Entièrement détruite lors de la Première Guerre mondiale, l'ancienne église de Cerny-en-Laonnois a fait l'objet de fouilles archéologiques, menées par René Courtois. Le sous-sol n'ayant pas été perturbé lors des conflits, les recherches ont permis d'attester la présence d'un oratoire chrétien dès le 6e ou 7e siècle. Construite à la fin du 11e siècle ou au début du siècle suivant, l'église, dont l'autel dépendait de l'abbaye bénédictine Saint-Jean de Laon, desservait alors une communauté de quatre cents fidèles.
Située au sommet d'une colline surplombant le village, l'église bâtie en pierre du pays adoptait un plan en croix latine. Elle possédait, d'après observation des dessins anciens, un narthex, une nef en berceau du 12e siècle d'une longueur de cinq travées flanquée de deux collatéraux, un choeur jouxté de deux chapelles orientées. Le narthex rectangulaire du 11e siècle, détruit à une date inconnue, était couvert de quatre voûtes d'arête. La nef était percée de fenêtres cintrées et ogivales. Une tour carrée, réparée à diverses reprises, abritait le clocher. Les murs intérieurs avaient reçu un ensemble pictural. La charpente avait été refaite dans la décennie 1880-1890 afin d'accroître la hauteur des combles des collatéraux. Le cimetière entourait l'ensemble architectural.
L'église contenait, en matière de mobilier, un chemin de croix moderne ainsi qu'un tableau situé dans la chapelle nord présentant saint Remi. Le maître-autel avec tabernacle était accompagné d'une chaire à prêcher et de deux ambons en pierre. Les chapiteaux romans possédaient un ornement folié à peine évidé présentant des silhouettes humaines ou animales. La restauration de 1862 (débadigeonnage et grattage à vif) les endommagea considérablement ; la guerre les détruisit définitivement. La cloche de 1778, classée au titre objet des Monuments Historiques, fut également détruite lors des conflits. L'abside et les deux absidioles étaient pourvues de vitraux à personnages.
Située en Zone Rouge, les ruines de l'église ne furent déblayées qu'en 1921. L'édifice fit alors l'objet d'un déclassement par décret du 11 mai 1935 (arrêté de classement daté du 27 mars 1914 en raison de son ancienneté ainsi que des chapiteaux sculptés qu'elle renfermait). On avait pensé dès janvier 1928 au projet de reconstruction de l'ancienne église de Cerny-en-Laonnois. L'édifice devait être construit dans l´axe du cimetière militaire, de l´autre côté du Chemin des Dames. Les devis de restauration prévoyaient une reconstruction à l'identique dans le nouveau village, les fondations de l'ancienne église étant inutilisables. Le dossier fut rédigé par l'architecte en chef des Beaux-Arts, Trouvelot, en 1935. Le plan en croix latine, pourvu d'un choeur flanqué de chapelles latérales et d'un clocher élancé surmonté d'une lanterne des morts, ne fut pas réalisé. Etant donné les financements peu conséquents, le ciment armé avait été choisi comme matériau principal, revêtu d´une projection de sable coloré au four. L'église devait être ornée de peintures de François Boquet. Seul un dépôt lapidaire modeste composé de corbeaux, de chapiteaux et de quelques éléments d'architecture, avait échappé à la destruction ; il fut disposé dans les tribunes sud de la cathédrale de Laon.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.