Cette demeure, appelée autrefois "château de Cuhem" semble dater de la fin XVIIIe siècle. Monsieur Rémond, maire de Cuhem dans la première décennie du XIXe siècle, en était déjà le propriétaire pendant au moment la Révolution (Archives diocésaines, registre historique de paroisse de Fléchin).

D’après un plan daté de 1829 (ill.), le château se compose du logis au centre de la propriété, de deux dépendances au nord et d’un long jardin au sud. Il est alors la propriété de Benoît-Joseph Gottiniaux, notaire royal depuis 1825.

L’année suivante en 1830, le logis semble avoir été augmenté d’une aile à l’ouest (plan cadastral, 1830). Il est possible que cette nouvelle aile ouest ait été construite pour abriter l'étude.

En 1840 Benoît-Joseph Gottiniaux fait construire à l’est de sa propriété, le long de l’actuelle rue de la Chapelle, un four à pannes. Celui-ci est composé d’un tunnel à four et d’une cheminée de onze mètres de hauteur (AD Pas-de-Calais. Série M). Ce four sera détruit quelques années plus tard en 1853.

L’étude devient ensuite la propriété de François-Joseph Jonnart, notaire de 1846 à 1881 et maire de Fléchin de 1870 à 1895. Il est le père du célèbre Charles-Célestin Jonnart (1857-1927), homme politique français qui naît dans cette maison*.

Les cartes postales anciennes montrent l’état de la demeure à la fin du XIXe siècle : une maison de sept travées, couverte d'ardoise, s'élevant sur un rez-de-chaussée et un demi-étage. Les trois travées centrales sont surmontées d’un fronton triangulaire au centre duquel est percé un oculus.

Le fronton triangulaire ainsi que les volets en bois ont aujourd’hui disparu. L’étage ne compte plus que cinq fenêtres sur les sept originellement. 

Dans les années 1950, le notaire Antoine Limousin (1913-?) apporte des transformations à la propriété : l’aile ouest abritant l’étude est entièrement reconstruite et la dépendance, également située à l’ouest, détruite. L’étude notariale y est installée jusqu’à la fin du XXe siècle. La propriété devient ensuite une maison d’habitation. Les volets en bois ont été enlevés.

*. Gouverneur de l'Algérie (1900-1911), il fonde l'université d'Alger (1909). Ministre des Affaires étrangères (1913), puis haut-commissaire des Alliés en Grèce (1917), il force Constantin Ier à abdiquer. Ambassadeur extraordinaire au Vatican (1921-1923), il renoue les relations rompues en 1905 avec le Saint-Siège. (Académie française, 1923.)