Dossier d’œuvre architecture IA02001724 | Réalisé par
  • patrimoine de la Reconstruction, Chemin des Dames
Le village de Chavignon
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Val de l'Aisne - Vailly-sur-Aisne
  • Commune Chavignon
  • Dénominations
    village

Les maisons de Chavignon

304 bâti INSEE ; 76 repérées ; 46 étudiées

Avant la guerre, les maisons du village étaient toutes accolées, pourvues d'un étage et longues de trois travées. La pierre de taille employée pour le gros-oeuvre était de dimension moyenne. Le hameau des Bruyères possédait un tissu urbain plus épars.

Lors de la reconstruction, les premières maisons semblent avoir été édifiées route de Soissons dès 1920. L'ensemble des constructions du village ont utilisé les anciennes fondations. Le village de Chavignon semble avoir accueilli les modèles proposés par les divers entrepreneurs : ce fait tend à expliquer la diversité architecturale dont ont fait l'objet les constructions de Chavignon. En effet, deux types d´édifice sont observables : ceux dont l'architecture s'inspire des éléments classiques d'avant-guerre (grâce à l'utilisation de moulures, de baies rectangulaires...) et les autres dont le parti architectural est plus ambitieux (nouveaux matériaux, formes allongées, disposition originale...).

Mises à part au coeur du village, les maisons sont toutes indépendantes, bénéficiant d'un retrait par rapport à la voie de circulation. Les habitations les plus imposantes, formant parfois de grands complexes, sont regroupées dans la rue de Soissons.

Certaines caractéristiques sont prépondérantes : l'élévation des murs est constituée d'un blocage de moellons avec pierre de taille aux chaînages harpés et joints apparents, assortis au calcaire de couleur naturel. Sur l´ensemble des villages du Chemin des Dames, la brique n´est jamais autant employée qu´à Chavignon ; elle possède d'ailleurs une couleur spécifique, tirant sur un orangé vif dû à une faible cuisson. Lorsqu´elle ne constitue pas un élément architectonique, son rôle est réduit à la décoration, souvent associée au béton.

Des éléments classiques en pierre de taille (porte à entablement mouluré et volutes, lucarnes à fronton triangulaire, corniche moulurée) sont introduits dans les constructions de structures relativement simple dont la façade est le plus souvent en brique.

Les façades à pans coupés, mettant en valeur l'élévation principale de l'habitation, constituent un élément architectural souvent observable à Chavignon. Il s'agit d'une caractéristique intéressante, liée au nouveau plan d'alignement mis en place lors de la reconstruction du village.

Peu de maisons possèdent un étage carré ; seul un niveau sous comble est visible. Le toit reçoit le plus souvent la forme d'une demi-croupe. La bâtière avec décrochement à l'entablement est également largement utilisée à Chavignon.

En 1926, Chavignon comptait encore des maisons provisoires : construites en ciment, en bois ou en pierre, couvertes de tuiles, elles étaient constituées de plusieurs pièces, bénéficiant d´un jardin. Quelques-unes sont encore aujourd´hui conservées.

L´habitat ancien, constitué de 225 maisons au milieu du 19e siècle, était compact, formant ainsi un tissu urbain continu. Les rues étaient entièrement pavées. Situé dans l´actuelle rue Saint-Pierre, le château était en partie détruit à la période révolutionnaire. En 1870, le village, comme toutes les communes du Chemin des Dames, connut l'occupation prussienne. Envahi par les Allemands dès le 6 septembre 1914, le secteur connut le calme pendant deux ans et demi, excepté lors de la prise de la creute d´Hurtebise le 25 janvier 1915. Convoité pour le canal reliant Paris à Bruxelles qui le longe, Chavignon fut soumis à la rigueur de l´occupation : les maisons, transformées en véritables quartiers généraux, étaient numérotées, les rues portant alors des noms germaniques. C'est au cours de l´offensive d´avril 1917 que les obus français détruisirent en grande partie le village, totalement rasé le 17 octobre 1917. Le 25 octobre, les Français enlevèrent le site, faisant 12 000 prisonniers. Les Allemands en reprirent possession le 27 mai 1918 et les alliés le libérèrent en octobre 1918, achevant de détruire les dernières maisons. En mars 1919, les habitants revenus au village découvrirent un site lunaire. L'emplacement des rues était invisible, mise à part la Rue Nationale. La surface détruite fut estimée à 1155 hectares (pour 300 immeubles). Le maire d'après-guerre, M. Bouteille, se battit pour faire supprimer la Zone Rouge du territoire de sa commune. La réhabilitation du village s´effectua dès le début des années 1920. Rattaché à la Société Coopérative de Reconstruction de l'Extension laonnoise, Chavignon possédait sa propre coopérative de reconstruction pour les immeubles bâtis appartenant à la commune. Avec la plus grande partie des dons de Haïphong (Viet-Nam) (524 000 francs entre le printemps 1920 et juillet 1927), qui devint sa marraine en octobre 1919, Chavignon racheta les dommages de guerre destinés à la reconstruction de ses bâtiments communaux. La place du Marché fut ainsi baptisée place de Haïphong. La municipalité fit l´acquisition de tout une partie de terrain afin d'y regrouper les bâtiments communaux : auparavant située rue Saint-Pierre, la place bénéficia alors d'un agrandissement. La commune adopta alors un nouveau plan d´alignement et d´aménagement. Elle semble également avoir servi de laboratoire aux entrepreneurs qui exposèrent leur catalogue immobilier aux éventuels acheteurs proposant ainsi un échantillonnage diversifié. En 1927, les bâtiments communaux suivants étaient reconstruits : la mairie, l'école, le bureau de poste, la perception, les lavoirs ainsi que 202 bâtiments particuliers et 27 étaient en cours de restauration. Le village eut à souffrir une fois de plus lors de la Seconde Guerre mondiale.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle

La commune est encore aujourd'hui parsemée de caves, datables de l'époque médiévale et reliées par des souterrains creusés au 18e siècle. Chavignon est traversée de part et d'autre par la Route Nationale 2, qui subit actuellement une déviation (2002-2005). L'urbanisme du village est cohérent : les bâtiments communaux sont regroupés autour d'une place, conférant au coeur de la commune un espace aéré. Mais le village ne possède pas une architecture homogène.

Bibliographie

  • HOUDE, Christian (sous la dir. de). L'Echo de Chavignon. N° 1 à 50, 1991-2001.

  • MARIVAL, Guy. Au secours de l'Aisne, les communes marraines et leurs filleules après la guerre 1914-1918. Graines d'Histoire. N°8, Hiver 1999/2000.

    p. 1

Documents figurés

  • Ancien château de Chavignon, gravure, [s.n.], 18e siècle (AP).

  • Propriété de M. Garin Fernand - Rue St Pierre - Chavignon (Aisne) , plan et coupe, [s.n.], 1er quart 20e siècle (AD Aisne : 15 R 1301 / 6141).

  • Carte postale, [s.n.], 1er quart 20e siècle (AP).

  • Chavignon (Aisne) - La rue Saint Louis, carte postale, par H. Houde photographe, 1er quart 20e siècle (AP).

  • Chavignon (Aisne) - Rue de Soissons, carte postale, par A. Cadet photographe, 1er quart 20e siècle (AP).

  • Carte postale, (s.n.], 1er quart 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Chavignon 9).

  • Carte postale, (s.n.], 1er quart 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Chavignon 5).

  • Vue aérienne, (s.n.], 1er quart 20e siècle (AP).

  • Chavignon - Vue générale, carte postale, (s.n.], 1er quart 20e siècle (AP).

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic