Dossier d’œuvre architecture IA80007344 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Château et ferme de Boismont
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Saint-Valery-sur-Somme
  • Commune Boismont
  • Adresse 30 rue Louis-de-Rainvillers
  • Cadastre 1982 B2 154 à 156, 159 à 161, 290, 291, 325, 346, 362, 363
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin, ferme, étable à chevaux, écurie, colombier, grange, abreuvoir

Le POS indique que le bois du château est un ancien camp romain.

D´après Rodière, la seigneurie de Boismont est acquise en 1693 par Philippe Gardin, écuyer seigneur de Bernapré, Longpré et Cantepie, cornette au régiment Royal-Cravattes, puis lieutenant au régiment de Desprez cavalerie en 1697. Philippe Gardin fait construire le corps principal du château en 1737, comme l'indiquait la présence de quatre pierres de l'attique de la façade portant la date de 1737 (un écu ovale accolé sous couronne de comte avec deux lions se regardant comme support).

La bâtisse consistait à l´origine en un corps de logis rectangulaire, connu par un dessin de Gillard (1860). Philippe Gardin ne fit probablement que remanier le château qui aurait été l'oeuvre de Daniel de Boubers ; d'après Seydoux, la façade est proche de celle des châteaux de Huppy et Frucourt du 17e siècle.

A l'est du château se trouvait le jardin d'agrément, constitué au 17e siècle, jouxté au potager situé au nord. Le bois était un parc aménagé.

La propriétaire actuelle possède le plan terrier du château, indiquant la forme du parc ainsi que la présence de chemins d'accès entourant la ferme.

C´est par Anne Barbe du Gardin, sa fille, que Boismont passe à Pierre Wulfran Briet, écuyer, seigneur de Rainvillers, le 2 janvier 1725.

Vers 1760, Marie-Charlotte Pappin de Caumesnil, fait ajouter un avant-corps central à la façade sur parc avant de faire aménager le salon dont le décor (avec d'exceptionnels papiers peints de style Louis XVI attribués à Révillon) rappelle celui du château de Bagatelle (panneaux de murs, encadrements et plafonds). Vers 1875, Louis de Rainvillers entreprend d'importants travaux : réfection du pignon nord, construction du bâtiment de la cuisine au nord et réaménagement du rez-de-chaussée. Le salon, situé dans l'axe du soleil, bénéficiait ainsi d'une forte exposition à la lumière.

D'après les anciennes cartes postales, la maçonnerie du château alliait la brique à la pierre de taille aux chaînes d'angle harpées. Le corps principal, long de sept travées, possédait en son centre, sur la façade postérieure, un élément en saillie de trois travées de long. Le toit à longs pans brisés et croupe recevait un comble à surcroît éclairé de plusieurs lucarnes. Le corps central était flanqué au sud d'un long bâtiment bas dans lequel était située la chapelle (aménagée au sud par le fils de Louis de Rainvillers, Bernard, en 1908) et au nord, d'un petit pavillon de trois travées de long, de même style que le corps central. D'après la propriétaire, la tour contenant la cage d'escalier en façade aurait été ajoutée en 1908.

Au début du 20e siècle (entre 1909 et 1912), d'après lecture de la matrice cadastrale, le bûcher est transformé en maison pour le concierge et le jardinier.

La grille d'entrée se trouvait à l'origine face au château à 50 mètres de la façade. Elle est aujourd'hui située à l'entrée du chemin qui mène aux communs. A proximité de ceux-ci, il existe encore un colombier du 18e siècle de plan carré et à la toiture en pavillon.

Le mur du parc est démoli par un obus lors de la première guerre mondiale, très près de la maison. En avril 1948, le château est partiellement détruit par un incendie, qui touche la chapelle et que le décor Louis XVI. Il ne reste aujourd'hui qu´une partie de l´édifice du 18e siècle, complété au milieu du 20e siècle. D'après le plan terrier du 19e siècle, la ferme située à l´est de la propriété et qui dépend du château, était plus étendue qu'aujourd'hui et formait un rectangle à cour fermée. D´après le cadastre napoléonien, une mare et un pigeonnier en occupaient l'espace central. Le logis semble avoir été construit entre 1860 et 1880. Certains bâtiments ont été détruits à l'ouest. Les écuries, agrandies vers 1875, le bâtiment sur rue (18e siècle) ainsi que le colombier (également 18e siècle) ont échappé à l'incendie de 1948.

L'exploitation possédait six chevaux de trait, 25 vaches et veaux (répartis sur deux étables pouvant contenir 12 bêtes). En mai 1940, Louis de Rainvillers proposa d´abriter les haras de Compiègne dans la ferme du château. Les étalons de la station d´Abbeville s´installèrent à Boismont.

Dans la cour, est conservée une grande auge de pierre portant un écu écartelé (ou à la croix cantonnée) : de chaque côté de la croix, les lettres PAM forment monogramme. Ce sont les armes des Anquier ou Anguier, famille de Saint-Valery.

