• inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Ferme de la Grande-Retz
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Rue
  • Commune Quend
  • Lieu-dit la Grande-Retz
  • Cadastre 1828 C1 391-397  ; 1991 AN 14-24, 67-76, 103-104, 107-109, 103, 117, 115, ZS 19-25
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable, étable à chevaux, cour, colombier, porcherie, charretterie

La plus ancienne digue datée remonte à 1163. Elle porte le nom de Chaussée Duhamel et dans la topographie actuelle, un chemin marque son empreinte : celui qui part du Muret pour aller à Routhiauville en passant par les fermes de la Grande Retz et de la Petite Retz. Une seconde digue aurait été établie sur les terres de l´exploitation en 1511.

D'après la monographie de Alfred Dufételle (écrite en 1907), on apprend que la Grande Retz fait partie, avec la petite Retz et la ferme de la Bonne Dame, du fief de la Retz. L´auteur précise que ces trois fermes existaient avant la charte communale du Marquenterre en 1199. Il site Roger de la Retz en 1224 comme mayeur de Marquenterre et Adrien de la Retz en 1419. Dans son étude, l'auteur trouve mention de seigneurs de la Retz entre la fin du 14e siècle et le début du 18e siècle, à travers les sources anciennes, notamment les contrats procédant d'alliances, d'héritages et de ventes. L'auteur précise que "la terre n'a pas toujours appartenu à la même famille, car, en 1570, suivant Alcius Ledieu, la terre fut vendue à Charles de Lamiré, sieur de Caumont, par Nicolas Hermel, receveur des tailles en Ponthieu".

Le Chartrier de Beauvoir-Rivière apporte des détails intéressants concernant le bâti au 16e siècle : "Jean de Draucourt, écuyer, sieur de la Retz en 1530, fils de feu Raoul et de Claude Licques, épousa (la date est perdue) Jehanne de Froissies. Il apporte en mariage "une belle terre et seigneurie nommée la terre de Retz (...) tenue du roi de France à cause de sa comté de Ponthieu et bailliaige de Rue, en toutte justice haulte, moyenne et basse ; laquelle est édifiée et bastie d'ung beau corps de logis de bricques, close de murs, avecq aultres édiffices comme coullombier, granges, berqueries et aultres mareschaucées ; à laquelle appendent plusieurs terres labourables, prez et pastiches, en nombre de XIIe journeulx et plus, avecq ung molin à vent et plusieurs rentes particulières quy se prendent sur plusieurs terres et héritages gissans ès paroisses de Quem, Froize, Tourmont, Broutel, Huère, Becquerel et La Ronville, ensemble ès faulxbourgs de la ville de Rue, signament en le grand rue d'icelle ; le tout tenu en ung seul fief". L´enclos de la molière de la Retz avait été édifié vers 1550.

Le moulin de la Retz est à nouveau l'objet d'un bail en 1637. Puis en 1647 à l'occasion d'un mariage entre François de Lamiré et Marguerite de Flahault, "la Retz consistait alors en une maison seigneuriale, avec 2 journaux de terre ou environ tenant au chemin de Quend à Monchaux et à celui du Muret à Rainqueville ; plus de 200 journaux, savoir 18 à labour, 8 de prés, 60 de pâture, 16 de prés, 98 en mollières".

"En 1709, au-delà de la digue élevée en 1597, il y avait [...] 1561 mesures de molières, servant de pâturages aux bestiaux de la communauté. Le 2 juillet de la dite année, les maire et échevins demandèrent comme par le passé, qu´il leur fut permit de renclore 413 mesures, pour être mises en culture et adjugées à charge de cens, afin de payer les dettes de la communauté" (Dufételle). Le propriétaire de la Retz s´y opposa, protestant qu´il ne resterait pas suffisamment de pâtures pour le bétail de la communauté. "Il avait, en effet, dans les terrains à renclore, un nombre considérable de moutons et de vaches, et l'endroit où paissent ses troupeaux était même désigné, sur un ancien plan, sous le nom de "Mollière de la Retz". Il en faisait commerce et s'enrichissait au détriment de la communauté, qui devait avoir seule droit de pâturage, puisqu'elle en payait une redevance annuelle, à laquelle il ne contribuait pas. D'autre part, il avait d'autant moins sujet de s'opposer à la renclôture, que ses prédécesseurs, ayant fait construire trois fermes à peu de distance des dites communes : la Grande-Retz, la Petite-Retz et la Bonne-Dame, les maire et échevins, pour les rendre exploitables, leur avaient aliéné 204 mesures de terre" par un aveu du 30 mars 1687 par Claude de Lamiré.

