« Maioch » apparaît dans les sources dès le 12e siècle (bulle du pape Alexandre III le juillet 1172).
Sur la carte de Cassini, vers 1756, deux routes prenaient alors naissance au Crotoy et contournaient le hameau de part et d´autre vers Rue (l´une d´elle, à l´ouest, passait par Saint-Firmin). Mayoc, d'après Fossier, serait un "dérivé probable de la celtique Maye", rivière qui traverse le territoire. Demangeon indique que « la Maye, en quittant la vallée où elle prend sa source, formait un lac duquel se détachait trois branches : la principale passait sous les murs de Rue et s´appelait Mayor (la Maye) ; elle se jetait ensuite dans la mer et s´appuyait sur le banc élevé du Crotoy (barre-mer) lequel, à son origine, formait à son abri un havre ou hoc (les celtes ont nommé hoc ou hogue un port, où les navires étaient à l´abri des coups de vents) qui prit le nom de Maye hoc : c'est-à-dire port de la Maye ».
La charte de commune a été donnée en 1209 par Guillaume, comte de Ponthieu, à la ville de Mayoc. Cet acte d´affranchissement indiquait : « les mayeurs, échevins et communautés du Crotoy furent fondés créés et ordonnés en la ville de Mayoc, comme chief principal d´icelle commune et de plus grand prééminence alors que la ville du Crotoy ».
Jusqu´au 18e siècle, la seigneurie appartenait pour partie à un seigneur laïc et pour autre partie, à l´abbaye de Saint-Riquier qu'elle tenait du roi, comte de Ponthieu (A. D. 80 : XXV H 33).
La réalité historique de ce hameau est bien attestée mais elle apparaît fort complexe puisque l´emplacement de la localité fait l´objet de confusions perpétuelles avec celui du Crotoy. Quelques millénaires avant notre ère, les premiers bancs de galets, libérés par les falaises vives et transportés par les courants, apparurent au nord de la baie de Somme. Ces cordons de galets, appelés foraines, formaient des îlots au-dessus des bas-champs. Ils constituèrent les premiers points d´ancrage du processus de sédimentation et c´est donc sur eux que prirent appui les premiers établissements humains. Demangeon indique qu´après la rupture du banc, les habitants, chassés par les eaux, réédifièrent leur maison, à l´ouest du territoire, vers le lieu de Mayoc. Après le déplacement du site, le lieu où vinrent se reconstruire des habitations conserva le nom de Mayoc ; l´autre partie qui formait une butte isolée ou un « crot » fut nommée Crotoy. Ce dernier nom semble n´avoir pris le dessus qu´à l´époque où il fut fortifié et augmenté d´un château important (sous le règne de Charlemagne) ; le nom de Mayoc aurait prévalu jusque là. Lefils indique que, après la confirmation de la charte en 1369 par Charles V au nom de Crotoy, il semble y avoir eu transfert de population de Mayoc au Crotoy où se trouvait le château et sa sécurité ainsi que les richesses venues de la mer.
Ravin indique la présence dès l´époque romaine d´une occupation humaine sur ce lieu stratégique situé à l´embouchure de la rivière de la Maye. Aucune fouille archéologique n´atteste pourtant ce fait. Il en est de même pour le monastère dont parle l´auteur. L´établissement religieux aurait, selon lui, était implanté à la place de « la dernière exploitation du hameau », probablement au nord mais nous ignorons son emplacement exact (l´auteur aurait consulté des titres de propriété désignant avec exactitude cet endroit). Un charnier y aurait été découvert, ainsi que quelques substructions.
D´après Lefils, « les abbés de Mayoc trouvaient, dans les alluvions qui se formaient devant leur monastère, le long du cours de la Mayette, le moyen de s´enrichir en arrachant ces terres neuves à la mer ». D´autres digues ont probablement été établies par les moines au Moyen Age. Ils défrichaient ces terrains afin de les mettre en culture, transformant ainsi les marais en terres cultivables.
Des aménagements se faisaient encore à Mayoc au 14e siècle, ce qui prouve encore l´intérêt que les seigneurs lui portaient à cette époque (construction de fossés par le maïeur de Rue en 1340 afin de s´opposer aux ennemis de l´Etat, Dom Grenier, 149/270). D´après le cadastre napoléonien de 1828 (section A2), le bâti, relativement lâche, était distribué de part et d´autre de la voie de communication, qui relie toujours Saint-Firmin au Crotoy en passant par Mayoc. « Mayocq » était alors composé de deux fermes isolées sur la route (rue Mayocq), à l´ouest de celle-ci. Sur la section D2, à l´est, deux autres fermes composaient le hameau. Ce dernier était donc totalement voué à l´agriculture, puisqu´il n´était composé que d´exploitations agricoles.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.