Le plan extrait du fond Saint-Blimond (Archives Départementales, cote 27J_CP_324), intitulé "Plan de la pièce des Bruieres", établi le "deuxième jour de septembre 1688", mentionne la ferme dans un acte de transaction qui définit l'emplacement de bornes, c'est-à-dire les limites d´un domaine. Il semble, d'après ce texte, que la ferme soit située dans le territoire de Bretel, appartenant au sieur de Saint-Blimond. Cette propriété est donc enclavée par plusieurs côtés par les territoires de Neuville et de Bretel. Elle tient au territoire de Drancourt sur un seul côté.
Au 19e siècle, la ferme appartient à Oeuillot des Bruyères. François Oeuillot, ancien échevin de Saint-Valery, y habita ensuite et se maria avec une fille Dequevauvillers (le mariage est indiqué dans les registres paroissiaux d´Estréboeuf).
Le recensement de population indique qu´en 1851, les Bruyères comprenait une maison pour quatre individus. En 1926, le chiffre atteint dix habitants.
Les dépendances sont visibles sur le plan du village daté de 1889 (AD Somme ; 99 O 757). Avant la destruction de la quasi totalité des bâtiments agricoles, cette ferme possédait un plan à cour fermée. Une grille en contrôlait l'entrée. Avant de recevoir un remplissage en brique, l'étage d'attique du logis présentait un combinaison classique des maisons picardes en pans de bois et torchis. Le sol était couvert de brique. L'accès aux pièces se faisait par un couloir latéral situé au nord. Les différents éléments étaient ainsi disposés de l'ouest vers l'est : les chambres, la cuisine avec cheminée à l'ouest et salle, également pourvue d'une cheminée mais à l'est. Les cloisons étaient constituées de torchis et pans de bois. L'étage avait pour destination première le grenier permettant le stockage des produits de la culture. Il semble que le logis bénéficiait d'une cave, aujourd'hui comblée. De nombreuses ouvertures éclairaient les pièces ; elles ont été aujourd'hui en partie condamnées.
D'ouest en est, les différentes fonctions agricoles étaient ainsi distribuées : l'ensemble du côté ouest semblait avoir été entièrement consacré à l'abri des chevaux ; au nord s'étendaient les bergeries, et enfin à l'est, d'autres écuries ainsi que les étables à vaches, en torchis et pans de bois. Une mare occupait le coeur de la cour. Le four à pain était situé dans une dépendance isolée à l'ouest de la cour. D'après le propriétaire, cette ancienne ferme semble avoir également été un relais de poste. Il semble qu'il y ait eu dans la maison des boiseries du 17e siècle d'après un habitant. Mais il ne reste aucune trace de ce décor aujourd'hui.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.