En 1793, la ferme appartenait à Mademoiselle le Gaucher. Antoine Lefèvre de la Houplière (maire de Quend en 1800-1801) était propriétaire de la Grande Retz en 1796. D'après Dufételle, la course de la Retz se jetait autrefois dans la Maye : depuis 1768, elle passe dessous. Cette déviation a permis le dessèchement de la commune. Sur une carte de 1717 (AN. N III Somme 71, "Cartes du pays du Marquentaire entre l´Authye et la Maye"), la ferme apparaît, accompagnée de bois et d'un moulin. Elle figure encore sur la carte de Cassini (1758), sous la forme d'une maison (d'après la légende). Rodière indique (en 1907) que "du manoir fortifié, il reste la muraille très épaisse de la grande grange". Aujourd'hui, il ne reste rien de cette ancienne exploitation, ne serait-ce le logis qui pourrait dater du 17e ou du 18e siècle. Les bâtiments agricoles ont tous été reconstruits au début du 20e siècle (1901 pour les étables et grange au nord de la cour, 1908 pour la seconde grange à l'est) afin de moderniser l´exploitation.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle, 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1901, porte la date
    • 1908, porte la date

Totalement isolée au coeur des molières, cette exploitation agricole toujours en activité se présente principalement sous la forme de bâtiments en brique organisés autour d'une cour. La propriété est protégée des vents littoraux par une ceinture d´arbres.

L'entrée, signalée par trois gros piliers circulaires en brique et recouverts d'un chaperon (une entrée piétonnière et une charretière), à laquelle on parvient par une allée bordée d´arbres, est située à l'est, disposée entre deux granges dont celle au nord est datée de 1908 par fers d´ancrage. Dotée de pignons découverts, elle est couverte d´un toit à longs pans en tuiles. Son pendant est pourvu d´un toit à longs pans en tôles.

Dans le prolongement de ce dernier bâtiment au sud, se situe le logis, dont la maçonnerie a été entièrement recouverte d´un ciment moderne, mais dont l´intérieur a conservé ses dispositions, ses dimensions et ses matériaux d´origine. Un extension, perpendiculaire au corps principal vers l´est, est couverte d´un toit à longs pans et demi-croupe en ardoise.

Les étables situées au sud de la cour, accolées perpendiculairement à l´habitation, ont reçu le même traitement extérieur que le logis : maçonnerie probablement en brique recouverte d´un enduit au ciment. Le bâtiment comporte, sous les combles, un fenil ajouré de lucarnes à deux pans. Le côté occidental de la propriété est occupé par un hangar, flanqué au nord d´étable en brique, pourvues d´ouvertures semi-circulaires, dont les pignons découverts sont dotés d´une couverture en tuile. Deux piliers (identiques à ceux de l´entrée orientale) invitent à rejoindre la prairie adjacente à l´ouest.

Au nord de la cour, se déploie un long bâtiment dont la date, 1901, est indiquée par trois fois : par fers d´ancrage sur le mur gouttereau sud, par chronogramme sur la toiture en tuiles et portée par briques saillantes sur le pignon oriental. La partie occidentale est occupée par la grange, l´autre partie par les étables.

Un colombier, composé de deux niveaux à section carrée pour la partie inférieure (avec appentis au nord) et hexagonale pour la partie supérieure, se dresse au sud de ce dernier édifice. Il est doté d´un toit hexagonal en ardoise.

A l'extérieur de cet ensemble principal, au sud-est de la propriété, sont disposés deux bâtiments annexes : le premier, une charreterie, est composé de deux pignons découverts en brique avec murs gouttereaux ajourés et structure en pans de bois sur trois travées et deux travées pleines en brique percées de fenêtres semi-circulaires. Le second, également une charreterie semble-t-il, est composé d´une structure à pans de bois avec essentage de planches sur solin en brique.

Au sud de ces deux bâtiments prend place un troisième édifice, tenant lieu de garage : il s'agit d'une construction en brique dont la toiture est recouverte de tuiles. Le pan postérieur est brisé afin de créer une extension au sud. Un mur de clôture relie le pignon oriental de ce bâtiment aux deux édifices décrits ci-dessus.

Au sud-est de la propriété, un bâtiment en brique à section carrée et toit en pavillon en tuile, long de deux travées, tient encore lieu de charreterie.

  • Murs
    • brique
    • essentage de tôle
    • essentage de planches
    • pan de bois
  • Toits
    tuile, ardoise, tôle ondulée
  • Étages
    en rez-de-chaussée, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à deux pans
    • toit polygonal
    • toit à longs pans brisés
    • toit en pavillon
    • pignon découvert
    • croupe
    • noue
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • DUFETELLE, A. Monographie de Quend. Le Marquenterre. Paris : Le Livre d´Histoire, 2003. Réimpression de l'édition originale publiée à Abbeville, 1907.

    p. 19

Documents figurés

  • Plan du Marquenterre, de la Baie de Somme à la Baie d´Authie, 18e siècle, encre et lavis sur papier, 18e siècle (AD Somme : RL 343).

  • Carte topographique du pays de Marquenterre située dans le comté de Ponthieu, levée en 1737, encre et lavis sur papier, 1737 (A.N. : N III Somme 10).

  • Cadastre napoléonien de la commune de Quend, encre et lavis sur papier, 1828 (AC. Quend).

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004