La présence de l'hôtel de France à cet emplacement est attestée en 1879, au moment de l'acquisition des terrains destinés à la reconstruction de l'hôtel de ville de Ham. Les cartes postales du début du 20e siècle en donnent une représentation : édifice à 2 étages carrés avec passage cocher central donnant accès à une cour en cœur de parcelle. Une salle de café était aménagée à gauche du passage cocher ; les trois fenêtres à droite du passage cocher éclairant peut-être une salle de restaurant. La façade sur rue présentait six travées : deux regroupées à gauche, une au-dessus du passage cocher et trois regroupées à droite. Le premier étage, moins élevé, s'apparentait à un entresol. La construction de cet édifice, qui semble correspondre à celui qui est représenté sur le cadastre de 1826, pourrait dater du 17e siècle. Sa destination d'origine n'est cependant pas connue.
L'hôtel est reconstruit en 1923 (matrices cadastrales) pour Eugène Poitte, qui succède à Léon Lapie, entre 1906 et 1911 (recensements de population). L'hôtel de France est alors le plus important établissement de la ville. En 1911 Eugène Poitte y emploie un personnel qualifié : trois employés d'hôtel, deux pâtissiers, cuisinier, cocher et garçon d'écurie. Les cartes postales promotionnelles éditées après la reconstruction montrent les inscriptions présentes à l'origine, au rez-de-chaussée : "Garage - hôtel - café - Poitte - patisserie". L'entrée de l'hôtel se situait à gauche, celle du restaurant à droite. La pâtisserie (à droite) disposait d'un accès indépendant.
Des publicités de 1912 (guide du touriste à Ham) et des années 1920 (coll. part) indiquent qu'Eugène Poitte, provisoirement installé rue du Grenier-à-Sel, était un ancien cuisinier du prince de Monaco. Il exerçait également une activité de traiteur et proposait des services de banquets.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.