La plus ancienne digue datée remonte à 1163. Elle porte le nom de Chaussée Duhamel et dans la topographie actuelle, un chemin marque son empreinte : celui qui part du Muret pour aller à Routhiauville en passant par les fermes de la Grande Retz et de la Petite Retz. Une seconde digue aurait été établie sur les terres de l´exploitation en 1511.
D'après la monographie de Alfred Dufételle (écrite en 1907), on apprend que la Grande Retz fait partie, avec la petite Retz et la ferme de la Bonne Dame, du fief de la Retz. L´auteur précise que ces trois fermes existaient avant la charte communale du Marquenterre en 1199. Il site Roger de la Retz en 1224 comme mayeur de Marquenterre et Adrien de la Retz en 1419. Dans son étude, l'auteur trouve mention de seigneurs de la Retz entre la fin du 14e siècle et le début du 18e siècle, à travers les sources anciennes, notamment les contrats procédant d'alliances, d'héritages et de ventes. L'auteur précise que "la terre n'a pas toujours appartenu à la même famille, car, en 1570, suivant Alcius Ledieu, la terre fut vendue à Charles de Lamiré, sieur de Caumont, par Nicolas Hermel, receveur des tailles en Ponthieu".
Le Chartrier de Beauvoir-Rivière apporte des détails intéressants concernant le bâti au 16e siècle : "Jean de Draucourt, écuyer, sieur de la Retz en 1530, fils de feu Raoul et de Claude Licques, épousa (la date est perdue) Jehanne de Froissies. Il apporte en mariage "une belle terre et seigneurie nommée la terre de Retz (...) tenue du roi de France à cause de sa comté de Ponthieu et bailliaige de Rue, en toutte justice haulte, moyenne et basse ; laquelle est édifiée et bastie d'ung beau corps de logis de bricques, close de murs, avecq aultres édiffices comme coullombier, granges, berqueries et aultres mareschaucées ; à laquelle appendent plusieurs terres labourables, prez et pastiches, en nombre de XIIe journeulx et plus, avecq ung molin à vent et plusieurs rentes particulières quy se prendent sur plusieurs terres et héritages gissans ès paroisses de Quem, Froize, Tourmont, Broutel, Huère, Becquerel et La Ronville, ensemble ès faulxbourgs de la ville de Rue, signament en le grand rue d'icelle ; le tout tenu en ung seul fief". L´enclos de la molière de la Retz avait été édifié vers 1550.
Le moulin de la Retz est à nouveau l'objet d'un bail en 1637. Puis en 1647 à l'occasion d'un mariage entre François de Lamiré et Marguerite de Flahault, "la Retz consistait alors en une maison seigneuriale, avec 2 journaux de terre ou environ tenant au chemin de Quend à Monchaux et à celui du Muret à Rainqueville ; plus de 200 journaux, savoir 18 à labour, 8 de prés, 60 de pâture, 16 de prés, 98 en mollières".
"En 1709, au-delà de la digue élevée en 1597, il y avait [...] 1561 mesures de molières, servant de pâturages aux bestiaux de la communauté. Le 2 juillet de la dite année, les maire et échevins demandèrent comme par le passé, qu´il leur fut permit de renclore 413 mesures, pour être mises en culture et adjugées à charge de cens, afin de payer les dettes de la communauté" (Dufételle). Le propriétaire de la Retz s´y opposa, protestant qu´il ne resterait pas suffisamment de pâtures pour le bétail de la communauté. "Il avait, en effet, dans les terrains à renclore, un nombre considérable de moutons et de vaches, et l'endroit où paissent ses troupeaux était même désigné, sur un ancien plan, sous le nom de "Mollière de la Retz". Il en faisait commerce et s'enrichissait au détriment de la communauté, qui devait avoir seule droit de pâturage, puisqu'elle en payait une redevance annuelle, à laquelle il ne contribuait pas. D'autre part, il avait d'autant moins sujet de s'opposer à la renclôture, que ses prédécesseurs, ayant fait construire trois fermes à peu de distance des dites communes : la Grande-Retz, la Petite-Retz et la Bonne-Dame, les maire et échevins, pour les rendre exploitables, leur avaient aliéné 204 mesures de terre" par un aveu du 30 mars 1687 par Claude de Lamiré.
En 1793, la ferme appartenait à Mademoiselle le Gaucher. Antoine Lefèvre de la Houplière (maire de Quend en 1800-1801) était propriétaire de la Grande Retz en 1796. D'après Dufételle, la course de la Retz se jetait autrefois dans la Maye : depuis 1768, elle passe dessous. Cette déviation a permis le dessèchement de la commune. Sur une carte de 1717 (AN. N III Somme 71, "Cartes du pays du Marquentaire entre l´Authye et la Maye"), la ferme apparaît, accompagnée de bois et d'un moulin. Elle figure encore sur la carte de Cassini (1758), sous la forme d'une maison (d'après la légende). Rodière indique (en 1907) que "du manoir fortifié, il reste la muraille très épaisse de la grande grange". Aujourd'hui, il ne reste rien de cette ancienne exploitation, ne serait-ce le logis qui pourrait dater du 17e ou du 18e siècle. Les bâtiments agricoles ont tous été reconstruits au début du 20e siècle (1901 pour les étables et grange au nord de la cour, 1908 pour la seconde grange à l'est) afin de moderniser l´exploitation.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.