Présentation de l'étude sur le canal du Nord

Conditions d'enquête

A. Le contexte et les objectifs de l’opération

En 2016, le canal du Nord a fait l'objet d'une première phase d'étude d'inventaire topo-thématique réalisée par le service de l'Inventaire du patrimoine culturel. Un recensement des ouvrages et de prises de vues photographiques a été opéré par Nathalie Van Bost (chercheuse) et Hubert Bouvet (photographe). Après un temps d'arrêt, Nicolas Tachet (chercheur) reprend le sujet et l'intègre dans une nouvelle vision, plus large, consacrée aux voies navigables de la Région Hauts-de-France. Un avant-projet est alors rédigé et propose des axes d'études ponctuelles qui seraient à insérer dans le cadre d'étude topographique. L'achèvement de l'étude sur le canal du Nord reprend alors en 2020. La pandémie de Covid-19 a un impact certain sur le déroulé de cette dernière (archives fermées, terrains inaccessibles, déplacements impossibles ou contraints...). Il est alors décidé de ne pas étudier de façon exhaustive le canal mais seulement de se concentrer sur un certain nombre de sites remarquables par leur histoire, leurs caractéristiques architecturales, leur technicité, en lien avec le fonctionnement direct du canal.

B. Les enjeux scientifiques

Le dossier de présentation de l'étude aborde l'emprise géographique considérable de ce canal qui traverse quatre départements (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise) et quarante-cinq communes et relie le canal latéral à l'Oise à hauteur de Pont-l’Évêque (Oise), au canal de la Sensée à hauteur d'Arleux (Nord). Il a connu deux phases principales de construction : une première entre 1908-1914, stoppée par l'entrée en guerre de la France ; puis la reprise, l'achèvement du chantier quarante-trois ans plus tard en 1957 et une mise en service en 1965. Il s'agit donc d'un patrimoine récent, mais conservant des éléments de patrimoine anciens datant du premier chantier.

Le canal du Nord présente cet intérêt particulier de conserver un bon nombre d'éléments patrimoniaux du début XXe siècle corrélés aux constructions du second chantier (seconde moitié du XXe siècle). Les quarante-trois années d'arrêt entre les deux chantiers ont vu l'évolution des matériaux et des techniques de construction, les machines à vapeur et le travail manuel laissant place aux engins mécaniques motorisés, la brique et le grès laissant place au béton.

 Le canal, par son tracé et sa nature artificielle, n'est pas un élément aussi structurant que peuvent l'être les voies navigables "naturelles". Le but de sa construction originelle est de relier un point A (production de charbon) à un point B (consommation de charbon). Toutefois, il est "structurant" pendant sa construction, au début du XXe siècle, car il a induit une organisation sectorielle, faisant appel à de la main d'œuvre locale : mise en place de voies ferrées, de briqueteries et de bien d'autres infrastructures implantées le long de son tracé et développées pour sa seule construction.

C. Les modes d’approche

Le but n'étant pas de réaliser une étude exhaustive de l'ensemble du patrimoine technique qui le compose, seules quelques infrastructures d'importance ont été sélectionnées et étudiées. Cela n'intègre donc pas les ouvrages de petites dimensions (essentiellement les vannes de décharge et les bassins associés par exemple), ni les infrastructures dites "bord à canal". Enfin, les ponts et siphons qui parcourent ce canal n'ont pas été intégrés eux non plus dans l'étude, leurs usages n'étant pas liés à son fonctionnement direct, leur existence tenant principalement à la nécessité de reconstituer une continuité interrompue par la construction de cette infrastructure (routes, voies ferrées, cours d'eau...).

 Parmi les 19 écluses du canal, le choix s'est porté sur quatre sites en particulier :

- L'écluse n°1 de Palluel (Nord) est la première écluse construite lors du premier chantier et sert de matrice aux autres réalisations ;

- l'écluse n°2 de Marquion (Pas-de-Calais) est typique des écluses construites lors du second chantier de construction ;

- L'écluse n°7 de Graincourt-lès-Havrincourt (Pas-de-Calais) profite d'une exceptionnelle couverture documentaire datant du premier chantier de construction (1908-1914) ;

- L'écluse n°16 de Campagne (Oise) représente les écluses construites lors de la première phase de chantier et conserve à ce jour le plus grand nombre d'infrastructures de cette période.

D. Les formes et les étapes de l’étude

- Recherche documentaire

Les archives en relation avec le canal sont considérables en ce qui concerne le contexte politique et économique des prodromes du projet vers la fin du XIXe siècle. L'ensemble des fonds conservés aux archives départementales a été exploité ainsi que les fonds en ligne de la Bibliothèque Nationale de France (www.gallica.fr) concernant les débats politiques et les articles de la presse spécialisée. Les archives des premier et second chantiers, relatifs aux aspects techniques et logistiques (dont l'organisation du chantier, les matériaux utilisés et leurs provenances et les méthodes de construction employées) n'ont pu hélas être dépouillés en raison de la pandémie COVID entre 2020 et 2021 et des difficultés d’accès aux archives de Voies Navigables de France et de la BNF (série F14). Dans ces circonstances, le choix a été de conduire cette étude en se basant sur les connaissances déjà acquises tout en se laissant la possibilité de réinvestir les recherches à l'occasion de l'abandon du canal du Nord vers 2028 (qui sera remplacé par le Canal Seine-Nord Europe).

- L’enquête de terrain

Après un repérage cartographique et la sélection de sites entrant dans le cadre de nos objectifs, des visites de sites ont été organisées avec l'accord des VNF.

- La production, le traitement et la diffusion des données

En ce qui concerne les dossiers proposés, l'étude s'est concentrée sur plusieurs sites emblématiques du canal et comporte : un dossier de présentation, le présent dossier de conditions d'enquête et neuf dossiers d’œuvres architecturales. Un corpus de 213 photographies ou reproductions de documents anciens (cartes postales et documents d'archives datant du premier chantier, vues aériennes de l'IGN illustrant le second chantier) et de cartes illustrent les différents dossiers.