école vont bientôt être achevés.

1° L'école maternelle a trois classes de 9 mètres sur 7 mètres et 4 m. 50 de hauteur, avec éclairage bilatéral. Elles sont comme dans les autres groupes scolaires desservies par un large couloir servant de vestiaire et de lavabo. A une extrémité de ce vestibule se trouvent les w.-c., dont les murs ont un revêtement de faïence ; ils sont pourvus de sièges ; ils contiennent une baignoire avec chauffe-bains pour les enfants ayant besoin d'être nettoyés. A l'autre extrémité existe une salle de repos avec petits lits.

2° Le logement de la directrice et des adjointes forme un charmant pavillon, aux pièces spacieuses, aux larges baies, avec tout le confort moderne.

Entre l'Hôtel de Ville et la Salle Municipale va bientôt se dresser le dernier bâtiment communal qui doit orner la place Carnégie. Il comprendra : Par devant, l'établissement de bains-douches, qui sera pourvu de huit cabines pour bains et huit cabines pour douches et d'une salle d'attente. Derrière sera édifié le dispensaire de la Croix- Bouge, avec salle pour consultations de nourrissons, salle de pansements, appartement pour l'infirmière. Tous les édifices de la place Carnégie, encadrés de verdure, seront entourés d'une grille uniforme avec soubassements et pillions en ciment. Cette vaste place concentrera donc tous les bâtiments communaux dans une superficie de 6 hectares et pourra être considérée, ainsi que le désiraient les Américains, comme une place communale modèle. La place Carnégie, le plan d'alignement, d'embellissement et d'extension de la ville ont été conçus, au lendemain de l'armistice, par le maire et ses collaborateurs au Conseil municipal. Le projet de reconstruction, soutenu avec énergie par les édiles farnois, a été approuvé par la Commission départementale en sa séance du 18 décembre 1922. Il n'a jamais subi ni transformation, ni compression, malgré les difficultés qu'il a rencontrées avant sa réalisation".

La Technique sanitaire et municipale : hygiène, services techniques, travaux publics, 1927, p. 345-347

FARGNIERS. École de filles. École de garçons.

Rapport de Mlle Combralier, Directrice et de M. Casez, Directeur.

"Le voyageur qui suit la route de Laon à Chauny est surpris de trouver, après le paysage enfumé et noir des aciéries de Beautor, cette oasis de verdure et de parfaite ordonnance qu'est la jolie place de Fargniers, petite ville de 3.700 habitants. Parmi tous les édifices groupés en demi-cercle autour de pelouses et d'arbustes il est frappé par l'importance de deux groupes scolaires.

Entrons. Voici le vestibule avec ses plantes vertes, ses gravures, son mobilier clair et net qui lui donnent un air accueillant. Il est meublé de porte-manteaux en chêne ciré, occupés par les vêtements et les serviettes des enfants ; des lavabos de porcelaine coupent cette longue file de leur blancheur impeccable. Des plantes fleuries égayent les tablettes de la cloison vitrée séparant les classes du couloir. Des gravures et des cadres ornent les murs. Le sol de granito est propre, et cependant 300 enfants passent là plusieurs fois par jour (il s'agit ici de l'école de filles).

Sept classes, aux parois vitrées, s'ouvrent sur le couloir. Dans chacune d'elles, les fenêtres sont largement ouvertes ; 4o enfants travaillent. Leurs tabliers clairs, leur mine éveillée et propre font plaisir à voir.

Un tel spectacle pourrait faire supposer que ces enfants appartiennent à un milieu choisi. Cependant, la plupart proviennent des sombres cités ouvrières, hâtivement construites sur les ruines de la ville entièrement détruite. Ce sont en général des enfants de familles nombreuses et souvent nécessiteuses, pour qui hygiène et bien-être sont encore un luxe.

Il a suffi qu'ils entrent à l'école pour y contracter des habitudes de propreté, d'ordre et de goût, acquises par leur participation à la bonne tenue de la maison. Chaque matin, en effet, avant l'entrée en classe, une grande activité règne dans l'école. Tous, à tour de rôle, contribuent à l'entretien de l'établissement : les uns essuient le mobilier ; d'autres font la toilette des plantes ; des élèves, par équipes de 8, se lavent les dents : timbales et brosses, don de l'Hygiène par l'Exemple, sont heureusement disposées à cet effet à côté des lavabos. L'heure de la rentrée est bientôt arrivée et chacun regagne la cour pour la visite de propreté et les exercices respiratoires. Les élèves, qui ont les mains sales, passent au lavabo et le travail scolaire commence. Le samedi soir, les élèves rivalisent d'activité pour obtenir un pupitre clair et net. Dans les petites classes, au début de chaque année scolaire, plusieurs séances sont consacrées à la toilette des ongles et à la manière de se moucher. Dès octobre, l'examen des yeux de tous est fait et la visite médicale accomplie. Bientôt, écoliers et écolières pourront faire une toilette hebdomadaire complète, grâce à l'Hygiène par l'Exemple qui dota chaque école d'une installation de douches que M. Boulenger, maire dévoué à l'école, se propose de faire aménager définitivement.

Les cours d'enseignement ménager donnés le jeudi, furent suspendus en mai 1936 par suite de l'ouverture d'une classe dans le local destiné à cet effet ; ils reprendront quand les agrandissements prévus seront terminés ; des subventions permettront, nous l'espérons, de les aménager d'une façon toute moderne. L'importance donnée à la propreté et à l'hygiène incite les enfants à se présenter dans une tenue convenable qui contraste avec le milieu dans lequel ils vivent. Si de tels résultats sont obtenus, il faut en remercier tous les généreux donateurs qui se sont intéressés à l'école et qui l'ont voulue saine, belle et accueillante. Rappelons la générosité de M. Carnegie qui permit la construction et l'aménagement de ces beaux édifices, la sollicitude de la société de l'Hygiène par l'Exemple qui dota chaque école de douches, timbales et brosses à dents. Peu à peu, la Municipalité, sollicitée, installa des grattoirs, devant chaque entrée, des portes-savon avec savon liquide, des plaques de propreté, des tuyaux d'arrosage pour éviter la poussière pendant les récréations d'été, orna de lierre les piliers des préaux et des privés, fournit de la sciure pour le balayage des classes, son budget ne lui permettant pas l'achat d'aspirateurs si nécessaires cependant. Des secours furent demandés aux œuvres d'entraide sociale et nos enfants nécessiteux bénéficient de vêtements offerts par l'Œuvre des Pupilles de l'Ecole et la Caisse des Ecoles, de goûters et de soins médicaux donnés par la Croix-rouge.

Il faut ajouter à cette nomenclature le dévouement et la compétence des directeurs. Les écoles de Fargniers représentent une très belle création ; mais leur air de richesse est dû à une volonté continue qui triomphe de la misère des enfants. Des cantines scolaires seraient là particulièrement nécessaires. Des terrains de jeux le seraient également. Mais il ne faut pas oublier que dans ces cités ouvrières, la population s'accroît dans de telles proportions qu'il faut, avant tout, agrandir".

L'hygiène par l'exemple, 1937/07 (A16,T8,N4), p. 146-148