La falaise est située directement derrière la ferme. D'ailleurs, le bois la jouxtant est découpé en plusieurs pentes. Les pâtures descendent vers les bas-champs. Le château, situé à la sortie du village, est orienté est-ouest.

Construit sur le point le plus haut de la commune, la propriété de l´ancien château occupe un tiers du territoire du village. Le mur d'enceinte en composé de chaînes et jambes en brique et pierre de taille avec remplissage en blocage de silex hourdés au mortier de terre, avec solin en brique et faîtage en tuile, une rangée de brique permettant de consolider la ligne de faîtage. Plus loin, le solin apparaît en légère saillie ; le mur est alors plus bas que celui en pierre de taille. La couverture à deux pans du mur de clôture est alors composée de briques disposées en biais.

Le logis principal est construit en brique. Il se compose d´un corps principal de trois travées de long avec étage carré et d´une aile latérale en rez-de-chaussée surmonté d´un étage en surcroît. La façade principale possède une saillie rectangulaire. Le toit à longs pans et demi-croupe est en ardoise.

Le logis de la ferme possède un fronton à la flamande. La façade ouverte permettait de faire sortir les voitures à atteler situées dans les écuries derrière le logis. La tour sud était réservée à la sellerie.

Réunies sous le même toit, les différentes fonctions du bâtiment agricole sont ainsi distribuées du nord au sud : les étables, un cellier pour le cidre et les fruits à l'étage, les écuries, les garages et le logis situé dans les tours. Le grenier ajouré d'ouvertures en damier est réservé au stockage du foin. Une partie grillagée accueillait les grains. Un entonnoir déversait les récoltes directement dans les boxes où sont installés les chevaux de salle (les chevaux de trait sont situés plus au nord dans une grande pièce divisée en bas-flancs en bois suspendus au plafond). La première lucarne possède une poulie qui permet la montée des sacs de grains qui donne directement dans la réserve à grains grillagée. Les poutres du grenier, d'une seule pièce, sont en châtaignier, le sol est en torchis. Aucun pilastre n'en soutient l'ossature. Les chambres et le grenier sont séparés par un mur composé de briques de liège comprises dans une ossature en bois. Le cellier bénéficie d'une pente pour amener les tonneaux de cidre en demi sous-sol. Le plafond de cette construction est en torchis. Au nord de cet alignement se trouvent les garages ainsi que les étables à cochons.

Les dépendances en brique longeant la rue Louis de Rainvillers étaient destinées aux domestiques du château. Elles sont pourvues d´un toit à longs pans en ardoise, percé par endroit de lucarnes à deux pans ajourant l´étage en surcroît.

  • Murs
    • brique
    • torchis
    • pierre de taille
    • pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage en surcroît, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à deux pans
    • demi-croupe
    • croupe
    • pignon couvert
  • Techniques
    • papier peint
    • sculpture
  • Représentations
    • arme
    • dragon
  • Précision représentations

    Deux blocs de grés armoriés ont été réutilisés dans une maçonnerie neuve : l´un qui est un linteau, porte deux écussons : un dragon ou amphiptère. Ce sont les armes des Gaude, des Groiseliers et des Beuzin.

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Cette exploitation dispose d'une forme architecturale intéressante pour un bâtiment remplissant une fonction agricole. Le soin apporté au décor et à la construction pourrait s'expliquer par l'étendue de la propriété dont il dépend, car aucun édifice de ce type n'a été rencontré sur le terrain étudié.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série P ; 3 P 110/9. Matrice cadastrale de la commune de Boismont, [1911].

Bibliographie

  • RODIERE, Roger. DES FORTS, Philippe. La Picardie historique et monumentale, le pays du Vimeu. Collection Société des Antiquaires de Picardie, Paris, Libraire Auguste Picard, 1938.

    p. 57-64
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières en Picardie. Ponthieu et Vimeu. Paris : Editions de la Morande, 2003.

    p. 212.

Documents figurés

  • Plan terrier de la commune de Boismont, encre sur papier, vers 1880 (collection particulière).

  • Plan terrier de la commune de Boismont, encre sur papier, vers 1880 (collection particulière).

  • Château de Boismont, encre de Chine sur papier, d'après Louis Gillard (historien), 1867 (Société des Antiquaires de Picardie : L. Gillard et C-H. Dehalaye : Dessins originaux concernant la Picardie 1864-1865, Vol. 3).

  • Boismont (Somme) - Le Château (façade sud), carte postale en noir et blanc, Be Voisevenel à Boismont, 1er quart 20e siècles.

  • Boismont (Somme) - Le Château, carte postale en noir et blanc, Benot éditeur, 1er quart 20e siècles.

  • Photographie en noir et blanc, d'après Broutel, début 20e siècle.

  • Photographie en noir et blanc, d'après Broutel, début 20e siècle.

Annexes

  • Le décor du château
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI